Repris et allongé par Erich et Jon Hoeber, responsables du très moyen Whiteout, Red prend un peu de volume et parvient à dépasser la petite soixantaine de pages qui composait la minisérie pour ainsi devenir un long-métrage de près de deux heures. Misant avant tout sur son casting et le capital sympathie de ses stars plutôt que sur son fond, Red s‘impose instantanément comme un divertissement honnête, timidement décomplexé et plutôt bien troussé. Et à vrai dire, c’est un peu tout ce qu’on lui demande ! Du coup, le teuton Robert Schwentke (Flight plan, Hors du temps) fait le minimum et s’applique à mettre en valeur ses vedettes comme il se doit et sur un rythme effréné : ainsi, Willis bourrine et Malkovich cabotine tandis que Mirren apporte un peu de charme à l’entreprise sous l’œil sage de Freeman.
La petite bande est bientôt rejointe par Brian Cox, génial en espion russe nostalgique et romantique, et dont l’absence sur l’affiche aux côtés des quatre autres est assez incompréhensible. Dans leur aventure, ils croiseront une pléiade de seconds couteaux, sales gueules irrésistibles allant du vétéran Ernest Borgnine à l’oublié James Remar en passant par les grimaçants Richard Dreyfuss et Julian McMahon, venus cachetonner pour des rôles de méchants débiles ! Enfin la ravissante Mary-Louise Parker et Karl Urban viennent boucler le casting : si la première s’en sort de justesse avec un rôle assez ingrat (en un mot : faire-valoir !), Urban, lui, est égal à lui-même, inexpressif au possible dans les séquences dramatiques mais redoutable dans les nombreuses scènes d’action.
A ce titre, sa confrontation contre Willis, seul véritable corps à corps du film, est particulièrement musclée et jouissive donnant malheureusement un trop bref aperçu de ce qu’aurait pu être Red : le temps de deux / trois baffes et de quelques meubles dans la face, on aura retrouvé l’énergie des Die hard et autres Arme fatale… Car finalement, Red, même s’il accumule non-stop les fusillades et les explosions en tous genres, fait un peu office de pétard mouillé : beaucoup de bruit pour un résultat certes parfaitement divertissant mais plutôt inoffensif. Bien fichu et assez amusant, le métrage de Schwentke semble, hélas, beaucoup plus être guidé par l’humour et la bonne humeur d’un film de potes que concerné par les enjeux de son histoire. Aussi le film s’apparente donc bientôt à une succession de péripéties déridantes mais pas pour autant captivantes, et ce même s’il est toujours jouissif de voir quelques flingages en règles.
Allez savoir ce que le réalisateur allemand Robert Schwentke va faire à Hollywood, à usiner des petits blockbusters sans ambition, à peine des véhicules à stars.
Et avec cette adaptation du comic (tout aussi discret) de Warren Ellis et Cully Hamner, on est en mode « plus pépère tu meurs ». Où manifestement Bruce Willis n’est pas seulement dans sa phase pré-retraite, et profite d’un Hollywood qui commence déjà à utiliser ses acteurs âgés comme des papis faisant de la résistance, surtout s’ils ont tout un passif dans les films d’action (« Expendables », auquel il participe aussi). Merci la nostalgie, mais si le monolithisme de l’acteur ne véhicule plus l’enthousiasme canaille de ses rôles emblématiques, ne pas s’attendre à plus de la part de John Malkovich en cinglé parano (c’est pas Cyrus le Virus, c’est clair), ou de Morgan Freeman en vieux libidineux dont la participation ne repose que sur de vilains coups de bluff…