Critique : Week-end royal

Sandy Gillet | 27 février 2013
Sandy Gillet | 27 février 2013

À l'été 39, le roi George VI du Royaume-Uni (celui du Discours d'un roi oui) se rendit en Amérique du Nord à l'invitation de Roosevelt dans le but de raffermir les relations anglo-américaines en vue de la seconde guerre mondiale imminente. C'était la première fois qu'un monarque anglais foulait le sol des États-Unis depuis l'indépendance américaine en 1776. Le symbole était fort et allait devenir un repère historique majeur qui marquerait le début d'une nouvelle ère entre amitié sincère et alliances à tous les étages dont les effets perdurent encore aujourd'hui. Le film de Roger Michell immortalise à sa manière cette charnière historique en s'intéressant tout particulièrement au week-end passé par le couple royal dans la maison de campagne présidentielle située à Hyde Park dans l'État de New-York. Entre mise en scène classique, photographie solaire et sous-intrigue amoureuse peu connue mais historiquement vraie, Week-end royal s'assure d'emblée un capital sympathie qui ne se démentira jamais.

Pour autant on n'attendait pas Roger Michell si haut perché lui dont la filmographie n'a pour l'instant laissé à la postérité qu'un Coup de foudre à Notting Hill, sorte d'ersatz un peu rance de ce qui se faisait à l'époque, et le refus de réaliser Quantum of solace (avec le recul, il a certainement bien fait). Un raccourci on en conviendra de mauvaise foi mais qui illustre tout de même assez bien le parcours d'un cinéaste d'origine sud africaine peu touché par la grâce jusqu'ici. Et d'ailleurs Week-end royal ressemble quelque peu à Morning glory, sa précédente réalisation avec Harrisson Ford et Rachel McAdams, qui pâtissait d'une réalisation un peu terne et d'enjeux comiques assez pauvres. Sauf qu'ici cette mise en scène doucereuse voire effacée est au service d'un scénario habile, bien ficelé sachant combiner la petite avec la grande Histoire. Où il est question aussi d'une direction d'acteurs exemplaires avec en tête un Bill Murray savoureux en Roosevelt épris de sa cousine Daisy (délicieuse Laura Linney que les sériephiles connaissent surtout en Cathy Jamison dans The Big C) tout en étant très au fait des enjeux politiques suscités par cette visite royale.

Bill Murray fait d'ailleurs merveilleusement illusion distillant cette image historiquement vraie d'un Président très en avance sur son temps quant au pouvoir de l'image sur les masses. Ainsi quand au cœur du week-end est organisé un pique nique, Roosevelt n'avait pour seul objectif que le roi George VI se fasse prendre en photo mangeant un hot-dog afin de le rendre accessible et pourquoi pas populaire auprès de ces américains qui deux ans plus tard voleront au secours de l'Europe. Un lobbying par l'image qui portera donc ses fruits que le film montre sans ambages mais avec beaucoup de finesse. Sa force ainsi est de nous amener sans coup férir au cœur du pouvoir, au cœur des décisions qui font l'Histoire mais aussi au cœur d'une rhétorique de cinéma jusqu'ici un peu étriquée qui se découvre enfin des ambitions propres à marquer une filmographie.

Résumé

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(0.0)

Votre note ?

commentaires
Aucun commentaire.
votre commentaire