L'Emprise : entre L'Exorciste et Invisible Man, le faux film d'horreur féministe

Mathieu Jaborska | 16 août 2022
Mathieu Jaborska | 16 août 2022

La postérité de L'Exorciste a fait de l'ombre à L'Emprise, passionnant faux film d'horreur qui raconte un calvaire presque plus vicieux encore.

En 2020 sortait Invisible Man, nouvelle variation autour de l’homme invisible de H.G. Wells, où la mégalomanie de plus en plus glaçante dudit homme invisible se muait subtilement en harcèlement sexuel. Le scientifique transparent n’était ni un héros ni un anti-héros, mais une menace omniprésente, et son ex-copine, promue personnage principal, était contrainte de l’affronter, lui et l’impunité que son état impliquait. Une relecture brillante à notre humble avis, toutefois loin d’être la première à mettre en scène un agresseur insaisissable.

Certes moins abouti que le film de Leigh Whannell sur le plan technique, The Entity (L'Emprise en VF), partage beaucoup de ses idées, ainsi qu’une approche sinon féministe, désireuse de raconter grâce au paranormal une terreur sociale. Plus radical encore, inspiré d’une "histoire vraie", il abandonne jusqu’à son statut de film d’horreur pour aller au bout de sa démonstration.

 

L'Emprise : photo, Barbara HersheyEt une utilisation exemplaire du plan débullé

 

Tiré d’une histoire vraie

Comme L’Exorciste, L’Emprise repose sur une "véritable" histoire. Ou tout du moins sur un livre écrit par son scénariste, Frank De Felitta, lui-même inspiré par le cas de Doris Bither. À l'instar du film de Friedkin (et contrairement à d’autres productions plus cyniques, comme Amityville ou plus récemment la saga Conjuring), il prend l'affaire au premier degré pour en extraire toute sa symbolique. À savoir ce qu’elle raconte de la foi dans le cas de L’Exorciste, ce qu’elle dit de la considération des femmes et de la violence qu’elles endurent dans le cas de L’Emprise.

Selon le Skeptical Inquirer, un documentaire trouvable sur le DVD américain et les écrits de Barry Taff, Doris Bither avait clamé au milieu des années 1970 avoir été agressée physiquement et sexuellement par trois fantômes. Ses trois fils auraient déclaré avoir aperçu des apparitions semi-transparentes de forme humaine. Des propos relatés d’abord à l’une de ses amies, puis, par son intermédiaire (elle les avait entendus discuter), à deux parapsychologues de l’Université de Californie.

 

L'Emprise : photoUn décor génial, étrangement de biais lorsque cadré au ras de la route

 

Ceux-ci se sont entretenus avec la victime en 1974, puis ont enquêté dans sa propriété pour y déceler selon eux des manifestations paranormales sous la forme de boules de lumière, ou même de jets de poêles à travers la maison. Sans preuve, évidemment, si ce n’est des photos – comme souvent dans ce genre de cas – pas franchement convaincantes.

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commentaires
ZakmacK
17/08/2022 à 08:37

Pas vu, mais l’article donne envie de le découvrir. Merci !

Rorov94M
16/08/2022 à 20:52

Alors là, pour le coup, S J Fury nous a livré une oeuvre effrayante et bien plus cauchemardesque que L'EXORCISTE et autre AMYTIVILLE qui, pour l'époque, étaient les mètres étalons de la terreur filmique.
Bon sang, la scène de la chambre/salle de bain avec son mari et le plan final...