Critique : Les Revenants

Christophe Foltzer | 2 décembre 2012
Christophe Foltzer | 2 décembre 2012

Précédemment sur EcranLarge :

« Même si nous n'en avons vu que 3 [épisodes], nous le sentons déjà, il se passe clairement quelque chose avec cette série. Et si elle concrétise toutes les promesses qu'elle nous a faites, elle marquera une vraie date dans la réhabilitation de la fiction télé en France. »

 

Au terme des 8 épisodes, une constatation s'impose : Les Revenants nous font passer un très bon moment, riche en idées lumineuses et en émotions mais, au final, la série ne tient ses promesses qu'à moitié. Tentative d'explication, sans trop spoiler.

 

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Il y a quelque chose d'étrange avec cette série et qui la rend difficile à cerner. Un paradoxe, une énigme, que l'on retrouve dans la construction même de l'histoire. En effet, la première moitié suit ce que vous avez découvert la semaine dernière : des personnages forts, riches, bien construits, traumatisés et qui ne demandent qu'à s'en sortir. L'arrivée des morts, les conséquences psychologiques et pratiques que cela sous-entend et surtout l'intuition qu'il se passe quelque chose de grave. Que ces morts ne sont pas tout à fait les mêmes qu'avant et qu'ils ne sont pas forcément aussi bienveillants qu'ils paraissent. Une construction en crescendo où les personnages (vivants ou non) gagnent en profondeur d'une séquence à une autre, dans une logique implacable qui laisse entrevoir un drame humain basculant potentiellement dans l'horreur. Et dans sa globalité, c'est ce que nous avons une fois la série terminée. En cela, le contrat est rempli. Mais c'est dans le chemin emprunté pour y arriver que Les Revenants montre quelques signes de faiblesse, et particulièrement dans sa seconde partie, davantage portée sur les coups de théâtre, les retournements de situation et l'installation d'une mythologie que le développement de ses personnages.  Et c'est bien dommage, puisque le cœur de cette série se trouve justement dans ses personnages, tous perdus, souffrants, aspirant à un repos qu'ils n'auront probablement jamais. En les faisant tourner en rond durant quelques épisodes, voire carrément agir de façon totalement contradictoire par rapport à tout ce qui a été construit jusqu'alors, les scénaristes perdent une partie de la cohérence de leur univers ainsi que de la puissance émotionnelle de l'ensemble et semblent les sacrifier sur l'autel de l'efficacité immédiate, à l'image de certaines séries américaines telles que The Walking Dead, tendance qu'ils avaient évité avec brio jusqu'à présent. Tout cela, malheureusement, nuit quelque peu au plaisir que l'on a à suivre ces destins brisés parce que, justement, on ne les comprend pas toujours. Pourquoi Léna agit-elle de la sorte ? Que se passe-t-il dans la tête d'Adèle ? Et Pierre hein ? Et Victor ? Toute cette galerie de personnages si complexes, si riches, si passionnants, perdent de leur profondeur, deviennent pour certains des archétypes, et leur évolution n'en est que plus schématique d'autant que les conséquences de leurs actions sur l'univers de la série (et sur les autres personnages) ne sont jamais vraiment aussi importantes qu'elles le devraient.

 

 

Pourtant, qu'on ne s'y trompe pas, ce qu'elle perd en fond, la série le conserve dans la forme. Et là-dessus, rien à dire, c'est tout bonnement magnifique. Entre l'ambiance toujours aussi prenante, la musique dont nous n'avons pas encore parlé (et c'est une erreur) bouleversante et entêtante (ah, ce générique), la mise en scène pensée et maîtrisée et un nombre de séquences visuellement impressionnantes, voire réellement superbes pour certaines, Les Revenants confirme son statut de série exigeante et de qualité. Le final, quant à lui, renoue avec la poésie macabre des débuts et appelle obligatoirement une deuxième saison tant il reste de pistes à explorer, de choses à expliquer, d'histoires à raconter. Nous ne dévoilerons rien ici, à la rigueur nous y reviendrons lorsque la diffusion sera terminée, mais il est clair que la conclusion risque de faire parler d'elle, qu'elle amènera son lot d'analyses et de théories chez les fans et contribuera à la pérennité de ce projet décidément unique dans la production française.

Malgré les quelques faiblesses exposées plus tôt, dues probablement au fait que les auteurs évoluent en terre inconnue, Les Revenants est une série extrêmement attachante, importante (on ne le répètera jamais assez) et qui mérite son succès. Nul doute que les scories dont nous avons parlé seront effacées dans la prochaine saison qui, si elle fait preuve d'autant de maîtrise dans le fond que celle-ci en a dans la forme, risque bien de nous mettre une bonne claque. En tout cas c'est tout ce qu'on lui souhaite.

 

Les Revenants, depuis le 26 novembre, tous les lundis à 20h55 sur Canal+.

 

Retrouvez l'intégralité de notre rencontre avec Jimmy Desmarais, producteur délégué de la série, en cliquant sur l'image ci-dessous : 

 

Résumé

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