Critique : Red eagle

Aude Boutillon | 4 juillet 2011
Aude Boutillon | 4 juillet 2011

Si la production cinématographique thaï reste relativement discrète et méconnue dans nos contrées, au profit d'un cinéma japonais qui peine à se renouveler, et coréen qui mérite l'attention de tous les instants, elle n'en est pas moins riche et profondément généreuse, à l'image de ses consœurs philippine ou indonésienne. Le genre fantastique est l'écrin privilégié de ces industries souvent imparfaites mais généreuses, et les festivals l'occasion rêvée de découvrir ces films qui ne parviendrons probablement jamais à se frayer un chemin jusqu'à nos salles.

Encore une histoire de super-héros auto-proclamé, clamerez-vous ? Vous auriez bien raison, et c'est là la grande faiblesse de Red Eagle, remake contemporain d'une série thaï des années 1960, qui en dépit de son apparente ambition n'apporte absolument rien au genre, malgré des promesses introduites en ouverture. Dans un futur très proche (donc possiblement comparable à l'époque actuelle), Bangkok n'est plus que corruption et malhonnêteté, menée au bâton par des politiciens dont l'hypocrisie est constamment soulignée ; le fervent défenseur de l'environnement cède ainsi aux sirènes du nucléaire sitôt élu premier ministre. La critique n'est cependant jamais poussée plus loin, et l'ensemble du film cède à des raccourcis malheureux, qui sont autant de généralisations dépourvues de nuances (les politiques sont tous des menteurs et les policiers des vendus). Dans cet environnement peu enviable, le vigilante Red Eagle rend sa propre justice, mais se retrouve rapidement pourchassé par un tueur sanguinaire armé d'une lame très affutée, et qui semble prendre sa tâche très à cœur. Au cœur de tout cela, une jeune femme qui semble connaître l'identité du Red Eagle et sourit bêtement sur une musique mièvre au souvenir du bon vieux temps. Rien de nouveau sous le soleil, donc, et c'est bien dommage, tant Red Eagle semble soucieux d'offrir du grand spectacle. Les combats sont de fait relativement soignés, voire inventifs et drôles par moments (ah, l'attaque au wok, cette arme fatale), et qui plus est nombreux. Malheureusement, le film souffre d'une durée excessive qui nuit considérablement au rythme, grignoté par des scènes dispensables et excessivement explicatives, cédant parfois à des clichés grotesques ; citons par exemple les flash-back de guerre et une scène d'amour plus ridicule que passionnelle, qui a fait hurler de rire un public qui ne s'y trompe pas.

Red Eagle peine en effet à trouver son ton, qui empreinte à tous les genres sans parvenir à se forger une identité propre. En résulte un film plaisant mais inégal, flirtant tantôt avec le grotesque, tantôt avec la romance, sans paraître assumer totalement son côté barré. A des instants surréalistes (et drôles !) succèdent ainsi des scènes inexplicablement sérieuses, beaucoup trop longues et loin d'être nécessaires à l'intrigue.

Comble du comble, alors que l'on commence à se demander où va tout ce toutim qui s'étale sur plus de deux heures, le film s'achève sur un « A suivre... » qui flaire un peu l'arnaque, les enjeux ne constituant pas non plus un motif de suspense intenable. Le film ayant fait un véritable flop en Thaïlande, tant public que critique, on peut de surcroit douter qu'il trouve jamais une fin digne de ce nom...

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