Marvel : Thor a-t-il été sauvé ou détruit par Taika Waititi ?

Arnold Petit | 17 juillet 2022 - MAJ : 17/07/2022 13:20
Arnold Petit | 17 juillet 2022 - MAJ : 17/07/2022 13:20

Dans l'histoire de Thor au sein du MCU, il y a un avant et un après-Taika Waititi, pour le meilleur et pour le pire.

Thor est le premier personnage à avoir quatre films qui lui sont consacrés au sein du MCU avec Thor : Love and Thunder, sorti en salles le 13 juillet. Cependant, le Dieu du Tonnerre présent dans Thor : Ragnarok et ce nouveau long-métrage ne ressemble plus du tout à celui de Thor, de Thor : Le Monde des ténèbres ou des premiers films Avengers.

 

 

Au cours de ses aventures, Thor a radicalement changé, passant de dieu sérieux et ennuyeux avec un marteau à dieu rigolo et sympa avec une hache, et il le doit bien évidemment à Chris Hemsworth et à Marvel Studios, qui ont choisi de donner un autre ton à la franchise, mais aussi à Taika Waititi. En s'emparant du personnage, le réalisateur néo-zélandais l'a sorti de son monde grave et obscur pour le jeter dans un arc-en-ciel spatiofantaisiste en imposant un style, une énergie qui a rendu le héros asgardien aussi cool que populaire. Un style qu'il a repris et poussé encore plus loin dans Thor : Love and Thunder, jusqu'à l'excès.

 

Chris Hemsworth : ThorIl adore quand on parle de lui

 

ASGARD DANS LES VEINES

Quand il est apparu pour la première fois dans Thor en 2011, Thor était un dieu qui devait prouver sa valeur et ressemblait encore au guerrier sérieux, noble et loyal qu'il est dans les comics. En s'inspirant de ses différentes adaptations de Shakespeare au cinéma, Kenneth Branagh avait apporté sa touche dramatique au vieux monde d'Asgard et sa famille royale en adaptant fidèlement le personnage dans un film entre mythologie, héroïsme et fantaisie.

Puni par son père pour son attitude agressive et irresponsable, le prince asgardien atterrissait sur Terre, où il découvrait le monde des humains, tombait amoureux de Jane Foster et se montrait digne de récupérer ses pouvoirs et de soulever à nouveau son marteau en mourant et en empêchant Loki de déclencher une guerre entre Jothunheim et Asgard.

Cependant, le choix de Thor de se sacrifier et d'arrêter le conflit initié par son père n'était pas motivé par une prise de conscience sur les Géants de Glace ou des remords concernant ses actes, mais par son affection pour l'humanité et ses nouveaux amis, qu'il semblait de toute façon prêt à protéger, avec ou sans ses pouvoirs. Thor, quoiqu'il advienne, était destiné à redevenir un dieu, et son histoire, aussi sombre et poignante qu'elle soit, restait finalement assez traditionnelle.

 

Photo Chris Hemsworth, Tom HiddlestonGrosse ambiance pendant les réunions de famille à Asgard

 

Alors que Thor rejoignait les autres héros de la Terre dans Avengers, Joss Whedon avait un peu exploité les capacités comiques du personnage et de Chris Hemsworth dans certaines scènes (quand Thor rajoute que Loki a été adopté après que Black Widow lui fait remarquer que son frère a tué 80 personnes en deux jours ou en le faisant discuter avec Phil Coulson), mais le dieu nordique n'était encore traité qu'à travers ses pouvoirs divins et son parcours dramatique se résumait seulement au fait qu'il soit frère avec le méchant du film. Comme dans Thor, l'humour provenait du décalage entre le comportement bourru de l'Asgardien et le monde humain dans lequel il évolue, mais le héros conservait son air grave et arrogant.

Après avoir sauvé la Terre avec ses nouveaux alliés, Thor est retourné à Asgard pour suivre les traces de son père et s'interroger sur ce que signifie son rôle de prince d'Asgard au sein des Neuf Royaumes, mais Thor : Le Monde des Ténèbres préférait plutôt se concentrer sur l'Éther, les portails magiques et la destruction du monde par le méchant Malekith (Christopher Eccleston). Alan Taylor avait effectivement apporté une direction artistique plus prestigieuse en s'appuyant sur son travail sur Game of Thrones : Thor perdait sa mère Frigga (Rene Russo) et devait encore abandonner l'idée d'être heureux avec Jane Foster.

Néanmoins, ce deuxième film se contentait de reprendre le personnage de Thor sans essayer d'explorer son humanité, son statut divin, sa mythologie ou son potentiel comique, hormis pour quelques séquences, comme lorsque Thor accroche négligemment Mjolnir à un porte-manteau ou qu'il prend le métro pour rejoindre la bataille finale.

 

Thor : Le Monde des ténèbres : photo, Chris HemsworthTrop occupé à faire la bagarre pour se détendre

 

De retour avec ses amis super-héros dans Avengers : l'ère d'Ultron, Thor a pu se lâcher un peu plus et Joss Whedon a continué de s'amuser avec lui, notamment avec cette fameuse scène où les Avengers tentent chacun leur tour de soulever Mjolnir. Malheureusement, à partir du moment où il commence à avoir ses visions, Thor s'envole pour trouver des réponses et ne revient que pour aider à créer Vision et préparer les prochains films du MCU en parlant des Pierres d'Infinité aux autres héros.

En deux films et quatre apparitions, Thor était plus ou moins resté le même et son statut au sein du MCU basculait entre dieu extraterrestre bienveillant, caricature viriliste et comique malgré lui, tandis que son univers était tiraillé entre la mythologie nordique, l'heroic fantasy et le space opera.

Si Thor avait admirablement lancé la franchise (181 millions de dollars aux États-Unis et 449 millions à l'international pour un budget de 150 millions, hors inflation et frais marketing) et que Thor : Le Monde des Ténèbres avait fait encore mieux au box-office (206 millions sur le territoire domestique et 644 millions à travers le monde pour un budget de 170 millions, toujours hors inflation et frais marketing), ce deuxième film n'avait pas conquis les critiques et son succès était vite devenu relatif quand Captain America : Le Soldat de l'Hiver et Les Gardiens de la Galaxie sont sortis ensuite.

Thor et ses films devaient changer, d'une façon ou d'une autre, alors Marvel a tenté quelque chose qu'ils n'avaient jamais fait auparavant : se réinventer.

 

Avengers : l'Ère d'Ultron : Photo Chris Hemsworth, Chris Evans"Tu veux pas glisser un mot pour moi, Captain ?"

 

LE RIDICULE NE TUE PAS (ET CE QUI NE TE TUE PAS TE REND PLUS FORT)

En octobre 2014, Marvel annonçait que le prochain volet des aventures du dieu nordique s'intitulerait Thor : Ragnarok, en référence à l'arc narratif éponyme des comics dont il serait inspiré. Le développement s'est poursuivi pendant plusieurs mois, sans réalisateur annoncé à l'été 2015, mais à l'inverse des deux précédents films qui étaient sérieux et tragiques, ce troisième long-métrage autour de Thor était envisagé avec plus de légèreté et d'humour. Le succès des Gardiens de la Galaxie juste avant avait sans doute poussé le studio à envisager des films plus drôles et plus créatifs.

Marvel a donc contacté une dizaine de cinéastes, dont Ruben Fleischer (Bienvenue à Zombieland), Rob Letterman (Chair de Poule - Le Film), Rawson Marshall Thurber (Dodgeball ! Même pas mal !, Les Miller, une famille en herbe) et... Taika Waititi, qui était alors connu pour avoir réalisé le court-métrage Two Cars, One Night (nommé aux Oscars), Boy et Vampires en toute intimité.

Comme il l'a raconté dans une interview pour Den of Geek en 2017, le réalisateur néo-zélandais leur a présenté une bande-annonce sur le morceau Immigrant Song de Led Zeppelin à partir d'autres films dont il voulait s'inspirer, comme Starman, Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin, Ninja Turtles, Withnail et moi ou encore Seize Bougies pour Sam.

 

Thor : Ragnarok : Photo Chris HemsworthPose ce truc et viens deux minutes

 

En découvrant le résultat, les exécutifs de Marvel ont été emballés par les visuels et la musique (même s'ils ne connaissent pas le titre de Led Zeppelin, au grand dam du réalisateur), et après plusieurs discussions, Taika Waititi a été engagé en octobre 2015. Entre-temps, d'autres changements allaient permettre la transformation de Thor.

Loin du MCU, Chris Hemsworth avait joué dans sa première comédie, Vive les vacances, et continué de développer sa sensibilité comique en rejoignant le reboot de SOS Fantômes l'année suivante dans le petit, mais sympathique rôle du réceptionniste de l'agence Ghostbusters. L'acteur aussi était fatigué du Thor arrogant et sérieux et demandait déjà à ce qu'il y ait plus d'humour, que le personnage se rapproche de lui.

Du côté de chez Marvel, en août 2015, Kevin Feige s'était arrangé pour réorganiser la production de Marvel Studios et ne plus avoir à rendre de comptes au président de Marvel Entertainment, Ike Perlmutter, mais à Alan Horn, président des studios Disney. Après cette restructuration, il avait également dissous le "comité créatif" créé par Perlmutter qui donnait des notes aux réalisateurs durant la production (comité qui avait notamment suggéré à James Gunn d'abandonner son idée de bande-son des années 70 et qui aurait été une des raisons du départ d'Edgar Wright d'Ant-Man).

 

Thor : Ragnarok : Photo Chris Hemsworth, Tom Hiddleston"Tu sais ce qui passe toi ?"

 

Comme dans Thor : Le Monde des Ténèbres, les planètes s'étaient alignées au niveau de la réalisation, du casting, du studio et tout semblait paré pour la réinvention de Thor. Dans une interview pour The Hollywood Reporter avant la sortie du film, Taika Waititi n'y allait pas par quatre chemins : "Thor est la franchise qui a le moins d'identité. Elle ne sait pas encore ce qu'elle est. Alors je suis arrivé en disant : 'Eh bien, ça pourrait être ça.' J'ai ignoré le matériau d'origine et même les deux premiers films pour essayer de faire mon propre truc".

Cependant, avant de s'atteler à Thor : Ragnarok, le cinéaste avait réalisé deux courts-métrages pour Marvel Studios, sortis ensuite comme des bonus de Captain America : Civil War et de Doctor Strange. Deux vidéos qui ressemblent à un mélange entre Marvel et The Office et qui n'appartiennent pas vraiment au MCU, à proprement parler, mais qui révélaient déjà les intentions du cinéaste autour du personnage et qui expliquent, d'une certaine manière, comment Thor a arrêté de se prendre au sérieux pour devenir un imbécile heureux.

 

Thor : Ragnarok : Photo Chris Hemsworth, Mark RuffaloThor peut enfin prendre des vacances

 

Dans le premier court-métrage, un faux documentaire intitulé Team Thor (en référence à la Team Iron Man et la Team Captain America qui s'affrontaient dans Civil War), Thor apparaît face caméra dans une tenue de surf. Il y explique qu'il avait besoin de prendre du temps pour lui après avoir sauvé le monde et qu'il s'est installé en Australie dans un appartement en colocation avec un certain Darryl (Daley Pearson). D'autres extraits le montrent ensuite pendant qu'il fréquente "des gens moyens et ordinaires" ou qu'il prend un café avec Bruce Banner (Mark Ruffalo) en le représentant comme un gentil idiot, mais en explorant également une autre facette du personnage.

Dans le court-métrage, Thor essaie de contacter Steve Rogers et Tony Stark, parce qu'il se considère comme leur ami et un membre éminent des Avengers, et son exclusion des événements de Civil War l'a visiblement touché. Ainsi, cette indifférence et cette vanité qu'il affiche en permanence pourraient être un moyen pour lui de masquer sa solitude et sa tristesse, ce que suggère également l'autre court-métrage ou le passage dans Thor : Ragnarok quand une fan aborde sa rupture avec Jane.

 

 

Le deuxième court-métrage, sobrement intitulé Team Thor Part 2, reprend le même concept en présentant d'autres scènes de la vie terrienne de Thor en Australie avec Darryl et les difficultés que peuvent poser un dieu nordique en tant que colocataire. Thor ne parvient toujours pas à comprendre notre civilisation et reste persuadé d'être l'incarnation de la virilité et de la puissance. Mais l'humour décalé de Waititi, le charisme de Chris Hemsworth et l'équilibre ténu entre le ridicule et le sérieux du personnage lui apportent un charme sincère, qui le rendent aussi drôle que touchant.

Marvel, le réalisateur et l'acteur avaient trouvé la bonne combinaison : reprendre le héros des films de Kenneth Branagh et Alan Taylor et y ajouter de la drôlerie, de la fraîcheur, de la légèreté, pour faire rire d'abord, mais aussi pour dissimuler un manque de confiance et des blessures plus profondes. À défaut de pouvoir en faire une figure tragique et épique, autant explorer l'aspect comique et absurde jusqu'au bout.

 

 

GODS JUST WANT TO HAVE FUN

Alors quand il a fait son retour au cinéma, Thor s'est libéré de ses chaînes dans une scène d'ouverture mémorable sur le même Immigrant Song qui avait convaincu Marvel d'engager Taika Waititi et il est devenu un dieu beau et bête, mais étrangement sympathique. Un héros qui ne ressemblait plus du tout à celui des comics, mais qui avait trouvé un nouveau souffle, une identité.

Après avoir navigué dans tous les genres, l'univers du personnage embrassait pleinement sa dimension cosmique dans une réinterprétation de Planet Hulk et Chris Hemsworth pouvait enfin exprimer ses talents de comédien dans une comédie assumée. Ce changement de ton était accompagné d'un changement de look tout aussi drastique et tous les personnages oubliables des précédents films étaient remplacés par Korg, Valkyrie (Tessa Thompson) et le Grand Maître (Jeff Goldblum).

Au détour d'une parodie théâtrale, Taika Waititi se permettait de se moquer de la mort exagérément mélodramatique de Loki à la fin de Thor : Le Monde des Ténèbres et utilisait le Doctor Strange pour une séquence si amusante qu'elle a été réutilisée en tant que scène post-générique de Doctor Strange. Même s'il continuait de vivre des événements dramatiques avec la disparition de son père, la découverte de sa méchante soeur, la perte de Mjolnir, de son oeil et finalement, la destruction de son monde, Thor était désormais un personnage loufoque et drolatique et cette image a continué de le suivre dans les autres films.

 

Chris Hemsworth : photo, Avengers : Endgame, Chris PrattÇa va être rigolo

 

Avengers : Infinity War représentait un autre pic émotionnel dans l'histoire du personnage avec la mort de son frère et de Heimdall, son exil à l'autre bout de la galaxie pour forger Stormbreaker et la disparition de la moitié de l'univers. Cinq ans après que son chagrin l'a poussé à décapiter froidement Thanos, Thor tombait dans la dépression en se tenant responsable de ce qui s'était passé et se consolait avec de la bière, des chips et des jeux vidéo dans Avengers : Endgame. L'Asgardien n'était plus un roi, un héros ou une quelconque adaptation, mais seulement une épave, un personnage totalement perdu et tristement ridicule.

Lors d'un voyage dans le temps, Thor revoyait sa défunte mère Frigga, qui l'encourageait à devenir "l'homme qu'il est censé être" juste après lui avoir dit que "nul ne parvient à être tel qu'il devait devenir". Et le personnage retrouvait finalement la motivation pour renfiler son costume et aller sauver le monde avec ses amis face à Thanos. 

Après leur victoire, il confiait son royaume à Valkyrie pour entamer son voyage introspectif, avouant lui-même n'avoir "pas de but" pour la première fois depuis un millénaire, ce qui correspond plus ou moins au parcours du personnage depuis qu'il a découvert son rôle et sa valeur à la fin de son tout premier film.

 

Thor : Love and Thunder : photo, Chris HemsworthFaire le vide, partout

 

Comme la bande-annonce de Thor : Love and Thunder l'avait dévoilé, Thor est finalement redevenu celui qu'il était avant Infinity War et Endgame. Taika Waititi a encore accentué l'aspect comique, la musique rock et les décors bariolés dans ce quatrième long-métrage consacré au Dieu du Tonnerre, mais tout ce qui avait donné sa singularité et son charme au film et à Thor dans les deux courts-métrages et Thor : Ragnarok devient insupportable dans Thor : Love and Thunder.

Alors qu'il trouvait des idées efficaces pour manier l'humour ou filmer ses scènes d'action, le cinéaste a perdu tout sens du tempo comique ou de la mise en scène (il suffit de juger le Zeus de Russell Crowe, la transformation de Jane en Mighty Thor ou Gorr, le Boucher des Dieux). Autant d'éléments adaptés sans aucune cohérence, implication artistique ou considération pour le matériau d'origine ou les précédents films, comme pour le héros et sa mythologie.

Dans Thor : Love and Thunder, Thor ne ressemble effectivement plus du tout à celui qu'il était dans les comics, ni à celui qu'il était lors de sa première apparition dans le MCU, mais ne ressemble finalement plus à grand-chose en regardant derrière les pitreries et les couleurs pétillantes.

Tout savoir sur Thor : Love and Thunder

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Dehorzwaititi
10/08/2022 à 15:56

Pourquoi ne pas lancer une pétition pour demander un autre Thor ?
Pourquoi ne pas contacter Gulli pour trouver un poste pour Waititi ?

Roichris
30/07/2022 à 00:07

Tant que tous les crétins lobotomisés irons en masse voir les films de Waititi, il se prendra pour un grand réalisateur, Disney fera des millions, Kevin Feige applaudira des deux mains et continuera de piller Marvel en se foutant pas mal des comics et de leur fans. S'ils avaient ne serais ce qu'une once de sens moral, ils respecteraient ce que d'autres ont créé et resteraient fidèles aux comics. Las, les millions rentrent, les bulots se marrent et applaudissent, donc tout va bien. Quand a nous, ils nous reste quelques comics, au moins ça ils ne peuvent pas le changer. Un jour peut être le château tombera et on se souviendra que Marvel avait crée un monde qu'on aurait pu adapter au cinéma avec de bons réalisateurs. Les deux premiers Thor ne sont pas des chefs d'œuvres mais ils respectaient l'ambiance des comics. Il est possible de faire de bonnes adaptations cinématographique dramatique qui marchent. Le seigneur des anneaux est un exemple, Avatar aussi. Marvel était bien parti avec le premier Iron man, le soldat de l'hivers est pas mal aussi. Ce qui compte c'est un bon scénariste et un réalisateur qui le respecte... mais apparemment c'est très rare et Disney n'en a pas…

Nonoo
19/07/2022 à 14:36

réponse simple : Waititi l'a sauvé avec Ragnarok, puis l'a détruit dans Love&Thunder :')

Flo... suite
19/07/2022 à 14:15

Il y a aussi maintenant l’obligation de rebondir sur l’évolution de Thor, devenu plus proche d’un biker excentrique, sorti d’une longue dépression et devenu bourlingueur galactique.
Peut-être n’était-ce pas si utile, mais au moins ça assume et n’efface pas les idées développées par ceux ayant repris le flambeau, avec la participation de plus en plus active de Chris Hemsworth – dans tous ces films, les acteurs sont très chouchoutés.
Ainsi, montrer Thor comme un être encore plus ombrageux ou torturé n’aurait là aucune logique puisqu’il a largement retrouvé le goût de vivre. C’est d’ailleurs une caractérisation reprise dans beaucoup de films de la Phase IV de Marvel où, si certains doivent affronter un deuil douloureux, quelques héros survivants se sont autorisés à prendre du bon temps, se réinventer, s’amuser malgré tout… À leur dépend évidemment, comme s’ils n’étaient pas autorisés à se relâcher une seule fois.
Et voilà que vient leur punition, critique et vilainique :

Le ton très Jazzy de ces films, où des scènes sérieuses ultra balisées et vues mille fois au cinéma voient leur rythme « sauter » avec fantaisie, ne restant pas bloqué sur une même ligne simple qui voudrait vous faire croire que ces gus en costumes portnawak devraient être parfaitement stoïques…
Ça énerve des analystes, hein ?
Ça fait rebondir sans cesse ces films, en faisant des opus suractifs qui ne s’arrêtent jamais. Même quand il n’y a pas d’action – car ce ne sont pas de purs films d’action fluides, mais des vignettes de BD en action réelle – Jamais ils ne vont s’arrêter de tchatcher, de vanner, de faire des c*nneries. De vrais sales gosses, l’anti DC Comics… mais depuis 1961.
Il y a beau avoir eu des histoires complexes, dramatiques et tire-larmes, on ne change pas si facilement les plumes de l’oiseau, ça crève les yeux.

On voit que Marvel Studios continue d’être fidèle à cette identité de petits c*ns insolents. Et de ne pas suivre la chimie élémentaire et équilibrée « admise » pour les dits bons blockbusters… mais de créer la leur, toute en exagérations tarés et numéros de comiques intégrés à une intrigue où la mort et la destruction rôdent quand même.
Entre du cartoon, du modèle 80’s (un peu de Amblin ou de « Ghostbusters », mais de façon plus contemporaine que nostalgique), et du Michael Bay mais sans l’énergie cinétique.
C’est quelque chose dont on devrait profiter sans honte véritable… jusqu’au jour où une grosse menace universelle viendra forcément bousculer tout le monde de façon irrésistible (encore, comme pour Thanos). Mais bon, les a priori un peu coincés…
Même si ça ne risque pas d’avoir été fait exprès, ici il y en a eu des contraintes de tournage empêchant de donner une plus forte unité d’ensemble.
On peut néanmoins trouver que le résultat ne part pas vraiment dans tous les sens, car s’y révèlent deux histoires distinctes, en lien avec l’Amour présent dans le titre. Elles sont en quelque sorte la Thèse, puis ensuite l’Antithèse :

– D’abord un histoire d’aventures légère, bien plus imprévisible que « … Ragnarok », basée sur l’Amour Romantique (et l’estime de soi).
Rempli généreusement d’un fouilli d’idées, qui osent tout. Certaines dépensant sans compter, avec plein d’invités venus s’amuser en toute théâtralité (même le couple McCarthy/Falcone)…
D’autres lorgnant sur de l’Horreur Expressionniste pas trop mal fichu…
D’autres encore plutôt Hard Rock comme les géniaux motards de l’espace à tête de hiboux… et impossible d’user des chèvres asgardiennes des comics sans penser aux mèmes internet, c’est non seulement d’une grande évidence mais en plus c’est raccord avec des cris de chanteurs (Guns N’ Roses rythment le tout). Bref, toutes les idées tirées des comics ne pouvant échapper à un détournement rigolo, mais ça a une justification qu’on verra plus tard.
Et en fin de compte ce n’est pas si éloigné que ça de l’écriture de Jason Aaron, mais plutôt sur les comics des Vengeurs dont il s’occupe depuis plusieurs dizaines de numéros, Thor restant aussi présent dans l’équipe.
Là aussi il y a un plaisir, si inconscient qu’il peut en devenir agaçant, à plonger ses héros dans des intrigues imitant des mangas plus rocambolesques, plus excessifs (en super capacités) et plus opportunistes, plutôt que graves et tragiques.

Avec la puissante montée en grade de Natalie Portman/Jane Foster, déjà devenue une scientifique intello en passant sur grand écran, on assiste aussi à l’équivalent d’une Comédie de remariage où chacun des ex se retrouvent maintenant au même niveau, ou presque. La dramatique histoire originelle de Jane étant condensée, elle garde toutefois l’essentiel de ses caractéristiques, et va même un peu plus loin que ça.
Quant à Thor, qui dans « … Endgame » déclarait bien justement qu’il était temps pour lui d’être qui il est, plutôt que ce que les autres veulent qu’il soit…
On a la réponse, elle aussi régulièrement présente dans les comics : il est Fou. Écrasant. Ivre de lui-même. Un peu mytho sur les bords – mais avec des instants utiles de lucidité, et ça reste toujours un cador au combat, habile et virtuose.
Et quand on voit qui sont ses pairs divins, ses modèles, pourquoi le film pousse à fond les potards de la dérision jusqu’à frôler encore une fois la parodie pure… on comprend où ça veut en venir, au fond.

– C’est à dire à une deuxième histoire sur l’Amour au sens de l’Adoration, mais déçue. Avec un Gorr à l’apparence plus sobre – précisons que ce vilain n’a jamais été réinventé jusque là, car écrit et dessiné quasi exclusivement par ces seuls créateurs, Jason Aaron et Esad Ribic.
Servi par une des meilleures scènes introductive jamais faite dans le MCU, Gorr se contente toujours de suivre une voie obsessionnelle, y compris pour l’écrivain Aaron, comme quoi nous devrions cesser de nous croire soumis à des pseudos dieux si ceux-ci n’en font pas assez pour nous aider, nous simples mortels trop en quête d’idoles. En somme, pas très loin de ce qu’était déjà le vilain Zemo pour Steve Rogers et les super-héros en général, depuis « Captain America : Civil War ».

Mais en plus, dans le contexte de sortie du film, ce Gorr dénonce ainsi ces blockbusters désinvoltes où « Ma ya tro d’Umour !!! »… et voient émerger des fanatiques qui à force les rejettent et les abhorrent, comme si leur vie en dépendait, fous aussi bien de dieux que d’Art et perfections superficielles.
Ça ressemble aussi beaucoup à une critique des personnalités privilégiées, qui étalent toutes leurs richesses sans se préoccuper des petites gens, du haut de leurs tours d’ivoire.
Avec bien sûr la petite part d’hypocrisie du critique qui en fait lui-même des caisses, et n’a donc aucune crédibilité dans son entreprise de Croisée de la Pureté (dont il copie religieusement le look dépouillé), si ce n’est une colère aveugle mais très justifiée pour le coup.
Et Christian Bale d’y prendre une sorte de revanche, car c’était alors lui qui se fit voler la vedette par un super-vilain extrémiste, sacrifié, blafard et grotesque, dans « The Dark Knight ». Maintenant, c’est à son tour.
Mais avec une particularité originale chez son Gorr, qui donne l’une des clés de compréhension du film… Il le joue littéralement comme un Croque-mitaine, un voleur d’enfants vivant dans les ombres.

Voilà donc ce qu’est ce film quand on fait la somme des parties : c’est un Conte plus ou moins innofensif… Pour les enfants, qu’ils soient petits ou grands dadais, et pour leur apprendre à dépasser leurs peurs des monstres, de mal agir, de l’engagement, etc.
La preuve… c’est Korg, mais donc le metteur en scène Waititi lui-même, qui est le narrateur de toute cette histoire – on le remerciera d’ailleurs d’en avoir profité pour nous raconter tout ce qui avait été laissé hors champ chez Thor et Jane pendant des années.
Et puis si ça se trouve, tout ça n’est que sa vision (de conteur, d’auteur), complètement biaisée et insolite mis à part les instants touchants.
Et la vraie histoire était en fait plus sérieuse que ça…

Disons en attendant que pour Taika Waititi, il s’agit peut-être du deuxième épisode d’une trilogie personnelle, qui prendra son temps pour laisser les larmes et la sagesse s’imposer définitivement – et ensuite Ciao !

« And you, what would you do for Love and Thunder ? »

Flo
19/07/2022 à 14:09

« Oofff… Au Printemps ça allait, parce que tu as zéro, zéro-un dieu mort. Mais cet Été, ça descend, ça descend, ça descend : moins dix, mois vingt. Moins vingt, moins trente. Tu dis : je reste sur Midgard, il te fout du moins quarante. Tu vois ?
– Moins quarante ?
– C’est le Gooorr ! »

En avant alors pour le premier film super-héroique solo à avoir droit à son quatrième épisode avec le même acteur dans le rôle titre. Ce qui n’avait jamais eu lieu au cinéma depuis… « Superman IV » !
L’épisode de trop ? – enfin, même si le troisième n’en était pas trop loin lui aussi.
Et pourtant, « Thor : Ragnarok » (surtout Rock) y fit mouche envers la critique, avec son enthousiasme à faire sauter des carcans, à faire de la vraie SF d’aventure kitsch à un moment où les Star Wars n’en étaient plus là, avec in extremis ce qu’il faut d’émotion car il était déjà acquis que par la suite, ça devait être « Avengers : Infinity War » qui devait comporter le plus de drames génocidaires…
Plus convaincant que pour les deux premiers films solo (héros trop calme et coincé), ou bien sa participation aux deux premiers « Avengers » (un temps de présence peu marquant pour l’un, et un petit comique de service pour l’autre quoique avec beaucoup de scènes très nobles et puissants).

Rien d’étonnant : le Thor de Marvel Comics, c’est à la base une mythologie nordique réappropriée en mode SF bariolée fantasque (shakespearienne), par des auteurs juifs iconoclastes. Détournement particulier, surtout quand cette mythologie fascine énormément certaines branches extrémistes les plus violentes, ayant exterminé jadis les familles de ces auteurs.
Et c’est ce que Taika Waititi (Cohen) continue, lui pour qui une bonne histoire dramatique peut aussi se raconter avec des délires adulescents échappant à tout esprit de sérieux mortel… surtout quand cet esprit flirte pas loin de certaines mentalités nocives, mine de rien (« Jojo Rabbit »).
La démonstration reste extrêmement acrobatique, poussant à bout toutes sensibilités intellectuelles… Et pâtissant d’un contexte de production cinématographique proche de l’explosion, où les méthodes de travail de Marvel Studios depuis le premier « Iron Man » (laisser librement improviser les acteurs, et pouvoir faire des volte-faces de dernière minute sur le script et la post-production) sont en voie d’épuisement.
Et où l’ambiance « Dans l’espace, on peut mettre plein de couleurs, de chansons et délirer plus », n’est plus qu’un programme comme un autre.
Dans ce cas, ce film ne se met-il pas à raconter aussi les limites de ces méthodes narratives..?

D’abord, il est très clair que Waititi n’y adapte pas littéralement les histoires de Gorr et Jane Foster/Mighty Thor écrites il y a quelques années par Jason Aaron. Histoires qui ne se croisaient jamais vraiment, plus proches d’enquêtes policières (la traque d’un tueur en série, et le mystère d’une tragique justicière masquée) pour l’auteur de la série polardeuse Scalped.
Non le cinéaste va surtout utiliser et faire enfin interagir ces personnages cultes et formidables, mais a encore en tête une ambiance plus colorée et explosive proche de la période comics de Walt Simonson (armure et casque dorés) – l’homme qui transforma même le dieu en grenouille rigolote.
Pas la peine non plus pour les plus geeks, ou les quelques-uns qui auraient lu vite fait les albums-recueils, de s’attendre à une histoire à suspense et drames tortueux, surécrite et durant une plombe… Cette idée ne pouvant se réaliser qu’avec un budget moindre, ce n’est pas très compatible avec ce pur film estival pour petits et grands.

Exit l’âge de raison qui ferait du héros un personnage déjà sage et sérieux ce qui, si l’on se rattache vraiment à la fidélité aux comics, est un mensonge. Puisque dedans, il y reste toujours encore souriant et survitaminé à plein de moments – tant que ces personnages sont jeunes d’apparence, ils ne progresseront jamais totalement, au risque de s’approcher de la fin de leurs aventures. Toujours des Sisyphe.
Le personnage s’était toutefois réinventé dans « … Ragnarok », une scène en particulier établissant clairement que maintenant que le fils d’Odin s’est lassé du jeu de tromperies sans fin avec son frère, un échange de caractères a eu lieu entretemps entre Loki, devenu un être en quête de sens et d’héroïsme… Et Thor donc, devenu un aventurier espiègle, comme imprégné de la (pop) culture américaine.

Momo
19/07/2022 à 10:28

@Beyond : En gros il correspond parfaitement a Disney (et au public actuel..)

beyond
19/07/2022 à 10:11

Waititi est le symptôme d’une époque de crétinisme proclamé où tout doit être pris à la légère et tourné au ridicule. Que voulez-vous ma ptite dame, tout ça c’est la faute de l’internet ! C’est l’avènement de la génération tik-tok qui pense avoir du talent et être trop drôle alors que sa nullité affligeante provoque gêne à chaque vidéo commise. Son manque de respect pour le matériau d’origine n’a au fond d’égal que son mépris pour le public ciblé qu’il imagine sans doute dépourvu de toute aptitude à la concentration. Il n’a pas totalement tord vu qu’il se permet de nous servir la même merde réchauffée et que ça cartonne au box office.
Waititi s’imagine sûrement que tourner en parodie un sujet sérieux fait de lui un génie. Il en perd toute notion de cinema et saccage tous les enjeux dramatiques du film. Tout ça pour des blagues navrantes et des dialogues indignes d’une sitcom.
Au moins avec Star Wars, on est sûr d’une chose : il ne pourra plus faire de mal à la saga dont le cadavre a été profané trop de fois.

Momo
19/07/2022 à 09:57

@Babagaya : Tu m'étonnes Disney en a rien a foutre que les gens trouvent nuls si on paie le ticket pour aller voir tout leurs films..

pinpampoumpipo
18/07/2022 à 17:00

Surtout pas spielberg. ces films bof bof

Flash
18/07/2022 à 16:09

@JR c’est d’ailleurs ce qu’il y avait de mieux dans la salle.
le film est juste une farce.

Plus