Iris : Fessée critique
Du drame intimiste au biopic de luxe en passant par la série historique aux ambitions hollywoodiennes, Jalil Lespert a manifestement bien des cordes à son arc. La dernière en date se pare des atours du film noir et s’intitule Iris. Nous a-t-elle touchés au cœur ?
Trame Fatale
Quand un cinéaste français se frotte à un genre aussi codifié visuellement, thématiquement que le film noir, en invoquant la structure classique mais également les archétypes traditionnels (la femme fatale, le prolo désespéré, le grand bourgeois manipulateur, le flic tenace, etc), l’inquiétude pointe le bout de son nez. Ce programme, perçu – injustement – comme typiquement américain, fait toujours craindre que le cinéma hexagonal se casse les dents sur des stéréotypes qu’il maîtrise mal.
Pour une fois, ce n’est pas le cas. Tout maladroit et bancal qu’il soit, Iris embrasse à pleine bouche son univers capiteux, fait de manigance, séduction, fausses pistes et stupre qui colle. Très à l’aise dans un Paris nocturne qui s’étend des arcanes des petits garages banlieusards jusque dans les luxueuses boîtes à partouze de Montmartre, Lespert promène sa caméra avec une certaine élégance, et joue à fond la carte du scénario à tiroirs et des rebondissement en cascades.
Iris au pays des Vermeilles
Si le résultat est le plus souvent très divertissant et gentiment sexy, grâce à un enchaînement de retournements continu, c’est au prix d’énormes faiblesses d’écriture. En effet le film sacrifie souvent sa vraisemblance à l’impact qu’il espère occasionner chez le spectateur. Pour apprécier Iris, pensez donc à ranger votre suspension d’incrédulité au fond d’un coffre, puis jetez la clef, fichez le feu au bâtiment, sous peine de voir les nombreuses incohérences du récit vous sauter au visage.
De même, le casting fait ce qu’il peut pour donner le meilleur de personnages plutôt unidimensionnels. Lespert et Duris jouent avec aisance, tandis que Charlotte Le Bon parvient sans mal à enflammer l’écran dès qu’elle apparaît, tour à tour vulnérable, prédatrice ou tout simplement d'une sensualité incendiaire.. Tous trois tiennent l’ensemble, parvenant ici et là à nous faire oublier ses raccourcis et imprécisions.
Au final, Iris n’est ni un implacable film noir, ni la pantalonnade érotico-chic redoutée, mais un divertissement un peu bancal, qui tire son charme de sa modestie et de l’amour du genre dans lequel il s’inscrit.
Lecteurs
(3.3)