Hardcore : le beau combo du porno, du western et de Taxi Driver

Salim Belghache | 30 janvier 2022
Salim Belghache | 30 janvier 2022

Du porno, un peu de western et du Taxi Driver : retour sur la formule parfaite de Hardcore, préparée par Paul Schrader.

Après avoir écrit des scénarios remarqués à Hollywood, comme celui de Yakuza, réalisé par Sydney Pollack, et de Obsession, signé Brian De Palma, Paul Schrader a connu son premier grand salut cinématographique avec le fabuleux scénario de Taxi Driversous la houlette de son ami Martin Scorsese. Jeune scénariste virevoltant, le talentueux Paul Schrader voit par la suite sa carrière en tant que réalisateur décoller. Il débute derrière la caméra en 1978 par la très belle réussite Blue Collar, mettant en scène la corruption au sein des syndicats américains avec Yaphett Kotto et Harvey Keitel au casting, avant de s’attaquer au film qui va nous intéresser ici : Hardcore

Le long-métrage sort sur les écrans en 1979 et s’annonce comme une réinterprétation de la part de Schrader du cultissime film de John Ford : La Prisonnière du Désert. Sans les cow-boys et les Indiens, le cinéaste raconte la quête de Jake VanDorn, un père fervent calviniste issu des Grand Rapids prêt à tout pour retrouver sa fille devenue actrice porno à Los Angeles. Si la trajectoire du protagoniste rappelle celle de John Wayne dans l’Ouest américain, nous avons plutôt affaire à un élargissement des thèmes déjà évoqués dans Taxi Driver avec comme toile de fond la pornographie. Et cette histoire est d’autant plus symbolique dans la carrière du cinéaste, pour son caractère hautement autobiographique.

 

Hardcore : photo "On m'a dit que c'était un western pourtant..."

 

La vie est un long fleuve tranquille 2 

Bien que ce ne soit que son deuxième essai, Paul Schrader se confesse en réalisant un film très proche de lui-même et de son parcours. La sincérité de l’auteur est palpable dès l’ouverture du long-métrage avec de nombreux plans d’ensemble de la banlieue du Michigan, le jour de Noël.

Avec une efficacité déroutante, Schrader présente le cadre des États-Unis qu’il connait parfaitement, riche de ses traditions, où l’on distingue cette famille américaine classique en pleines festivités lors du réveillon. Les chants de Noël, le repas, les discussions des adultes, tout est là montré avec authenticité et enrichi par une musique country à total contre courant de la révolution musicale que connaissait les États-Unis dans les années 70.

Ironie du sort, le vieux Paul Schrader ressemblera physiquement à son acteur principal George C. Scott. Au-delà de ce point commun physique, Schrader fait un choix judicieux en choisissant un acteur vieillissant, éloigné des Al Pacino et autres Robert De Niro, nouvelle génération d’acteurs angoissés dans leur jeu et dans leur corps. George C Scott représente par son physique et sa verve la descendance du Ethan Edwards de La Prisonnière du désert. Il est vraiment le comédien idéal pour incarner ce personnage rigide et serré dans ses costumes qui reste sans doute une de ses meilleures prestations.

 

Hardcore : photo, George C. Scott"Oulala toute cette nourriture, que faire alors seigneur ?"

 

L’attachement de ce protagoniste, héritier direct du sudiste de John Ford, pour le calvinisme hollandais est évident pour Paul Schrader, qui a lui-même évolué dans ce milieu religieux où les écrans et l'entrain de la jeunesse étaient tout bonnement bannis. Toutefois, cette ouverture mettant en avant les vertus américaines est pénétrée subtilement par le futur mal que devra affronter le protagoniste. Le générique est assez signifiant pour cela, puisqu’il présente les caractères des crédits noirs se faire envahir par la couleur rouge. 

La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ?

Accèder à tous les
contenus en illimité

Sauvez Soutenez une rédaction indépendante
(et sympa)

Profiter d'un confort
de navigation amélioré

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Ray Peterson
30/01/2022 à 15:20

A la revoyure, un film un peu mou, plus trop sulfureux et pas vraiment bien mis en scène pour ma part. Reste le grand George C Scott qui porte le film à lui tout seul.