La Faille : Critique

C’est sans doute parce que ses personnages sont avant tout des êtres de chair et de sang, avec leurs dilemmes et leurs contradictions, que La faille se distingue par rapport aux habituels « films d’avocats ». D’une telle histoire, l’écrivain-businessman John Grisham aurait tiré un énième blabla lacrymal pour divertir les seuls membres du barreau. Le scénariste de La faille, lui, voit l’affaire criminelle en question comme un vrai drame humain n’impliquant pas qu’un meurtrier et sa victime. Sur un postulat finalement très simple (un coupable évident, pas de preuve), Gregory Hoblit tisse une toile passionnante et roublarde aux rebondissements discrets mais saisissants.

Peu de temps morts, une intensité sans cesse renouvelée : le réalisateur mène bien sa barque et se met parfaitement au service de ce scénario si élégant. Un regret cependant : la fin, pas suprêmement décevante, mais manquant un brin d’épaisseur. Là où le duel aurait dû atteindre son paroxysme, le dénouement un peu facile vient légèrement gâcher les choses. Mais la déception est minime, et la qualité du film n’est pas remise en cause.

 Si La faille possède quelque chose de plus, c’est évidemment grâce à son éminent duo d’acteurs. Devant la caméra efficace de Hoblit se déroule une impeccable passation de pouvoir entre l’incontestable Anthony Hopkins et son digne descendant Ryan Gosling. La filiation entre les deux hommes est évidente, et donne un sel supplémentaire à ce solide divertissement, qui ne cède à aucun moment à l’hameçon de la surenchère.