American Nightmare 3 : Election - critique armée et dangereuse
American Nightmare en est déjà à son troisième épisode. Après un premier chapitre au concept accrocheur mais sous-exploité, une suite sympathique mais petit bras, le réalisateur James De Monaco est-il parvenu à tirer toute la quintessence de son univers dystopique et bourrin ?
KILL THEM ALL
Toujours produit par Blumhouse, maison mère des Paranormal Activity spécialisée dans la fabrication industrielle de petits films de genre fauchés et ultra-rentables, American Nightmare 3 pouvait laisser redouter le pire. Une idée usée jusqu’à la corde et jamais finement exploitée, un traitement bas du front, des comédiens de seconde zone en roue libre, tout était à craindre dans ce projet qui sentait les dollars facile plus que l’inspiration ou l’amour d’un cinéma humble et décomplexé.
Et pourtant, American Nightmare 3 (The Purge : Election Year dans la langue de Stallone) est à bien des égards un petit miracle. Tout d’abord parce qu’il est le premier chapitre de la saga à être véritablement regardable. L’action y est toujours claire, le filmage réfléchi et lisible, sans sacrifier à la brutalité de ce qui se déroule sous nos yeux. Et si l’ensemble (qui n’a coûté que 10 millions de dollars) demeure d’une grande humilité, De Monaco parvient toujours à dissimuler les limites évidentes de son budget, et à un ou deux artefacts numériques près, nous plonge sans fioritures ni loupés esthétiques dans cet univers où chaque année, les citoyens américains s’entretuent pour la bonne cause.
AMERICA FUCK YEAH
Mais ce qui fait de ce cauchemar américain une vraie réussite, c’est son discours politique, sous-jacent depuis les débuts de la franchise mais pleinement assumé pour la première fois. On pouvait regretter que les précédents épisodes n’abordent que du bout des lèvres leur sous-texte politique (violence de la culture américaine, cannibalisme des élites et prolifération des armes) tout en jouissant de ce qu’ils prétendaient dénoncer. Une dimension putassière qui est ici beaucoup plus assumée, tout simplement parce que le réalisateur se jette à corps perdu dans ce récit en forme de brûlot radical.
American Nightmare 3 a beau être une série B ultra-violente, reposant sur les shots d’adrénaline inoculés régulièrement au spectateur, il s’agit d’un véritable film politique, à l’agressivité parfois sidérante, qui n’oublie jamais d’intégrer la part de grotesque inhérente à un exercice de style par définition extrême.
OH MY GORE
Difficile de trouver dans le cinéma américain contemporain (à fortiori dans le cinéma dit d’exploitation), un métrage qui adresse aussi frontalement les questions de la violence policière, du populisme, et nomme aussi clairement ses adversaires. La NRA est ainsi ouvertement visée par le film, qui tire à bout portant sur l’establishment, le parti républicain et ses satellites extrémistes. Une telle agressivité fait plaisir à voir et confère à l’ensemble une énergie revigorante, une rage de sale gosse, qui transforme par instant cette série B bas du front en massacre punk, où l’on explose des ados au fusil à pompe, avant de nettoyer les institutions américaines à coups de pétoire.
Quant à l’amateur d’action bourrine et décérébrée, qu’il se rassure, American Nightmare ne s’est pas transformé en pensum gauchiste et étale toujours avec complaisance des fusillades et meurtres gorasses avec générosité. Frank Grillo y confirme avec justesse son statut d’action man, sorte de droopy ionoxydable, capable de dézinguer des enfants à mains nues pour peu qu’ils lui répondent avec insolence.
Bien sûr, on sent encore l’empreinte de la recette Blumhouse, faite de raccourcis scénaristiques énormes, de deus ex machina gras comme un lendemain de Thanksgiving, et si la réalisation est souvent très propre, montage et photographie demeurent trop fonctionnels pour permettre à American Nightmare 3 de se hisser au-dessus de sa condition de série B enragée.
Lecteurs
(3.2)12/08/2016 à 16:56
"j'ai adoré le versant politiquement."
Il semblerait que tu n'ai pas fini ta phrase...
20/07/2016 à 20:27
j'ai adoré le versant politiquement. Les scènes de carnage à l'aide de véhicules résonnent douloureusement après le massacre de Nice. très inspiré et très malin. un vrai bon moment et on sort avec des réflexions sur la société. Un vrai régal
11/07/2016 à 08:59
Le premier était sympathique et n'était que la mise en jambe de cet univers. Le 2 une série B des 80's de très bonne facture, bien jouissif. Je n'en peux plus d'attendre...
09/07/2016 à 22:28
Pas vu le 1, mais le deux était pas mal, avec son côté année 80.
08/07/2016 à 13:24
Le 2 contrairement au 1 exploitait le plein potentiel de l'idée principale. Vivement cette suite.