Lovely Bones : Critique

Jean-Noël Nicolau | 1 décembre 2009
Jean-Noël Nicolau | 1 décembre 2009

Le mélodrame Hollywoodien est un genre dominant, jamais passé de mode, multi facettes mais aisément reconnaissable. Il y faut sa dose de larmes et de rires, d'action et de sentiments et surtout une belle leçon sur la vie, l'amour et la mort. Alors d'Autant en emporte le vent à Titanic en passant par Love story ou Rain Man, la liste des succès est infinie. Avec Lovely bones, Peter Jackson apporte sa pierre à l'édifice, avec un étrange thriller guimauve prêt à désarçonner les spectateurs.

Le réalisateur du Seigneur des anneaux retrouve ici la veine de Créatures célestes, dont il est loin d'atteindre la perfection. Mais, sans mal, on reconnaîtra à chaque plan la patte du Néo-zélandais. La vraie star ici c'est la mise en scène, bien plus que les acteurs (sous employés pour la plupart, Rachel Weisz fait de la figuration pure et dure) et bien plus que l'histoire (prétexte à faire pleurer dans les chaumières). Certes on notera que la jeune Saoirse Ronan est excellente dans le rôle principale et que, oui, les passages à suspens valent le détour (le tueur ayant un charisme indéniable) ; mais la force du film réside dans sa bizarrerie, si Jacksonienne.

 

 

Du glauque et du kitsch, de l'horreur et des nuages roses, rien de surprenant pour le réalisateur qui joue une nouvelle fois les équilibristes. Œuvre fragile, Lovely bones ne résiste pas une seule seconde au cynisme. Ce n'est pas pour rien que l'on pense plus d'une fois à The Fountain, et pas seulement pour le thème musical de Brian Eno (oui, oui, l'éminence grise de Roxy Music), voisin de celui créé par Clint Mansell. Comme le film d'Aronofsky, celui de Peter Jackson peut prêter à sourire par sa naïveté et émouvoir dans le même mouvement. Par moments, le metteur en scène va trop loin, déborde dans l'esthétique publicitaire et l'angélisme. La plupart du temps, sa maîtrise surprend. Lovely bones danse au bord du gouffre sans jamais y tomber totalement, malgré une conclusion qu'on trouvera au choix exaspérante ou bouleversante. Et, à l'image de The Fountain, il s'agit d'un joli conte du deuil, qui peut donner du baume au coeur.

 

 

Le film déploie souvent des trésors de séduction, jusqu'à demander à Michael Imperioli (le Christopher des Sopranos) de servir sa meilleure imitation d'Al Pacino dans le rôle du flic de service. Un peu avant la fin, une superbe séquence hitchockienne fait directement sa place parmi les plus réussies du réalisateur. Mais un léger goût de trop peu (dans la caractérisation des personnages) et de trop plein (le rythme y gagnerait avec un bon quart d'heure de moins) empêche de s'enthousiasmer. C'est donc une légère déception et en même temps un vrai bonheur. Mais pour ressentir cela il faudra à la fois aimer le cinéma de Peter Jackson et ne pas rechigner à verser sa petite larme devant les histoires tristes. Dans ce cas là, Lovely bones vous apparaîtra comme l'un des mélos les plus originaux et charmants de ces dernières années.

 

Résumé

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(3.4)

Votre note ?

commentaires
Mera
24/10/2019 à 02:35

voilà pas un film parfait pour "le mal-aimé" ?

votre commentaire