Critique : Volt, star malgré lui

Volt avance à trois pattes. Voilà comment faire fuir tous les enfants et Julien Foussereau de la terre. Mais pas d'inquiétude, le héros canin de Disney a bien toutes ses pattes, il file même à 200 à l'heure entre les voitures, saute au dessus des hélicoptères ou va tout simplement chercher le bâton. Non, c'est le film lui-même qui est handicapé suite à de nombreux changements de fond et de forme. A l'origine, en 2006, le projet s'intitulait American Dog, était écrit et réalisé par Chris Sanders (Lilo & Stitch) et suivait un chien star de télé qui se retrouve perdu dans le désert avec un chat borgne et un lapin radioactif, croyant bien sûr qu'il s'agit toujours d'une fiction. Devenu Chief Creative Officer chez Disney, John Lasseter met son nez dans l'affaire et propose des modifications, que refuse le réalisateur. Il est alors remplacé par les animateurs Chris Wiliams et Byron Howard, qui n'ont alors plus qu'un an et demi pour finir le film.

Sans dire que ce development hell saute aux yeux à chaque plan, il faut avouer que le récit boite à plusieurs reprises, se rattrape toujours aux mêmes blagues et surtout ne prend aucun risque. Pour aller plus loin, on pourrait même dire que le film passe les valeurs sûres de Disney à la moulinette Pixar. La thématique du premier, l'esthétique du second. Certains verront alors en Volt un projet de transition, les autres un objet bancal. Reste qu'à l'écran, le savoir-faire indéniable des animateurs permet souvent de faire avaler la pilule d'un sujet (le chien est le meilleur ami de l'homme ou est-ce l'inverse ?) déjà vu et mal traité. De ce point de vue, le rôle moral accordé aux humains (de la fille qui abandonne son chien tous les soirs à la mère qui ne prend jamais position) laisse parfois perplexe. Sans parler de la « leçon de vie » que se prennent dans la gueule les amoureux des chats. Finalement, on changerait bien ces chiens, chats, hamsters et pigeons politiquement corrects contre un chat borgne et un lapin radioactif.