Critique : Enter the void (Version cannoise)

Par Sandy Gillet
14 avril 2010
MAJ : 25 octobre 2018
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Que l'on aime ou non Irréversible, il contient en son sein une problématique assez insoluble même pour un cinéaste de la trempe de Gaspar Noé. Comment encore surprendre, toucher, mettre sur le flanc physiquement le spectateur averti ? C'est l'un des enjeux de Soudain le vide présenté dans sa version cannoise de 2h45 (le film sera raccourci pour sa sortie en salles). Au-delà il s'agit aussi pour nous de faire un check-up intermédiaire, une fois n'est pas coutume, de la santé mentale du bonhomme.

Et bien ça va pour lui de ce côté-là, merci de vous en être inquiété ma bonne dame. Gaspar Noé aime toujours autant la chair et le sexe qui va avec. C'est bien simple si l'on veut se mater un film de cul format scope avec la bonne conscience bourgeoise du cinéphile bobo, Soudain le vide est le film idéal. Pas sûr cependant que les spécialistes du genre apprécieront. C'est bien trop alambiqué et cela manque tout de même franchement de pénétrations. Pour le coup le Antichrist de notre bon ami Lars était moins cul serré…

L'histoire justement. Fidèle à la promesse faite à sa sœur de ne jamais l'abandonner, Oscar refuse de quitter le monde des vivants alors qu'il vient d'être abattu comme une merde par la police de Tokyo. Petit dealer à la semaine, il avait fait venir sa sœur auprès de lui après de longues années de séparation suite à la mort tragique de leurs parents dans un accident de voiture alors qu'ils n'étaient encore que des enfants. On ne va pas vous faire de dessins, le film de Noé n'a pour seule intention que de suivre cette âme errante de quartiers en quartiers, de maisons en maisons utilisant toujours les mêmes ellipses, le même montage et la même caméra aérienne…

Tel un ectoplasme voyeur, Noé se complait dans ce voyage même pas initiatique. On souffre physiquement (c'est peu de le dire) et on bande mou comme ses acteurs. En cause, cette pornographie intello où la chair flasque et sans odeur ne dégage à l'écran que des effluves en images de synthèse certainement très esthétiques mais pas du tout érogènes. Reste qu'à la question, qu'y a-t-il après la mort, Noé donne sa version un peu pensum forcément, un peu naïve aussi (la réincarnation est une « solution » possible, pourquoi pas. Encore faut-il y croire soi-même) mais didactique surtout.

Le cinéaste s'y est risqué, il a échoué certes mais le tout n'est pas à jeter. Sauf à n'y voir qu'un hommage maladroit à 2001, l'odyssée de l'espace. Notre amour du cinéma en prendrait alors définitivement un coup.

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