Bloody Milkshake : de Marvel à Jumanji, Karen Gillan, la warrior la plus cool du moment

Geoffrey Crété | 22 janvier 2022
Geoffrey Crété | 22 janvier 2022

Bloody Milkshake, ce soir à 21h00 sur Canal+.

Doctor Who, Avengers, Jumanji, et maintenant Bloody Milkshake : qui est Karen Gillan ?

Elle était l'une des compagnes les plus mémorables du Doctor Who moderne, alors incarné par Matt Smith. Elle a donné vie à Nebula, une anti-héroïne de l'univers Marvel découverte dans le coin des Gardiens de la Galaxie, et revue dans Avengers : Infinity War et Endgame. Elle a aussi mené la bataille aux côtés de Dwayne Johnson dans deux Jumanji.

Mais la vraie bataille de Karen Gillan arrive. Dans Bloody Milkshake (en salles le 21 juillet dernier), elle enchaîne les bastons, les gunfights et les pirouettes pour écraser ses adversaires comme dans un jeu vidéo beat them all. Elle tire à tout-va et brise des os entre deux blagues, sans jamais oublier d'avoir du style au milieu de cette grande valse comico-violente dans la lignée de Kingsman et John Wick. Ce joyeux bain de sang cartoonesque semble avoir été conçu pour elle, comme dans un feu d'artifice au service de ses talents. Et c'est bien la preuve définitive qu'il faudra compter sur cette actrice, montée en flèche en l'espace de quelques années.

Retour express sur son ascension, autour des trois ingrédients de Bloody Milkshake : le rire, le badass et l'action.

 

 

LE RIRE

Au début de l'épisode La Chute de Pompéi de la saison 4 de Doctor Who, une femme arrive en courant et reprend son souffle au milieu d'un parfait décor en carton-pâte. "Elle est arrivée, comme l'avait annoncé la prophétie". Elle parle de cette boîte bleue nommée TARDIS, mais elle pourrait tout aussi bien se désigner elle-même. Car derrière la capuche, il y a Karen Gillan.

Castée dans ce petit rôle, elle reviendra une saison après au premier plan, en nouvelle compagne du Docteur. Ce n'était pas la première fois qu'un tel recyclage avait lieu dans l'univers, puisque Freema Agyeman avait vécu la même chose, mais c'est particulièrement amusant vu la trajectoire de l'interprète d'Amy Pond. Partout dans ce rôle, il y a l'idée d'un destin.

Son histoire commence avec le crash du TARDIS dans son jardin, alors qu'elle n'a que 7 ans. Le Docteur doit s'en aller et lui dit qu'il reviendra dans cinq minutes, lesquelles deviendront finalement 12 ans - méchant voyage dans le temps. Amy, elle, n'a cessé d'attendre, avec la conviction qu'il allait revenir. Elle ne tardera pas à le suivre dans ses aventures, et toute sa relation avec Rory est liée à une faille dans l'univers, créée le jour de son mariage et qui devra être réparée. Sans parler de la fameuse River Song, qui se révèlera être sa fille. Amy Pond, littéralement au centre du monde.

 

photo, Matt Smith, Doctor WhoHellraiser version familiale

 

Durant 3 saisons et 36 épisodes, Karen Gillan a nagé dans le bain Doctor Who, avec un rôle particulièrement drôle. Quelque part entre la candeur de Rose Tyler et la férocité de Donna Noble, Amy Pond a été une petite tornade. Grande enfant dans le corps d'un adulte, elle jonglait entre les sarcasmes, avec une légèreté et une insolence irrésistibles. Plus que les autres compagnes du Time Lord, elle avait des raisons d'exister hors de la galaxie du Docteur, pour être autre chose qu'une amoureuse transie.

Quand il a casté Karen Gillan, le showrunner Steven Moffat avait eu une évidence : "On a vu quelques actrices étonnantes pour ce rôle. Mais quand Karen a franchi la porte, les jeux étaient faits. Elle était drôle, intelligente, magnifique, sexy. Ou Écossaise, ce qui est la manière la plus rapide de le dire. Une génération de petites filles voudra être elle. Et une génération de petits garçons voudra que les filles soient comme elle aussi."

 

photo, Karen GillanMiroir, miroir, dis-moi qui est la plus bête

 

C'est par son excentricité que l'actrice est sortie du lot lors du casting, elle qui n'était même pas véritablement fan de Doctor Who - un quasi blasphème au Royaume-Uni. Et ce petit grain de folie l'a portée depuis, notamment dans la série Selfie, où elle est l'incarnation d'une génération de gentilles pouffes Instagram. Un festival d'autodérision, avec une énergie de comédie screwball où Karen Gillan s'amuse avec tout - son visage, ses cheveux, son allure, jusqu'à se transformer en Barbie.

La poupée est devenue guerrière dans Bloody Milkshake, mais elle n'en oublie pas pour autant de faire rire.

 

Photo Karen Gillan, Chloe ColemanMission : à peine impossible

 

LE MÉCHAMMENT DRÔLE

Juillet 2013, Comic Con. Le studio Marvel présente le casting des Gardiens de la Galaxie, dont le tournage vient à peine d'être lancé. Karen Gillan est là, pas loin de Chris Pratt, Zoe Saldana et Dave Bautista. Elle a été choisie pour incarner Nebula, la mercenaire de l'espace cybernétiquement modifiée - un rôle évidemment convoité, que Gal Gadot a failli avoir pour l'anecdote.

Lorsqu'elle arrive sur scène, elle a droit aux mêmes hurlements (voire un peu plus) que ses collègues. Normal : Doctor Who est quasiment une religion au Comic Con, l'antre de la SF. Le nom d'Amy Pond est prononcé pour marquer le coup sur scène, mais Karen Gillan révèle surtout s'être rasé le crâne pour le film. Elle jette sa perruque rousse dans le public, avant de se reprendre : "Oh mon dieu, je ne devrais pas faire ça ! J'en ai besoin ! Désolé je ne sais pas pourquoi, j'ai ressenti le besoin de faire ça !".

De quoi planter le décor pour l'Écossaise, qui entre dans l'arène hollywoodienne. Après ses adieux définitifs à Doctor Who en 2013 dans l'épisode L'Heure du Docteur, et un passage dans le cinéma d'horreur dans le sous-estimé Oculus, réalisé par un Mike Flanagan pré-The Haunting of Hill House, le rôle de Nebula est sa carte d'entrée.

 

Photo Karen Gillan, NebulaBleu d'enfer

 

Elle qui avait joué avec tant de facilité avec son physique, se réinvente dans la peau de cette guerrière bleue et sadique (environ quatre heures de maquillage), rongée par une jalousie maladive pour sa sœur d'armes Gamora. Ce sont les premiers pas de ce personnage majeur, puisqu'elle est la fille adoptive de Thanos - et dans les comics, elle réussit même à s'emparer du Gant d'infinité, forçant le Titan fou à s'allier avec des héros pour l'arrêter.

James Gunn lui présente ça comme un mix entre Marilyn Monroe et Clint Eastwood, et l'actrice s'en empare avec un plaisir évident à l'écran. Ce rôle de psychopathe ayant des capacités émotionnelles dignes d'un rat élevé en cage est un boulevard pour Karen Gillan, qui peut s'amuser avec un sens du timing formidable. Qu'elle mange une carotte de l'espace pas encore mûre, regarde écoeurée les rires des autres, explose de colère à la perspective de rester avec un renard (Raccoon oui), ou transforme Guardians of the Galaxy en Garden of the Galaxy, elle fait mouche, à chaque fois.

 

Photo Karen GillanGamo-ras-le-bol

 

Elle revient dans Les Gardiens de la Galaxie Vol. 2, puis Avengers : Infinity War et Endgame. Et à mesure qu'elle ravale sa méchanceté et avance dans sa thérapie familiale, elle gagne des points aux yeux des gentils, jusqu'à prêter main-forte aux héros. Elle finit par se tuer elle-même, geste hautement symbolique pour tourner la page. Et l'avenir commencera du côté de Thor : Love and Thunder, où elle apparaîtra avant Les Gardiens de la galaxie Vol. 3.

Là encore, c'est une destinée inattendue. Comme dans Doctor Who, où une apparition a débouché sur un grand premier rôle, elle a signé pour un petit rôle qui a pris une forme étonnante. Elle racontait à Entertainement Weekly : "Je devais tourner huit jours, et je devais mourir dans le scénario. Et d'un coup, elle ne mourait plus dans cette scène, et je me suis dit, 'Super !'. Je suis revenue pour la suite, et c'était un rôle plus important. Puis je suis revenue pour Avengers, et c'était encore plus important. Donc je pense que j'ai vraiment de la chance d'avoir eu ce rôle vraiment mineur à l'origine".

 

Photo Chris Pratt, Zoe Saldana, Dave Bautista, Karen GillanPartie intégrante de la bande à part

 

LA BAGARRE

Entre temps, Karen Gillan a rejoint une autre franchise inattendue, voire inespérée vu l'idée sur le papier : un nouveau Jumanji. Développée depuis les années 90 et relancée en 2012, cette suite s'adapte à son époque. Le vieux jeu de plateau devient une vieille cartouche de jeu vidéo magique, qui propulse quatre adolescents dans un monde vidéoludique, où ils existent sous forme d'avatars.

Martha, l'adolescente timide et cynique, devient ainsi Ruby Roundhouse, "tueuse d'hommes" en mini-short, et une experte en arts martiaux dont le coup spécial est de tabasser tout le monde dès qu'elle entend la chanson Baby I Love Your Way de Big Mountain. Là encore, tout est en décalage : derrière ses allures de Lara Croft de bas étage, Karen Gillan joue l'ado inadaptée, qui ne sait pas quoi faire de ses cheveux, de son ventre, de son corps. Un gouffre idéal pour le clown qu'est Karen Gillan, particulièrement lorsqu'il s'agit de mimer la femme fatale pour piéger deux gardes.

 

Photo Karen GillanKaren Croft

 

Là encore, bingo : le film avec Dwayne Johnson, Jack Black et Kevin Hart est un carton au box-office. Jumanji : Next level arrive donc vite, avec le bonus des nunchakus pour parfaire sa panoplie. Fan d'improvisation sans avoir jamais réellement expérimenté la chose, Karen Gillan s'y aventure sur le plateau des deux superproductions, emportée dans l'énergie du casting. En promo pour les films, elle imite tous ses partenaires, telle une machine comique inarrêtable.

En quelques années, Amy Pond a pris du galon sur le marché. Elle explique d'ailleurs avoir refusé beaucoup de scénarios à cause de rôles bêtement sexualisés, et avoir adoré tourner ça en dérision dans Jumanji, où son allure de poupée répondant aux fantasmes masculins cache une adolescente mal dans sa peau. Plus que jamais, l'actrice a la possibilité de jouer avec son corps, transformé en chewing-gum numérique, puisqu'obéissant aux codes du jeu vidéo. Elle saute dans les airs, file à cent à l'heure, affronte des motos, et enchaîne les coups comme une héroïne hallucinée. Elle rend même hommage à Indiana Jones face à une fosse de serpents, et avec sa grande faiblesse liée au poison.

Et elle est la première étonnée par ce destin dans les blockbusters, notamment chez Entertainement Weekly : "Je suis vraiment tombée là-dedans sans le chercher. J'ai grandi en Écosse, à faire du théâtre. Donc non, clairement je n'avais pas anticipé ça". Bloody Milkshake en sera la confirmation définitive : tout le film lui est dédié, elle est de tous les plans, et c'est elle qui fait la loi en distribuant les coups. Et pour une fois, elle n'est pas dans l'ombre des hommes, puisqu'elle est au premier plan, épaulée par d'autres personnages féminins hauts en couleur (incarnés par Lena Headey, Angela Bassett, Michelle Yeoh et Carla Gugino).

 

photo, Karen Gillan, Jack Black, Dwayne Johnson, Kevin HartLes Gardiens de la fallacie

 

LA SUITE

Karen Gillan avance à deux vitesses, avec d'abord le tempo des franchises. Entre la galaxie Marvel qui ne cesse de s'agrandir, un nouveau Jumanji inévitable, et Bloody Milkshake 2 déjà sur les rails, c'est une machine de guerre qui ne s'arrêtera pas de sitôt pour elle. Rien que le rôle de Nebula l'occupe chaque année ou presque, avec actuellement le quatrième Thor, le troisième Gardiens de la galaxie, et la série animée What If...?.

De l'autre, il y a un rythme sous-terrain, moins connu. Karen Gillan est également réalisatrice depuis 2015, d'abord avec les courts-métrages Coward et Conventionnal. Dans le premier, elle raconte l'histoire d'un homme et d'une femme, liés par un meurtre. Dans le deuxième, elle se donne le rôle d'une actrice de film de genre oubliée, pour une satire délirante entre comédie et horreur. La chirurgie esthétique, la soif de reconnaissance, la célébrité illusoire : tout y passe.

 

photoComic Con de Marvel en 2037

 

En 2016, elle passe au long-métrage avec The Party's Just Beginning, écrit sur le tournage du premier Gardiens de la galaxie, où elle va même pouvoir caster son partenaire à l'écran, Lee Pace. C'est un drame à cheval entre le rire et les larmes, où elle montre évidemment une autre facette plus terre-à-terre d'elle-même. Et la comédie n'est jamais loin puisqu'elle sera dans le prochain Judd Apatow, The Bubble, qui suivra une équipe de tournage qui tente de terminer un film dans un hôtel en plein confinement.

D'ici là, il y a Bloody Milkshake, qui a des airs de best of Karen Gillan. Personnage de tueuse à gages badass, grande enfant dans le corps d'une warrior, scènes d'action délirantes où elle se transforme en clown tueuse, véritable machine de guerre que rien n'arrête : tout est là.

Bloody Milkshake, en salles le 21 juillet

Ceci est un article publié dans le cadre d'un partenariat. Mais c'est quoi un partenariat Ecran Large ?

Tout savoir sur Bloody Milkshake

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Sprig
23/01/2022 à 14:27

Franchement, comparer ce fil à John Wick çà fait mal .
J'ai regardé le film, Karen Gillian joue le même rôle que lorsqu'elle interprête Nebulla à savoir je fais la gueule durant tout le film. Limite je l'ai préférée dans Jumanji. Tout le film est tourné en studio, pas un seul figurant. Bowling vide, couloir vide, bibliothèque vide, et même rue vide.
J'aimais bien ses acolytes mais bon, les tueuses qui se cachent dans un endroit que personne ne consulte…

Fontâmos
23/01/2022 à 14:01

Ah… lorsqu’elle déboule dans Doctor Who attifée en « policière » sexy... je m’en suis jamais vraiment remis ! Coup de foudre immédiat ! D’ailleurs est-ce que ça existe toujours Doctor Who ?-D

Ycvh
21/07/2021 à 02:01

Bloody milshake c'est quand même un sous John Wick au féminin qui laissé un goût de sous marque dans la bouche c'est comme ci ont te dit que tu va manger une bonne côte de bœuf bien saignante et à la place on te donne à becter un cordon bleu père dodu ... Un conseil refaite vous la trilogie John Wick au lieu de ce navet sauce féministe qui fait passer les hommes pour des moins que rien mou du bulbe .

Anthony
18/07/2021 à 14:28

Pareil que mon vdd, je suis tombé amoureux d'elle avec Doctor Who

Den
14/07/2021 à 22:15

dès docteur Who, je suis tombé amoureux.

dahomey
12/07/2021 à 15:15

Clairement Doc Who en a fait une des meilleures acolytes du docteur en devant son égal dans la série, on a clairement deux héros à cette époque, le docteur et elle (voir 3 avec Rory)

Morcar
12/07/2021 à 11:45

Je ne la connaissais que dans Jumanji, ne l'ayant pas reconnue dans les Gardiens de la Galaxie et ne regardant pas Dr Who. Je savais aussi qu'elle était en lice pour l'un des deux projets de "suite" de "Pirates des Caraïbes". Ils devraient simplement les réunir elle et Margot Robbie dans le même film, ça pourrait donner un bon duo.

BadTaste
11/07/2021 à 10:14

@Abibak

C'est pas souvent qu'on peut lire ce genre de choses ! Rose et Donna étant encore et toujours les chouchoutes de la majorité des Whovians (je parle uniquement de la 2ème série).
Je pense presque la même chose, Amy (et Rory, indissociable) a une trajectoire folle dans la série, et je mets clairement son arc au-dessus de celui de Rose, même si les adieux de cette dernière sont déchirants.
Et on ne va peut-être pas être d'accord (et tant mieux), mais je trouve les trajectoires de Martha, et surtout celle de Clara, encore plus passionnantes. :-)

fuck
11/07/2021 à 10:03

C'est la Peter Sellers du blockbuster.

Abibak
11/07/2021 à 07:23

Dans Doctor Who son personnage a un des meilleurs arc de la série, beaucoup plus intéressant que rose Tyler. Autant on peut comparer les doctor Tenant et mat smith, autant karen gillian surpasse billie piper a tous les niveaux.

Plus