Critique : Wrong cops

Simon Riaux | 30 septembre 2013
Simon Riaux | 30 septembre 2013

Un flic replet, visiblement peu au fait des dernières avancées dans le domaine du gel douche, refile à un gamin un rat crevé, bourré ras la gueule d'herbe. C'est ainsi que s'ouvre le Wrong Cops de Quentin Dupieux, un temps envisagé comme une série, puis un film à sketch, avant de devenir... un film. Ni prolongement ni resucée du solaire Wrong, il établit clairement une continuité dans l'univers de l'artiste, et achève d'installer ses personnages et obsessions au sein d'un monde persistant.

Il y est donc question de policiers sales, irrévérencieux, irresponsables et violents, de sordides affaires de mœurs, d'un adolescent aux goûts éminemment discutables, d'une truelle rédemptrice, mais surtout de musique. Une son électro qui traverse chaque arc narratif, dynamise les caractères, pousse tous les personnages dans leurs retranchements. Pour la première fois dans un film de Dupieux, elle se fait moteur du scénario, sa destination, ou son McGuffin halluciné.

Elle s'insinue dans tous les pores du film, en une symphonie électrique et irrésistible, maximise certains gags, en générant d'autres, soutenant une intrigue bordélique et protéiforme. Le terme est d'ailleurs à relativiser, le scénario se révélant un enchevêtrement de courts récits, de quêtes absurdes ou débiles. Ce que Wrong Cops ausculte et interroge de la plus anarchique des manières, c'est la recherche du possible, la volonté de faire exploser le cadre. L'œuvre de Dupieux est d'une liberté sidérante, qui ne prend jamais le spectateur de haut, mais l'invite à venir briser le quatrième mur. De toute évidence, le réalisateur ne nous ment pas quand il affirme n'avoir aucune idée de ce qu'il raconte lors du tournage, de toute évidence, nous assistons à un récit et une exploration qui se structurent sous nos yeux.

Aussi le métrage nous perd-il régulièrement en cours de route, lorsque son auteur peine à raccrocher les wagons, que le délire s'enfonce si loin dans sa psyché qu'il se déconnecte de la nôtre. Mais ces quelques menus défauts sont le prix à payer pour une excursion férocement jubilatoire, un acte réflexif et punk qui sent bon les boobs poilus et le fond de calecif.

 

EN BREF : Réussi comme un trip trop fort, efficace comme un morceau de minimale de derrière les fagots, Wrong Cops agit sur le cerveau du spectateur comme une grenade à fragmentation, un appel au bordel généralisé difficile à ignorer.

Résumé

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(3.5)

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