Toute ressemblance... bide colossal pour Franck Dubosc, gros perdant de 2019

Geoffrey Crété | 10 avril 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Geoffrey Crété | 10 avril 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

La "comédie" de Michel Denisot n'a pas intéressé grand monde, et rejoint la longue liste des bides avec Franck Dubosc.

C'est l'histoire d'un présentateur de JT superstar, auréolé de gloire et succès. C'est l'histoire de Michel Denisot, présentateur vedette qui s'essaye à la réalisation, sûr de son succès. C'est aussi l'histoire de Franck Dubosc, qui encaisse un remarquable bide dans sa filmographie, loin de ses succès d'hier.

C'est Toute ressemblance..., une comédie sortie en novembre 2019 et arrivée en VOD, et qui mérite donc un petit bilan sur l'échec financier du film, clair dès sa sortie et confirmé depuis.

 

 

LE BUDGET

Toute ressemblance... aurait coûté 8 millions d'euros. C'est un petit budget pour une grosse comédie de prime time, comparé à All Inclusive (15 millions), Ibiza (12 millions), ou Le Dindon (14 millions), tous sortis l'année dernière, ou encore Qu'est-ce qu'on a encore fait au bon Dieu ? (12 millions).

Dubosc est un investissement en soi, avec le salaire que ça implique. Il aurait touché 1 million pour Tout le monde debout en 2018 (sur un budget total de 11 millions), où il était réalisateur et acteur néanmoins. Selon Le Figaro, il avait été payé 900 000 euros pour Les Seigneurs, Plan de table et 10 jours en or.

Mais ce petit monde doré a un peu changé suite au coup de gueule du producteur et distributeur Vincent Maraval (de Wild Bunch) en décembre 2012, dans Le Monde, où il passait au lance-flamme le système, les budgets bien trop élevés, et les salaires absurdes des acteurs (entre 500 000 et 2 millions dès qu'il s'agit d'un visage reconnu). "Savez-vous que Benicio Del Toro, pour le Che, a touché moins que François-Xavier Demaison dans n'importe lequel des films dans lesquels il a joué ? Que Marilou Berry, dans Croisière, touche trois fois plus que Joaquin Phoenix dans le prochain James Gray ? Que Philippe Loiret touche deux fois plus que Steven Soderbergh et sept fois plus que James Gray ou Darren Aronofsky ?"

 

photo, Franck DuboscDécouvrir l'article de Maraval un dimanche matin comme les autres

 

Dubosc avait donné son avis sur cette question, à Nicematin.com, en mai 2013 : "Aucun acteur ne mérite d'être payé autant, comparé à d'autres métiers. Mais si on nous donne l'argent, on le prend ! Le monsieur qui a lancé cette polémique, était un peu amer d'avoir payé cher des acteurs qu'il n'a pas rentabilisés... Mais sa déclaration a secoué le cinéma français et aujourd'hui, on nous propose trois ou quatre fois moins." Maraval avait proposé 400 000 euros max par acteur (avec intéressement sur les recettes, comme une forme de vraie justice), mais difficile de savoir la vérité sur les cachets, bien sûr.

Dans tous les cas, nul doute que Franck Dubosc et Michel Denisot, certes réalisateur novice mais célébrité qui a servi d'argument marketing, ont pesé lourd dans les 8 millions du budget estimé du film.

 

photo, Franck DuboscQuand t'as dépensé 5% de ton salaire en soirée

 

LE BOX-OFFICE

108 155 entrées. Autant dire que c'est ridicule pour un gros film distribué par UGC sur 350 copies, avec une telle affiche, et une promo importante qui a joué avec les médias.

Dès son démarrage, Toute ressemblance...  a été écrasé par la concurrence, face à À couteaux tirés, Last Christmas, Gloria Mundi et Chanson douce. Bref, le public n'en voulait pas.

Le film figure ainsi parmi les gros bides français de 2019, aux côtés du Dindon (14 millions d'euros, 241 000 entrées), Black Snake, la Légende du serpent noir (9,5 millions, 174 000 entrées), Convoi exceptionnel (5 millions d'euros, 122 000 entrées), Just a gigolo (10 millions d'euros, 276 000 entrées) ou encore La Vérité si je mens ! Les Débuts (8 millions d'euros, 193 000 entrées). A chacun de voir lequel de ces budgets semble le plus ahurissant et hilarant.

 

photo, Franck DuboscLe bilan financier

 

LA CRITIQUE

Toute ressemblance... n'a été montré qu'à une petite partie de la presse avant sa sortie - une cinquantaine de journalistes, qui a plutôt aimé le film, a affirmé Michel Denisot sur RTL. Une stratégie très courante, décidée ici par le distributeur puisque le réalisateur la regrette. Pour la défense d'UGC, tout est parti d'eux : c'est à 2h du matin, lors d'un dîner au Festival de Cannes organisé par la société, que Denisot a encore une fois raconté une tonne d'anecdotes sur sa carrière, et que Brigitte Maccioni (la patronne d'UGC) lui a dit qu'il fallait en faire un film. Dès le lendemain, elle insistait, et le chantier était sérieusement lancé.

Dans tous les cas, les avis sont surtout tombés le jour de la sortie, et c'était pas beau à voir.

Une satire qui "empile clichés sur clichés et tourne à vide pendant une heure vingt-trois" pour Télérama. "Le réalisateur semble tellement obsédé à l'idée de caser tous les clichés sur les paillettes et la cruauté du petit écran qu'il en oublie de raconter une histoire", pour Le Parisien.

Le Monde parle d'un "premier film affligeant sur l’univers vicié du petit écran", quand Le Figaro écrivait : "(...) ce premier film qui se voulait une satire du star-système offre hélas une vision caricaturale et vulgaire du monde de la télévision. (...) Toute ressemblance avec une bonne comédie serait fortuite."

 

photoLes journalistes invités en projection

 

Bref, le film a été atomisé sur la place publique, à tel point que Denisot est passé sur RTL après la sortie, pour réagir à ces critiques, en disant être fier du film : "De toute façon, ce n'est pas un film pour les journalistes. Quand on fait un film de journaliste, sur les journalistes, en général les journalistes ont un point de vue... qui est intéressant aussi, mais moi je le fais pour le public.(...) Mais personne n'est insensible aux critiques."

Mais pas d'inquiètude, Michel va bien. Il vient de quitter Vanity Fair, dont il était directeur de publication, en écrivant : "Mon film m’a ouvert plus de portes que je ne le croyais et a provoqué des sollicitations inattendues auxquelles j’ai dit oui. J’ai de la chance."

 

photo, Franck DuboscComment ça je dois faire diversion sur les plateaux ?

 

LA PROMO

Chose désormais très classique pour une grosse comédie française : Toute ressemblance... a joué sur les deux tableaux promo, avec d'un côté une presse filtrée à l'extrême pour éviter des critiques négatives avant la sortie, et de l'autre, une présence importante dans les médias pour un cirque classique.

La manœuvre est simple : empêcher une critique négative avant la sortie pour libérer l'espace, l'occuper avec des acteurs habitués à faire le show et des présentateurs obligés de dire du bien du film (ou plutôt, ne pas dire de mal), et créer un sentiment positif pour le public. Si tout le monde en parle, et que son émission préférée accueille les acteurs, le film doit être sympathique, non ?

Quotidien, C à vous, Vivement dimanche, LCI, Canal+, BFM, Brut... l'équipe a dragué tous les publics. Après une interview sans intérêt, Dubosc a pu prendre la place d'Anne-Claire Coudray au 20 heures de TF1, le 16 novembre, dans un grand numéro de copinage et spectacle. Que diverses personnalités comme Laurent Delahousse, Nikos Aliagas et PPDA, apparaissent dans le film, n'a évidemment rien à voir avec ce manège.

 

photo, Franck DuboscCopains comme cochons

 

LE BILAN

La carrière d'un film ne se fait pas uniquement en salles, puisqu'il y a les ventes à l'international (assurées ici par Orange Studio), le marché de la vidéo, et les diffusions TV. Mais reste à savoir si Toute ressemblance... a une vraie vie hors de la France, tandis que le marché de la vidéo ou VOD reste bien maigre, et que même le succès sur le petit écran n'est pas toujours aussi énorme que prévu.

Dans tous les cas, c'est un gros échec pour Franck Dubosc en tête d'affiche, après All Inclusive, lui aussi une déception en 2019. Il faut remonter à Pension complète (environ 270 000 entrées) ou 10 jours en or (dans les 100 000 entrées), pour trouver comparable. Sans oublier bien sûr Cinéman le fabuleux, avec ses 19 millions de budget et ses 300 000 spectateurs.

Heureusement, l'acteur tourne plus vite que son ombre puisque 10 jours sans maman, sorti en février, a déjà rassemblé plus d'1,1 million de spectateurs (et est désormais disponible en VOD). Il prépare aussi son deuxième film comme acteur et réalisateur, Rumba la vie, sur un père qui veut retrouver la fille qu'il a abandonnée, et qui est devenue professeur de danse. "Tony s'inscrit alors à ses cours, même s'il déteste danser !", précise le synopsis officiel. L'impatience est là.

 

photo, Franck DuboscDanser, oublier, jusqu'au prochain bide

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commentaires
Albator
25/04/2020 à 09:27

Je subventionne ces.... choses alors qu'on ne m'à pas demandé mon avis. Ça s'appelle du racket. En plus je ne vais jamais au cinéma. .. Rendez-moi mes impôts svp...

Dsluc
17/04/2020 à 19:10

De toute façon, le filon est le même : prenez non pas un acteur professionnel, mais un humoriste qui a ses entrées sur les plateaux TV. Faites un scénario à la va vite avec juste un peu d'humour pour faire sourire. Mettez quelques millions d'€, prenez les financements publics et hop, faites une promo grâce à tous vos copains de ta TV, bien contents de pouvoir faire le buzz avec des humoristes qui font le show. Alors cerise pour le gateau ici, rajoutez un réalisateur ami avec toute la télé et là, c'est jackpot niveau marketing pas cher! Bah non..... raté!
Mention spéciale à l'émission quotidien, qui fait de la pub à tous leurs poulains, que ce soit des livres qui sortent, des spectacles ou des films comme Fortes. Certains diront que c'est du corporate, moi, je trouve que c''est de la publicité forcée au détriment des autres oeuvres dont les auteurs ne font pas partis du milieu

Antigone
16/04/2020 à 00:50

Tout le drame du cinéma français de ces dernières années est résumé dans cet article. Un film qui coûte des millions, qui est un échec énorme artistique et commercial, mais allez comprendre, producteurs et acteurs s'en mettent pleins les poches. Et c'est vrai pour 90% des bides au cinéma, tout le monde se régale au passage alors pourquoi faire de la qualité ? On demande de l'eau tiède à faire couler dans le robinet alors en voilà.
Les perdants ? Les amoureux du vrai bon cinéma, et les contribuables qui financent et subventionnent inévitablement tous les films.
Est ce que cela se passe autrement ?

The Moon
13/04/2020 à 02:52

Le retournement de veste légendaire de Dubosc à eut un impact considérable sur le nombre d'entrée...
Il va être boycotté ad vitam eternam...

Roberto75
12/04/2020 à 14:05

Je ne suis pas du tout fan des films de Dubosc. Mais ce genre d'article hautain et condescendant est juste pathétique. A aucun moment on n'y parle de cinéma. Si t'as un autre job, garde-le mon gars.

Marvelleux
11/04/2020 à 18:48

Des humoristes qui se prennent pour des acteurs, et surpayés en plus, et voila le résultat.

ilulu
10/04/2020 à 21:10

De toute façon, l'époque ou le succès se faisait rien qu'avec le nom d'un acteur est révolu. Pierre Richard, De funes, Belmondo, Delon tout ça c'est finit. Au mieux, aujourd’hui c'est un one shot ou deux pour un artiste connu. Il n'y a rien sur la durée. Après pour ce genre de film, les producteurs comptent plus sur la TV que sur une sortie ciné.

M1pats
10/04/2020 à 17:08

Ah quelle belle nouvelle

Y a de l espoir parfois dans ce monde

Abby17000
10/04/2020 à 17:02

J'ai été le voir au ciné, franchement j'aime birn Dubosc, mais le film est nul à "chier"...

Kyle reese
10/04/2020 à 16:55

Pas fan du tout de Dubosc, mais rien contre lui, j'avais pourtant bien aimé son Tout le monde debout que j'ai trouvé réussi. Pour le reste, je ne sais pas je n'ai vu aucun des films cités.
J'ai un énorme apriori sur les comédies françaises d'aujourd'hui.
Heureusement il y a parfois des exceptions mais ça ressemble pour moi à des produits industriels.

J'ai juste ri à la bande d'annonce de Just a gigolo avec la scène de la piscine.

Je suis aussi en manque de la comédie US qui tache avec du Jim Carrey dedans et des films à la Farrelly de la grande époque. C'est sur que ce n'est pas facile de faire rire au cinéma.

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