Astérix : on a classé les films, du pire au meilleur (oui, Mission Cléopâtre)

Avec l'arrivée d'Astérix et Obélix : L'Empire du Milieu, il est temps de classer les films en prises de vues réelles adaptés de la BD gauloise.

Si les BD d'Astérix ont connu de belles (voire magistrales) adaptations en films d'animation, la transposition en live-action n'a pas toujours profité à notre cher ami le Gaulois. Pourtant, il y a bien évidemment un boulevard pour faire de la création d'Uderzo et Goscinny un sommet de cinéma d'aventure familial et comique.

A force, la saga initiée par Claude Zidi s'est imposée en rouleau-compresseur du box-office, malgré la qualité très fluctuante (pour rester poli) des films. Néanmoins, Astérix est toujours là, pour le meilleur et pour le pire. Après Christian Clavier, Clovis Cornillac et Edouard Baer, c'est au tour de Guillaume Canet d'arborer la moustache du héros dans L'Empire du Milieu, qu'il réalise également. L'occasion de classer les différents films (juste en prises de vues réelles), même si le suspense n'est pas des plus insoutenables.

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5. Astérix et Obélix : L'Empire du Milieu

Sortie : 2023 - Durée : 1h51

Les visages d'un stress post-traumatique

De quoi ça parle ? Astérix ne veut plus manger de sanglier ou prendre de potion magique, mais ses élans healthy vont être tués dans l’œuf par l’arrivée d’une princesse chinoise qu’il faut sauver.

Pourquoi c’est juste le pire : Validé par l’éditeur Hachette après un concours de producteurs, le projet Astérix et Obélix : l'Empire du Milieu a dès le départ souffert d’une production beaucoup trop contrôlée et calibrée. Et comme Pathé n’a pas eu de meilleure idée que de mettre Guillaume Canet à la barre de ce Titanix fonçant sur l’iceberg, le film s’est vite annoncé comme une catastrophe industrielle.

Résultat, en plus d’avoir à sauver le cinéma français (rires), cet infâme kouglof à 65 millions d’euros est un gâchis d’argent sans nom. Plombé par sa nature de film trombinoscope incapable d’exploiter la personnalité de ses comédiens, L’Empire du Milieu n’est jamais drôle, voire même carrément cringe. Son absence de tempo comique est à l’image de sa mise en scène : d’une platitude criminelle, surtout pour une adaptation de bande-dessinée.

Les sauveurs du cinoche français...

Les séquences d’arts martiaux ne cherchent jamais à parodier ou pasticher les modèles du genre, et reflètent l’incompétence globale larvée derrière cette entreprise. A vouloir ressusciter un esprit Canal+ mort et enterré, Guillaume Canet n’a fait que confirmer à quel point sa vision d’Astérix (ou plutôt celle imposée par Pathé) n’a rien compris, et semble avoir vingt ans de retard.

Le caméo qui dit tout du film : Celui de McFly et Carlito bien évidemment ! Ce sommet d’opportunisme résume parfaitement les décisionnaires boomers et à côté de la plaque de Pathé, et l’idée qu’ils se font d’un public jeune qu’ils voudraient rameuter en salles. Le problème, c’est qu’en donnant à peine trois répliques (même pas drôles) aux deux influenceurs, l’effet promo est un peu grillé...

Notre critique d'Astérix et Obélix : L'Empire du Milieu

4. Astérix aux Jeux olympiques

Sortie : 2008 - Durée :  1h57

A regarder avec beaucoup de potion magique, voire hallucinogène

De quoi ça parle ? De Jeux Olympiques à peine moins scandaleux que la coupe du monde du Qatar. Asterix, Obelix, Alafolix, Brutus et leurs interprètes auront pour mission d'y survivre et de tenter de sauver comme ils peuvent les apparences et leur réputation.

Pourquoi c'est une catastrophe fascinante : Il y a des films si ratés qu'ils donnent instantanément envie de comprendre ce qui a déraillé en coulisses. Et dans le cas d'Astérix aux Jeux Olympiques, la réponse est simple : tout. Coproduction à l'ampleur astronomique (plus de 74 millions d'euros, soit à peine moins que Le Cinquième élément, hors inflation), tournage éclaboussé par des accusations judiciaires (prostitution en coulisses), le film est aussi difficile à regarder qu'à faire, si l'on en croit les remarques de certains membres du casting, les autres multipliant les caprices.

Raté Delon, en large et en travers

Plus qu'une suite de sketchs plus foirés les uns que les autres (même si Benoît Poelvoorde tente de sauver les meubles), c'est la démonstration idéale de la formule qui ne peut aboutir qu'à une catastrophe (artistique, pas économique). D'une part, une production onéreuse, histoire de revendiquer un statut de blockbuster un poil prétentieux. D'autre part, une ribambelle de vedettes habituées au plateau des Enfants de la télé, qui se partagent 10 minutes de temps d'écran au détriment d'Astérix lui-même. Et enfin, une narration plus que laborieuse qui essaie tant bien que mal de contenir tout ce bordel. C'est à se demander pourquoi ils continuent sur cette voie... Une idée, Vivelefrix ?

Et si le sujet vous intéresse, on ne peut que trop vous conseiller l'excellente vidéo de Mea.

Le caméo qui dit tout du film : On aurait pu citer l'introduction au forceps de Francis Lalanne, mais les quelques sportifs venus passer le bonjour ne s'en sortent pas beaucoup mieux. On pardonne volontiers aux scénaristes d'avoir affublé notre Zizou national d'une perruque, mais l'apparition de Tony Parker qui suit en dit long sur le niveau de comédie du film. Le basketteur se livre à une simple démonstration entrecoupée d'un remplissage de compétition de Jamel Debbouze ("Regarde là-bas, il y a Michael Jordanus !", sérieusement ?). C'est tout, il n'y a pas de vanne. Juste un caméo de luxe... parce qu'on a les moyens.

3. Astérix et Obélix contre César

Sortie : 1999 - Durée :  1h49

C'est encore le moment de fuir

De quoi ça parle ? Toute la Gaule est occupée par les romains. Toute ? Non ! Un village peuplé d'irréductibles Gaulois résiste à l'envahisseur. Décidé à en finir, César et son accent allemand (oui) vient en personne régler le problème avec ses généraux et leurs accents italiens (oui).

Pourquoi c'est plus nul que dans vos souvenirs : Le réalisateur des Sous-doués réalise un film Astérix avec le réalisateur de Catwoman et Vidocq comme superviseur des effets spéciaux, et la moitié du casting ne parle pas français à cause de règles de co-production internationale. Il vous faut vraiment un dessin ? Croyez bien que si Astérix & Obélix contre César arrive au milieu du classement, cela n'en fait pas un bon film pour autant, même pas une oeuvre potable. Il est pas frais ce poisson, d'aucuns diraient même qu'il pourrit par sa tête de noeud, car dans ce premier film de la série maudite, on y trouve déjà en germe les ingrédients qui feront de cette saga l'une des pires jamais produites par le cinéma français.

Surprenant jeu de rôle dans la sextape de Pamela Anderson et Tommy Lee

A l'avant garde du goulag stalinien du rire, Claude Zidi inflige au cinéma comique ce que Fabien Roussel inflige à la politique comique : quand y'a du Gaulois, tout va. Gigantesque daube de sanglier bien de chez nous, Astérix & Obélix contre César est un assemblage de gros morceaux marquants des bandes-dessinées cuites dans un je-m'en foutisme amateurisant. La bonhommie de l'oeuvre de Goscinny passe à l'équarrissoir d'une hystérie beauf qui se la joue populo-rustique, sacrifiée sur l'autel de la grosse marrade grasse par une ribambelle de têtes connues ringardes dont la tiédeur des prouts fétides ne réchaufferait même pas un pingouin sur la Lune. Visqueux comme son infâme baston de poisson au ralenti.

Le caméo qui dit tout du film : C'est pas passé loin d'Arielle Dombasle mais... vous vous souvenez de Falbala ? Voilà, maintenant elle a des gros seins et court dans chaque plan avec un décolleté si plongeant qu'on y a retrouvé le cadavre d'Enzo Mayorca noyé dans l'urine du sexisme qui a pissé sur son corps. Vous comprenez, les gros lolos, c'est rigololo quand ça rebondit sur ressort comique. La rumeur dit que Laetitia Casta incarne le rôle, mais comme on ne voit que des Casta-gnettes à cause de certains cadrages obstinénés, les scientifiques ne sont pas d'accord.

2. Astérix et Obélix : Au service de Sa Majesté

Sortie : 2012 - Durée : 1h50

Mariage à l'anglaise

De quoi ça parle ? C’est Astérix : Mission Cléopâtre mais avec la reine d’Angleterre à la place et le talent en moins. Quelque part au milieu, les Gaulois veulent donner de la potion aux Anglais pour les aider à résister encore et toujours à l’envahisseur.

Pourquoi ça a failli être génial et que c’est finalement très gênant : Pourquoi génial ? Parce que Guillaume Gallienne en Jolithorax, Catherine Deneuve en reine d’Angleterre, Valérie Lemercier en gouvernante rigide et Fabrice Luchini en César narcissique, c’était de véritables coups de génie sur le papier. Faire parler les personnages anglais avec un accent british ridicule, c’était la bonne idée pour rendre fidèlement le texte de Goscinny, chez qui les “Bretons” parlent avec des formules littéralement traduites de l’Anglais (“Il est, n’est-il pas ?”). Edouard Baer en Astérix, même si ça fait tout bizarre de le voir dans ces chausses après qu’il ait autant marqué les esprits dans le rôle d’Otis, c’était aussi plutôt malin, tant son ton gentiment désabusé semble convenir au personnage.

Les jeux olympires

Pourquoi gênant ? Parce qu’aucun de ces formidables acteurs n’a la direction (ou la liberté) qu’il lui faudrait pour offrir un quart de son talent, et que leur personnalité est tellement lissée que leur jeu en est insipide. Et avec un casting pareil, c’est quand même fort. Plutôt que de leur donner de la matière, le film préfère se reposer sur tout un enchevêtrement de blagues racistes, misogynes, homophobes et tout le barda. Les quelques blagues qui auraient pu être bonnes sont assénées avec la lourdeur d’un Patrick Sébastien bourré, quand elles ne transpirent pas l’envie de faire tout comme papa Chabat sans avoir hérité de son humour.

Le caméo qui dit tout du film : Jean Rochefort apparaît, l’espace d’un instant, pour incarner le haut dignitaire romain venu tirer les oreilles à César au sujet de ses dépenses personnelles. Un impressionnant duo de comédiens, des références au train de vie indécent de certains ministres, un énorme potentiel comique et... une scène qui fait flop, comme le reste du film. On regrette que Jean Rochefort n’ait pas été choisi pour jouer Panoramix, personnage cruellement absent du film.

Ceci est un fossé qualitatif

Nop, on creuse toujours

C'est bon, on arrive à la surface

1. Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre

Sortie : 2002 - Durée : 1h47

La dream team

De quoi ça parle ? Numérobis est mandaté par Cléopâtre pour construire un palais en trois mois (trois mwah ?). Face à l’impossibilité de la tâche, il demande l’aide d’Astérix et Obélix, qui partent avec lui en Egypte.

Pourquoi ça reste indépassable : Parce qu’Alain Chabat a su s’accaparer comme personne l’esprit d’Uderzo et Goscinny, leur sens de l’absurde, des jeux de mots et de l’anachronisme. On n'en espérait pas moins du membre des Nuls, tant cette énergie pop, foutraque et débridée s’était déjà parfaitement illustrée avec La Cité de la peur.

C’est même de cette façon que Chabat a confirmé à quel point sa mise en scène est directement inspirée des ruptures de ton rendues possibles entre les cases d’une BD. Son Astérix est ainsi un festival de trouvailles, de punchlines cultes (le monologue d’Otis) et d’idées situationnelles géniales (Obélix sur le Sphinx). Qu’il s’approprie des cadres amples à la David Lean ou qu’il parodie le cinéma d’arts martiaux (contrairement à Guillaume Canet...), le cinéaste réussit tout ce qu’il entreprend.

"C'est une bonne situation, ça, d'être le meilleur de la saga ?"

Pas étonnant qu'Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre se soit rapidement imposé comme un classique. Certes, certaines vannes ont un peu vieilli, mais le film reste surtout un pur produit de son époque, un condensé du fameux "esprit Canal+", où chaque comédien et humoriste a l’occasion d’exploiter son univers, et de l’implémenter dans cette recette idéale de potion magique.

Le caméo qui dit tout du film : Chabat invite bien sûr ses copains des Nuls, et Chantal Lauby parvient en quelques secondes à voler les quelques scènes où elle apparaît. Dans le rôle de l’espionne romaine Cartapus, il lui suffit de bouger les yeux tout en restant immobile pour faire rire. La blague est casse-gueule, mais elle est étirée suffisamment longtemps pour donner un bien beau moment d’absurde.