Films

The Square : critique de la réjouissante Palme d’or

Par Alexandre Janowiak
18 mai 2020
MAJ : 22 juin 2023

Le réalisateur Ruben Östlund faisait figure de favori pour intégrer la sélection de ce 70e festival de Cannes avec son The Square. Finalement, c’est à la dernière minute qu’il est entré en course pour la Palme d’Or pour la remporter à la surprise générale. A juste titre ?

The Square : Photo Terry Notary

WILD PALME

Ruben Östlund est un fidèle de la Croisette et un habitué des prix. Passé par la Quinzaine en 2011 avec Play, Un Certain Regard en 2008 (Happy Sweden) et en 2014 avec Snow Therapy, le cinéaste nordique s’est vu, à deux reprises, récompensé par les jurys. En 2017, il a atteint le stade ultime en concourant pour la fameuse Palme avec The Square et mieux, en la recevant des mains du président du jury Pedro Almodóvar.

Le long-métrage raconte l’histoire d’un conservateur de musée d’art contemporain préparant une nouvelle exposition expérimentale intitulée The Square. Il s’agit d’un carré installé sur une place de Stockholm représentant « un sanctuaire de confiance et de bienveillance […] où nous avons tous les mêmes droits et les mêmes devoirs. » Mais, après s’être fait dérobé son portefeuille et son portable par des pickpockets très inspirés, la bienveillance dudit directeur va s’avérer beaucoup plus mince que prévue.

 

PhotoSuivez le guide

 

ART THERAPY

Dès les premières minutes, Ruben Östlund donne le ton. Une interview totalement absurde sur l’art contemporain entre Christian, directeur de musée (Claes Bang), et une journaliste américaine (Elisabeth Moss) ouvre The Square. Avec une mise en scène d’une virtuosité sans égale cette année-là en compétition, le long-métrage se moque allègrement de l’art. Des expositions loufoques (des petits tas de gravats, des chaises empilées très bruyantes…) à l’impressionnant dîner avec l’homme-chimpanzé (Terry Notary possédé) il nous offre des séquences tordantes, grinçantes, choquantes, inattendues mais lourdes de sens. 

 

PhotoClaes Bang est la vraie révélation du film

 

Comme pour son Snow TherapyRuben Östlund met une nouvelle fois la confiance (perdue) des sociétés nordiques au centre du récit grâce à un personnage principal, superbement écrit et interprété par l’impérial Claes Bang.

Le cinéaste se joue de ce directeur qui déplore une bourgeoisie hypocrite, regrette une société aux valeurs dissonantes – pleurant les immigrés mais ne cherchant pas à les aider – et en manque de confiance, mais qui s’avère pourtant lui-même de la haute, égoïste et incapable de croire en qui que ce soit. Tellement effrayé par l’autre qu’il refuse, dans une scène ubuesque, de confier son préservatif usagé à sa conquête d’un soir.

 

Photo Elisabeth MossOn s’assoit ?

 

TOO MUCH ART ?

Malgré sa maestria artistique et sa belle portée philosophique, The Square est peut-être un peu trop démonstratif et finit par naviguer à vue. A l’image de son superbe travelling vertical final, où Christian semble s’enfoncer dans un escalier qu’il gravit étage par étage, le film s’enlise dans un récit qui s’éternise (et frôle l’essoufflement).

Ruben Östlund tourne en ridicule l’art, critiquant les fines différences qui le séparent de la com’. Malheureusement, à trop vouloir en faire, on se demande parfois si le réalisateur ne finit pas lui-même par sombrer dans ce qu’il dénonce.

 

Affiche française

Rédacteurs :
Résumé

Doté d'une mise en scène impressionnante et d'un humour caustique tordant, The Square , à défaut de contenter tous les esprits, les marquera assurément. L'empreinte des grands films.

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Commentaires
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Moi et personne d'autres

Beau film

Micheline Brele

J’adore le film ,tout en aimant la partie de l’art contemporain qui n’y est pas référencé,mais j’adore aussi les commentaires, bravo les mecs continuez?!!

Mounette

Trop long …Bonne et juste critique de l’art contemporain …Que vient faire l’homme chimpanzé là-dedans?..est-ce une œuvre d’art? Et la palme d’or?
On s’est em….!

galetas

A moitié convaincu.
Le réalisateur fait son malin et se disperse trop dans sa fronde de l’art contemporain.
Son film précédent était beaucoup plus efficace.

Stivostine

Beaucoup aimé ce film, chui bien rentré dedans, les pauvres vs les riches tout un programme…..au fait danny boyle ne fera pas le JB, divergences artistiques, tu m’étonnes.

Grunt

Beaucoup de choses à dire mais le cœur est absent. Je préfère encore regarder des films avec Frankie Avalon et Annette Funicello.

vivele cinéma

nul et chiant

yonnah

intéressant mais à force de détails et vouloir trop dire et expliciter on s’impatiente .dommage trop long .On n’en demande pas tant .L’insistance est lourde malgré un sujet passionnant .

ICARE

Les commentaires précédents donnent le niveau de culture cinématographique de leurs auteurs! Qu’ont ils apprécié d’une mise en scène fabuleuse (ils doivent certainement mieux apprécier la caméra sur l’épaule) d’une musique dont personne ne fait mention (et que dire des silences- pourquoi l’unique voiture du film est une Tesla-?) Quelles « palmes d’or » ont-ils déjà vues? Pour eus, Bunuel doit être le roi des ringards!

corleone

Sigh va voir ailleurs si j’y suis pauvre gnouc.