The Game : quand David Fincher reprend Sueurs Froides pour une leçon de cinéma

Arnold Petit | 11 juin 2022 - MAJ : 11/06/2022 17:26
Arnold Petit | 11 juin 2022 - MAJ : 11/06/2022 17:26

David Fincher vous invite à participer à un jeu sidérant avec Michael Douglas autour du cinéma et du pouvoir des images dans The Game, et ça a déjà commencé.

Considéré comme un film mineur dans la filmographie de David Fincher (sans doute parce qu'il est sorti entre les deux autres chefs-d'œuvre que sont Seven et Fight Club), The Game garde un statut de mal-aimé alors qu'il est pourtant une des oeuvres les plus riches de son auteur.

Au-delà de la descente aux enfers du personnage de Michael Douglas aux côtés de l'énigmatique Deborah Kara Unger, le jeu de pistes qu'il a orchestré est une passionnante réflexion sur la fiction et le cinéma, qui condense toutes les obsessions que le cinéaste déclinera au cours de sa carrière (et ça tombe bien, il est justement disponible sur Netflix et Amazon Prime Video pour celles et ceux qui voudraient le (re)découvrir).

 

The Game : photoComme le dit une autre marionnette : "on va jouer à un jeu"

 

L'HOMME QUI EN AVAIT TROP

Comme l'indiquent le générique et le visage de Michael Douglas en décomposition sur l'affiche, The Game est un puzzle, dont le personnage et le spectateur vont devoir glaner et assembler patiemment chaque pièce pour trouver ce que renferme le jeu en question.

Après un prologue dévoilant le milieu fastueux dans lequel il a été élevé, mais aussi l'isolement et l'absence de figure paternelle durant son enfance, le film présente longuement le quotidien du banquier d'affaires Nicholas Van Orton. Un homme impitoyable, misanthrope, condescendant et solitaire, qui donne l'impression que l'acteur de Wall Street aurait retrouvé son personnage de Gordon Gekko au bout du chemin qu'il avait choisi d'emprunter dans le film d'Oliver Stone.

 

The Game : photoLa cupidité est toujours bonne

 

Imbu de pouvoir et d'arrogance, il méprise sa gouvernante et ses secrétaires, enterre la confiance qu'un vieil ami de son père lui avait donnée et ne pense qu'à raccrocher lorsque son ex-femme l'appelle pour lui parler. L'univers dans lequel il s'enferme et que le cinéaste compose avec son directeur de la photographie Harris Savides est aussi froid et sinistre que lui. Son existence est morose, mécanique, avec le même trajet chaque jour entre son bureau et son manoir, le même valet qui lui ouvre la porte en le saluant tous les matins et les mêmes soirées sur son canapé hors de prix à boire du whisky en regardant les chaînes d'information en continu.

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commentaires
rientintinchti2
13/06/2022 à 13:32

Merci Kokro Dile
bonne journée

Kokro Dile
12/06/2022 à 22:15

@rientintinchti2
Je te pense de bonne foi aussi. Merci d'avoir rectifié : il y a un monde entre "ça ne parle de rien" et "ça ne me parle pas".
Si le cinéma de Tarantino m'a aussi laissé souvent sur le côté, je te trouve un peu réducteur sur son travail. Tu sembles oublier l'inventivité remarquable de son Réservoir Dog ou de son Pulp Fiction. Que tu n'adhères pas à ses divers pastiches et hommages m'apparait toutefois bien compréhensible. Mais ça n'est pas nul pour autant. C'est une proposition. Comme cette fameuse banane scotchée au mur. Je laisse, pour ma part, le bénéfice du doute à ceux qui disent aimer...
Sinon merci pour cette liste de films, où je te rejoins souvent (je ne connais pas tout, mais chaque cinéphile à ses pépites). Enfin, étant un mordu d'Hitchcock, j'ai du mal à comprendre comment Gone Girl ne t'as pas convaincu, mais comme tu le disais précédemment "les goûts et les couleurs"...

Anderton
12/06/2022 à 21:29

J'aime particulièrement The Game. Avec Seven ou Panic Room, il fait partie de ces films de Fincher pour lesquels j'accroche avec les personnages et surtout leur évolution tout au long de l'intrigue. Et pour les 3 films que je cite, je trouve la mise en scène, les symboles, les rebondissements, etc. très claires, concis, avec une vraie fin et une légère ouverture.
A l'epoque où j'ai vu The Game pour la première fois, Nicholas Van Orton me faisait penser à un Bruce Wayne vieillissant se retrouvant seul, ayant abandonné son alter-ego masqué, sa soif de justice dévorée par le cynisme, pour finalement se perdre dans son personnage de milliardaire...

Kokro Dile
12/06/2022 à 21:11

@rientintinchti2
OK. Donc si tu as compris la meme chose que moi de ces 3 films de Fincher, tu ne peux pas serieusement dire qu'ils ne parlent de rien... Qu'ils ne t'interressent pas c'est ton droit le plus strict mais ils parlent de quelque chose.... En revanche, je réitère : quels films trouvent grâce à tes yeux? Quels sont ceux qui ont un scénario digne d'intérêt selon toi? (j'espère que tu y répondras cette fois-ci)
Enfin, comment peut-on prôner la subjectivité et en même temps lancer que le travail de Tarantino est indéfendable? Un peu de mesure dans les partis pris si tu veux bien, tous ceci reste de l'art, qu'on adhére ou pas, qu'on y voit substance ou vacuité, qu'il soit un produit brainstormé lucratif ou un projet indé sans le sou, il y a toujours une équipe derrière qui a oeuvré à ce que le film voit le jour et un public, qui, le temps d'un quiproquo ou pas, a aimé ce qu'il regardait...
Bien à toi.

rientintinchti2
12/06/2022 à 16:07

@Kokro Dile
Salut et merci pour ton message.
J'avais compris ces aspects des films de Fincher mais je trouve ça quand même vain et sans intérêt. Mais ça n'engage que moi une fois encore.
Le fait qu'une oeuvre puisse être ironique ou utiliser des symboles gravés dans l'imaginaire collectif ne présente pas systématiquement un intérêt à mes yeux. La surintellectualisation peut même être un fond de commerce et un cache misère qui contribue à légitimer l'existence de films ou d'oeuvres médiocres.
Par contre Tarantino et le vide intersidéral de ses trucs basés sur un capital coolitude vintage/culte dans le coup est indéfendable à mon sens.
Pour revenir à Fincher, attention, je ne dis pas que Fincher intellectualise artificiellement ni même que tu intellectualises toi-même en le commentant.
Bonne journée

Kokro Dile
12/06/2022 à 14:15

@rientintinchti2
Ne le prends pas mal, mais si tout avis critique émane d'une perception bel et bien subjective de fait, elle ne dispense clairement pas d'étayer son ressenti avec quelques arguments recevables car construits. Tu peux dire "j'aime pas" ou "j'aime" mais ça ne sert à rien, et n'inspire aucun dialogue. On se dit juste : osef.
Bref, Gone Girl parle d'un couple de manipulateurs, l'une sociopathe, l'autre infidèle dont l'imposture fini par éclater au grand jour. C'est une mise en abîme de la vie de couple. The Social Network reconte comment un mec particulièrement cynique, brillant mais solitaire va créer le plus grand réseau social de tous les temps... tu noteras l'ironie. Et Zodiac raconte l'histoire vraie d'une des plus grande traque du 20eme siècle, avec en bonus la théorie de David sur la possible identité du tueur. Couillu.
Bref je n'epiloguerai pas sur Tarantino. Je ne partage pas ton avis mais tu argumentes un peu, donc...

rientintinchti2
12/06/2022 à 12:56

@Kokro Dile
Ce que je dis est subjectif tu t'en doutes et ça n'engage que moi.
Les films de Fincher que j'ai évoqué sont à mes yeux inintéressant mais ça n'engage que moi. Il en a fait d'autres que je trouve plus intéressants. Mais après c'est les goûts et les couleurs. Gone girl est inutile à mon sens et il ne raconte rien. Idem pour Zodiac et Social Network. En fait je trouve que depuis Fight Club il n'a fait que des films qui ne me touchent pas. Je ne dis pas qu'ils sont forcément nuls mais inutiles à mes yeux. Hormis le talent artistique ils sont creux pour moi.
Pour Tarantino par contre c'est d'une nullité sidérale à mes yeux.
Il ne propose rien de profond. Il ne propose que de la poudre aux yeux. A force de rechercher l'effet, la réplique culte, beaucoup ont compris son manège. Beaucoup ne vénèrent pas Tarantino mais seulement le besoin d'appartenance que son cinéma permet d'exprimer. Le zéro absolu

Kokro Dile
12/06/2022 à 11:05

@rientintinchti2
Si tu pouvais expliquer en quoi Fincher réalise des films avec des histoires sans intérêt sur des sujets inutiles, ça m'intéresse. Ah et n'hésite pas à nous donner des exemples sur des histoires dignes d'intérêt...
Quand à la prétendue imposture de Tarantino, pareil, n'hésite pas à argumenter, qu'on comprenne, hein?!?.

rientintinchti2
11/06/2022 à 22:22

Fincher a des qualités mais la plupart de ses films tournent autour de sujets inutiles et d'histoires sans intérêt. C'est bien réalisé mais ça ne mène souvent nulle part à mon humble avis.
Social network, gone girl, zodiac etc.
Pas vu Mank mais franchement la flemme. Après il est toujours bien meilleur que des imposteurs genre Tarantino.
Mais la flemme vraiment

90's end Golden Era
11/06/2022 à 19:16

j'étais alle le voir, c'est un "petit" Fincher dans sa filmo mais çà reste un gros film par rapport aux sorties annuelles lol
je suis alle le voir pour Douglas et la Top Deborah Kara Hunger, que j'avais remarqué dans le nauséaux Crash de Cronenberg avec James Spader
mais j'aime pas trop Sean Penn je trouve qu'il cabotine un peu dans le film à moins que çà soit voulu par Fincher

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