Les Revenants : Premières impressions

Christophe Foltzer | 26 novembre 2012
Christophe Foltzer | 26 novembre 2012

Il n'aura fallu qu'une poignée de plans (un accident de bus en fait) pour tomber totalement sous le charme des Revenants, la nouvelle création originale proposée par Canal+. Dès le départ, un réel sens de la mise en scène s'impose, chose quasi inédite à la télévision française ces dernières années, ainsi qu'une ambiance pesante, prenante et mélancolique en diable, qui se confirmera dans l'admirable générique et tout au long des 3 épisodes que nous avons pu voir en avant-première il y a quelques semaines. Seulement voilà, ne voir que 3 épisodes sur les 8 ne nous permet absolument pas de faire une vraie critique. Mais comme la série nous semble vraiment importante pour la fiction télé française, nous avons décidé de mettre en place un dispositif un peu spécial sur EcranLarge, avec une critique en deux temps. Ainsi vous trouverez aujourd'hui un article se limitant aux trois premiers épisodes, dont deux diffusés ce soir, et lundi prochain une critique sur l'ensemble de la série sera mise en ligne, car d'ici là nous aurons normalement vu le reste.

 

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Bien qu'adapté du film Les Revenants de Robin Campillo (2004), déjà produit par Haut&Court, la série s'en écarte sensiblement dès son synopsis : Dans une petite ville de montagne, les morts reviennent, sans plus d'explications que de raisons. Et pour la plupart, ils ignorent même qu'ils sont morts. Comment alors gérer ce retour, si lourd de conséquences pour les vivants et pour les autres ? Et que faire lorsqu'un dangereux serial-killer est peut-être l'un d'entre eux ? Et si, justement, la mort les avait tous changé ?

En privilégiant le drame plutôt que le gore qui tâche, Fabrice Gobert (réalisateur et scénariste de la série) a fait le bon choix, puisqu'en se concentrant sur l'aspect humain, sensible, de l'histoire, il s'affranchit derechef de tous les poncifs inhérents au genre et de toutes ces scènes qu'on aime voir dans les films de zombies mais qui auraient été totalement ridicules transposées dans la province française. Il y a clairement une volonté de proposer quelque chose de différent, de rester constamment à la lisière du fantastique sans jamais y plonger totalement, de ne pas sacrifier aux passages obligés et surtout d'offrir une expérience unique et riche en émotions. Car, et c'est assez remarquable pour être signalé, rarement nous avons eu autant d'empathie pour les personnages dans une série française et, vu sous cet angle, Les Revenants se libère totalement de ses origines pour rejoindre la création américaine. Mais encore une fois la série surprend parce qu'elle ne copie pas ses modèles bien qu'elle les cite, sans jamais forcer le trait ceci dit, tout en n'oubliant à aucun moment son objectif premier : parler de l'humain. Elle se rapproche ainsi davantage de séries comme Six Feet Under que de The Walking Dead (dont on aurait pu craindre une copie mal inspirée, « à la française » quoi). On pourrait également citer Les 4400 ou Twin Peaks, mais on regarde davantage vers le cinéma et Morse (Tomas Alfredson, 2008) en particulier tant les parallèles thématiques et esthétiques se créent naturellement au fil de l'histoire. Et ça fait un bien fou de voir une série fantastique française qui prend enfin le temps de raconter une histoire, de développer ses personnages, d'explorer quelques zones encore tabous à la télévision, sans que cela ne tombe dans le cliché, la caricature ou l'étalage de viande froide.

Alors bien sûr, la série (du moins ce qu'on en a vu) n'est pas parfaite. On peut regretter que certains comédiens se révèlent en deçà de leurs partenaires, principalement dans leurs premiers dialogues, mais il se constitue rapidement une homogénéité entre eux qui compense ces débuts difficiles. Qu'il s'agisse des rôles principaux ou de personnages plus secondaires, tous se révèlent au final bien incarnés, touchants, logiques dans leurs psychologies et dans leur rôle au sein de l'histoire. Par contre, et c'est regrettable, la partie policière est clairement la plus faible. On y retrouve quelques tics de séries « à la française » et il est étonnant de constater à quel point toute situation peut perdre de sa crédibilité dès qu'elle se passe dans un commissariat ou qu'elle fait intervenir des gendarmes en uniformes. Notons enfin quelques arcs scénaristiques moins passionnants que d'autres mais qui, à n'en point douter, s'enrichiront au fil des épisodes.

Mais que tout cela ne vous empêche pas de regarder les deux premiers épisodes diffusés ce soir sur Canal+. Même si nous n'en avons vu que 3, nous le sentons déjà, il se passe clairement quelque chose avec cette série. Et si elle concrétise toutes les promesses qu'elle nous a faites, elle marquera une vraie date dans la réhabilitation de la fiction télé en France. En tout cas, nous, on y croit, pour la simple et bonne raison qu'une série fantastique française qui parvienne à nous donner des frissons tout en nous proposant de réfléchir à notre propre humanité ça n'arrive pas tous les jours et c'est peut-être même une première.

 

Les Revenants, à partir du 26 novembre, tous les lundis à 20h55 sur Canal+.

 

Retrouvez notre rencontre avec Jimmy Desmarais, producteur délégué de la série, en cliquant sur la photo ci-dessous : 

© Chris Huby

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