L'Élite de Brooklyn : Critique
Voilà bien un film qui porte fièrement son titre. Durant 140 minutes foisonnantes et passionnantes, on a effectivement le droit à l'élite du polar urbain moderne. Dans ce qui est, de loin, son meilleur film, Antoine Fuqua suit trois flics aux préoccupations et destins similaires, trois policiers qui ont touché le fond et tentent comme ils peuvent de s'en sortir. Il y a Sal, joué par Ethan Hawke, qui ne peut assurer à sa famille très nombreuse, un toit décent avec son salaire misérable (il vaut plus cher mort que vivant dit-il avec l'assurance que toucherait sa femme en cas de décès) et qui enfreint la loi pour récolter de l'argent facile. Il y a Eddie (Richard Gere) qui à quelques jours de la retraite, ne sait plus quoi faire de sa vie. Quand il n'hésite pas le matin à se tirer une balle avec son arme de service, il va chercher un réconfort éphémère et illusoire avec une prostituée. Et puis il y a Tango (Don Cheadle), le flic infiltré depuis des années, qui a tout perdu (sa femme a demandé le divorce) et qui se demande dans quel camp il est. Trois êtres brisés mais trois êtres dignes qui symbolisent finalement assez bien les laisser pour compte de l'Amérique moderne.
Malgré leurs failles et erreurs, on éprouve une empathie de plus en plus grandissante pour ces trois là. D'autant que leurs interprètes livrent des performances exceptionnelles. Avec sa richesse d'écriture bluffante, L'Elite de Brooklyn jongle habilement entre ces trois histoires sans que jamais celles-ci ne se croisent vraiment. Mais la tragédie est en place et Fuqua de nous la faire sentir à chaque instant. On sait que tout ces histoires vont finir par se rejoindre et qu'à force de jouer avec le feu, le point de non retour va être franchi. Sans jamais en rajouter dans sa mise en scène, Fuqua fait confiance à la noirceur de son récit et s'évertue à rendre crédible et réaliste tous les recoins malfamés d'un Brooklyn sombre. Et quand les coups de feu éclatent, la violence fait alors mal, très mal.
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