Critique : Silver city

Thomas Messias | 31 juillet 2009
Thomas Messias | 31 juillet 2009

Saluons l'incroyable courage des distributeurs de Silver city, qui le sortent en plein été, dans une seule salle, plus de quatre ans après sa réalisation, et surtout des mois après le départ de George W. Bush du poste de président de l'univers. Impossible de nier le fait que la prestation de Chris Cooper en politicard est totalement calquée sur la personnalité du prédécesseur de Barack Obama, dans ses maladresses touchantes comme dans ses nombreux excès. Il est d'autant plus dommage de le sortir après la bataille, quand le mimétisme a perdu de sa saveur.


L'idée de John Sayles n'est pourtant pas de tailler un short à l'administration Bush, mais d'engager une série de portraits croisés en se basant sur une intrigue de thriller politique. Silver city démarre fort, comme chez Altman ou dans Bob Roberts : tournant un spot de publicité au bord d'une rivière, le politicien joué par Cooper voit soudain arriver à ses pieds un cadavre porté par le courant. D'où une enquête menée par un détective privé (le vrai personnage principal du film) et destiné à mettre à jour une éventuelle conspiration. Assez intelligemment, Sayles va mettre son grain de sel dans tout un tas de groupuscules plus ou moins douteux (plutôt plus que moins), allant même jusqu'aux milieux d'extrême droite. L'occasion de dresser une peinture exhaustive et assez parlante du paysage politique américain d'aujourd'hui.


Côté film politique, le film ne va malheureusement pas plus loin, se concentrant de plus en plus sur la personnalité du détective privé, lequel est tiraillé par un dilemme moral qui l'accapare. Incarné avec malice par Danny Huston, il n'est pas inintéressant mais fait malheureusement perdre le fil, trop présent pour ne pas couler l'intrigue politico-policière. Même remarque pour les nombreux seconds rôles, confiés pour la plupart à des acteurs sympathiques et devenus rares (oh ! Daryl Hannah !) : ils tendent à diluer le message d'un film partant dans toutes les directions, ni assea acide ni assez introspectif pour réellement convaincre. Souvent employé comme script doctor (sans doute plus souvent qu'on ne le croit), John Sayles aurait cette fois eu besoin d'un petit coup de main afin de resserrer son script et de le rendre ainsi plus passionnant. En l'état, Silver city n'est pas déshonorant mais se situe tout de même loin des plus grandes réussites d'un réalisateur souvent brillant.

Résumé

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(0.0)

Votre note ?

commentaires
Aucun commentaire.
votre commentaire