Critique : The Sky crawlers

Jean-Noël Nicolau | 3 septembre 2008
Jean-Noël Nicolau | 3 septembre 2008

Sur le papier l'histoire de The Sky crawlers a tout pour enthousiasmer : des adolescents génétiquement conçus pour ne jamais vieillir participent à une guerre-spectacle sans fin, essentiellement constituée de combats aériens. A l'écran, Mamoru Oshii atteint ici le point limite de son style contemplatif et réflexif, qui privilégie toujours le silence à l'action. Résultat, il faut vous prévenir tout de suite, il y aura à peine 10 minutes de virevoltes dans le ciel, disséminées en fragments extrêmement frustrants.

 

Le reste du temps, le réalisateur s'attarde sur l'attente de ces gamins qui n'ont presque aucun souvenir, à par ceux relatifs au pilotage et à de vagues réminiscences d'une existence passée. La question que l'on se pose alors n'est pas nouvelle : un film sur l'ennui doit-il être ennuyeux ? Oshii ne trouve pas de réponse et préfère répéter ses thèmes de prédilection, ce qui est plutôt une bonne chose après l'échec de Tachiguishi retsuden (toujours inédit en France). Dans l'absolu les questions relatives à l'éternel retour et à la dépersonnalisation demeurent passionnantes, mais elles sont quasi identiques à celles déjà posées dans les Ghost in the shell et dans Avalon. De même, impossible de ne pas penser aux Patlabor et à Jin-roh (un des personnages se nomme d'ailleurs ainsi) lorsque les dialogues se penchent sur l'absurdité de la guerre.

 

Mais Oshii ne parvient paradoxalement jamais à faire décoller son sujet, gâchant un potentiel énorme. Il préfère filmer son basset fétiche ou un énième protagoniste pensif avec la clope au bec. Visuellement, ce n'est pas ce que le studio I.G. a fait de plus remarquable, on est ainsi très loin d'Innocence. Seules les scènes d'aviation, photo-réalistes, s'avèrent magnifiques. On notera aussi le design sonore, sublime, créé par Skywalker Sound, ainsi que la très belle partition de Kenji Kawaï (mais on en a l'habitude).

 

On aimerait tellement être emporté et fasciné par The Sky crawlers, mais même avec toute la bienveillance qui soit, on s'ennuie et on laisse se dérouler ce récit prévisible. Les caractères sont à peine esquissés et l'émotion ne surgit jamais, surtout lors d'un final follement décevant. Ce n'est pas un crash en plein vol pour Oshii, mais c'est sans doute parce que son film n'a jamais quitté le sol.

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