Critique : Klute

Nicolas Thys | 10 mars 2008
Nicolas Thys | 10 mars 2008

Le générique de Klute (1971) est symptomatique d'un certain cinéma américain des années 70 traumatisé par l'affaire Kennedy et le scandale du Watergate lié aux écoutes téléphoniques. On y voit un magnétophone en marche sur fond noir, filmé sous tous ses angles, analysé, disséqué et prêt à fonctionner. L'intérêt ne réside pas tant dans la bande que dans le fétichisme de l'objet lui-même synonyme de complot, de mystère et d'un jeu de pistes à surmonter où espionnage et mystère seront de la partie.

 
Avec Conversation secrète et Les Trois jours du condor, Klute est sans conteste l'une des pièces maîtresse de ce sous-genre. La police et le F.B.I sont inefficaces, incapables de retrouver un homme disparu et un privé est appelé en renfort. L'originalité du film est de parvenir à entremêler adroitement l'enquête et l'introspection, la froideur de Donald Sutherland, surface sans émotivité qui va céder à l'humanité, et la profondeur et la complexité de Jane Fonda en prostituée ambiguë à la recherche d'elle-même.

 

La mise en scène d'Alan J. Pakula, qui signe là l'un de ses meilleurs films, tourne entièrement autour de cette dualité entre deux êtres que tout oppose et qui finalement vont réussir à s'associer pour résoudre une énigme qui va les révéler l'un à l'autre. En même temps le cinéaste nous entraine dans les recoins sordides d'une communauté new-yorkaise où tout semble fonctionner de travers : drogue, sexe et violence sont au centre du film comme autant de personnages secondaires avec qui il va falloir jouer et parfois surmonter.

 

L'intrigue générale, qui fait la part belle au détail et aux fausses pistes, contrairement aux grosses machineries des polars classiques, est habilement menée et permet un passage aisé et délicat dans les tréfonds de l'âme des personnages. Ici l'espionnage se joue à deux niveaux : intérieurement et extérieurement, ce qui différencie également les protagonistes des clichés de la femme fatale et du détective désabusé des films noirs pour créer un nouveau type d'individu et finalement renouveler le genre.

Résumé

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