American Gangster : critique qui truande

Jean-Noël Nicolau | 4 février 2018 - MAJ : 17/02/2019 13:56
Jean-Noël Nicolau | 4 février 2018 - MAJ : 17/02/2019 13:56

American gangster est à la fois une bonne et mauvaise nouvelle pour le cinéma de Ridley Scott. L’aspect agréable c’est de voir le bonhomme évacuer tous ses tics habituels au profit d’une approche classique, avec reconstitution minutieuse, scénario précis et l’ambition de créer un grand classique de la chronique mafieuse. Mais c’est aussi à ce niveau que le film déçoit un tantinet.

B COMME BRIAN

Ample dans sa durée mais le souffle court, American gangster s’apparente rapidement à une récitation de séquences anthologiques. Ridley Scott invoque à peu près tout le monde : le Brian De Palma de Scarface, le Francis Ford Coppola du Parrain, le Michael Mann de Heat et de Révélations, le Martin Scorsese des Affranchis, le Michael Cimino de L’Année du dragon, le William Friedkin de French connection… C’est un inventaire à la Prévert, un jeu de pistes qui semblera flagrant même pour le spectateur le plus néophyte en la matière.

 

Denzel Washington (et Russell Crowe)

 

D COMME DENZEL

Si l’on fait abstraction des ses références, l’œuvre propose des atours séduisants, avec en particulier un Denzel Washington effacé mais impérial, impeccable pour incarner un gangster qui se veut invisible. Russell Crowe et Josh Brolin se contentent de (bien) faire leur numéro habituel. Le décorum est aussi superbe, débordant de détails  et justifiant un budget par ailleurs démesuré (100 millions de dollars) pour un résultat aussi peu porté sur l’action. Car mis à part une impressionnante fusillade peu avant la fin, American gangster persiste dans la voie du réalisme, faisant aussi souvent étrangement échos à la série Sur écoute (The Wire).

 

Même au diner : impérial

 

Mais en échouant sur le terrain de la fresque, Ridley Scott parvient paradoxalement à offrir l’un de ses films les plus attachants. Du travail efficace, qui s’élève ponctuellement par la force d’une image saisissante ou d’un petit morceau de bravoure. American gangster, sous ses dehors tonitruants s’épanouit dans l’humilité appliquée, se concluant très intelligemment sur un plan d’une simplicité formelle absolue mais à la puissance frappante.

 

Résumé

L’impression de déjà-vu ne nous aura pas quitté durant la projection et pourtant le film engendre une irrésistible bienveillance.

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Lecteurs

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commentaires
Starfox
05/02/2019 à 09:48

Il y a une désagréable sensation de fake dans ce film. Ca se veut années 70 dans les moindres détails, mais bizarrement, ça ne marche pas super bien visuellement parlant. Ca sent davantage une imitation d'un film des 70s qu'un hommage à ces années-là.

Et DW en fait des caisses à burnes. Quand il s'énerve dans certaines séquences, il a ce truc qui fait que quand il dit non avec la bouche, il fait oui avec la tête avec sa petite moue habituelle. C'est son truc ça. Il le fait très bien, mais c'est relou en fait.

Et à la fin, le pompon quand le flic et le gangster deviennent potes en se marrant autour d'une petite binouse face aux photos des flics qu'il vient de balancer. Pfff... Embarrassant.

Et l'affiche n'est pas du tout pompée sur celle de Scarface, mais alors pas du tout !

Adam
05/02/2019 à 09:20

J'ai beaucoup aimé ce film et la performance de Denzel Washington. Mais les enquêteurs de l’époque disent que le film exagère un peu son rôle dans la lutte contre la drogue dans le documentaire "Franck lucas dit superfly..."

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