Critique : Katyn

Katyń est l'histoire d'un massacre qui eut lieu au cours de la seconde guerre mondiale mais, cette fois, organisé par les russes qui ont cherché à faire porter le chapeau aux nazis. Il s'agit de l'assassinat de centaines d'officiers polonais par Staline. Pour parler de ce massacre, de cette mémoire encore vive dans les esprits puisque, même si l'événement était connu, le régime communiste a tenté de le passer sous silence, il a fallu attendre la chute du rideau de fer et la reconnaissance de ces actes barbare par Gorbatchev puis Eltsine.

Le cinéaste s'y prend ici en trois temps : l'avant massacre et ses espoirs de libération, l'après guerre et les non-dits, les suppositions, les silences et la censure d'une Russie qui dorénavant a le contrôle total sur la situation avant d'entrer dans le dernier quart d'heure au cœur même de cette boucherie. De ces horreurs n'ont subsistés que quelques soldats qui ont dû nier publiquement l'implication de l'URSS après-guerre et ne l'ont pas supporté pour la plupart. Toutefois, comme c'est trop souvent le cas, l'Histoire pèse, surtout lorsqu'il s'agit de représenter l'irreprésentable et le film croule par moment sous cette masse mémorielle qui l'empêche de trouver un rythme adéquat. Malgré quelques moments intéressants, Wajda a tendance à s'embourber dans un académisme laborieux qui le fait revenir 50 ans en arrière.

Objet solennel et pédagogique qu'on montre pour ne pas oublier, Katyń vaut essentiellement, d'un point de vue cinématographique, pour sa dernière demi-heure, où le réalisateur parvient enfin à trouver un souffle. Paradoxalement c'est au moment de montrer frontalement ce qui a été tu des décennies durant qu'il parvient à être le plus clair, le plus libre, à trouver un style limpide et efficace, comme si, à et instant précis, il parvenait enfin à s'exprimer : « Ca a eut lieu, ce n'est plus qu'une idée, voici ce qui s'est passé ». Toute le poids du film (et peut-être celui du silence) s'écroule d'un coup. Malheureusement, pour le spectateur il sera peut-être trop tard.