Critique : Jusqu'à toi

Lorsqu'on aborde le genre de la comédie romantique, nos pensées vagabondent de l'autre côté de l'Atlantique, Hollywood n'ayant pas son pareil pour nous offrir des films qui donnent envie d'aimer ou d'être aimé. Cet été, c'est pourtant du côté de la France qu'il faudra se tourner pour découvrir ce qui est assurément LA comédie romantique du moment. Premier film, Jusqu'à toi fait tout autant honneur au genre qu'il s'en démarque par une vraie ambition artistique qui rappelle à bien des égards le (bon) cinéma américain indépendant.

Il faut dire qu'avec cette histoire d'amour à double language (on parle presque autant français qu'anglais dans le film), on reste en terrain familier du genre. La réalisatrice, Jennifer Devoldère, connaît ses classiques, n'hésite pas à les citer avec finesse ou humour mais surtout donne un ton singulier à son histoire qui l'est tout autant. Tomber amoureuse de son idéal à travers sa valise sans jamais l'avoir vu, voilà bien un schéma original qui colle pourtant parfaitement à la personnalité haute en couleurs de Chloé, célibataire endurcie vivant dans un monde bien à elle. A partir de ce « concept » farfelu, Devoldère créé un univers aussi déroutant qu'étonnant  à l'image d'un Paris loin de la ville carte postale que l'on aurait pu craindre.

Entre réalisme et onirisme, les galères du couple vedette prennent une saveur particulière au contact de seconds rôles superbement croqués (Maurice Bénichou en patron d'hôtel rancunier, Valérie Benguigui en voisine expansive,...). On s'attache à tout ce petit monde d'autant plus facilement que les deux futurs (?) amoureux sont parfaitement interprétés par Justin Bartha (le comparse de Nicolas Cage dans les Benjamin Gates) et Mélanie Laurent. Avec son charme irrésistible, cette dernière se fond à merveille dans le récit décalé et tendre qu'a créé sa réalisatrice au point d'avoir envie de faire sien le titre du film. Ou mieux, d'aller voir du côté de Roissy s'il n'y a pas une valise à récupérer. Ca s'appelle la magie du cinéma...et ça fait un bien fou !