Critique : New York, I love you
Certes, c'est vrai, on ne peut éternellement fonctionner par comparaison, sans quoi tous les films risquent de sortir perdant de cette impossible tentative de hiérarchisation. Mais New York, I love you fait suite à Paris je t'aime, est initié par les mêmes personnes, reprend le même principe, et sera suivi de films semblables consacrés à Rio, Shanghaï, Jérusalem et Mumbaï. Outre quelques contraintes techniques imposées aux réalisateurs - tournage en deux jours seulement, rencontre amoureuse au coeur du script, montage en sept jours, même équipe technique pour tout le monde -, le film se résume par sa volonté de sillonner New York à la recherche d'histoires d'amour globalement indépendantes pour aboutir à un portrait de la ville et de ses habitants.
Paris je t'aime fonctionnait sur plusieurs principes
extrêmement importants qui en faisaient l'un des rares "films à
sketches" - quelle expression atroce - pleinement réussis. D'abord un
chapitrage tout à fait clair et parfaitement segmentant, permettant aux
vingt histoires développées - une par arrondissement - d'être
parfaitement indépendantes. Prenez quelques dizaines de parisiens venus
des quatre coins de la ville : quelle chance y a-t-il que deux d'entre
eux se connaissent ou se croisent réellement - c'est-à-dire en ayant
conscience l'un de l'autre, voire en se parlant au moins quelques
secondes - ? Conscient de la dimension de la ville, le film évitait tout
rapprochement vaseux, toute coïncidence facile. Et laissait libre cours
à la créativité débridée de bon nombre de ses auteurs, permettant à un
même long-métrage d'abriter un film de vampires, des chroniques
sociales, des contes burlesques, de la folie furieuse - merci
Christopher Doyle... Le tout accouchait d'une vision de Paris forcément
singulière, loin de la simple ambiance de carte postale qu'aurait pu
engendrer ce genre de film.
Et New
York, I love you dans tout ça ? Il mixe, dans un flot de
transitions et de clins d'oeil supposément drolatiques, un petit nombre
de bluettes souvent sans importance et sans éclat, au style
désespérément routinier. Tous les segments se ressemblent et sont
caractérisés par un côté fleur bleue à peine rehaussé par de petites
vannes de cul insérées çà et là de façon souvent artificielle, comme
s'il s'agissait de glisser in extremis
un peu d'irrévérence. Les réalisateurs choisis, de Mira Nair à Fatih
Akin - en passant par Brett Ratner, hum -, peinent à imprimer leur style
et livrent des productions souvent interchangeables. Pire, New York, I love you semble
régulièrement verser dans le film choral en faisant se croiser certains
protagonistes de façon complètement improbable, pour un résultat façon
Garry Marshall. De ce marasme linéaire qui ne montre jamais New York
sous un autre oeil, on pourra éventuellement sauver la partie réalisée
par Yvan Attal, qui filme en deux fois les conversations de rues de deux
couples se rencontrant dans la rue, à la sortie d'un bar ou d'un
restaurant. Le duo Maggie Q - Ethan Hawke et surtout le couple Robin
Wright Penn - Chris Cooper, fonctionnent relativement bien, mais
seraient certainement passés inaperçus au sein d'un film aussi varié et
foisonnant que Paris je t'aime.
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