Critique : Cockfighter

Nicolas Thys | 12 avril 2006
Nicolas Thys | 12 avril 2006

Cockfighter, réalisé en 1974, risque de choquer quelques personnes. Comme son titre l'indique ce film suit le parcours d'un homme qui entraine les coqs au combat. Mais Monte Hellman évite l'écueil moralisateur et filme le tout le plus simplement du monde même si de nombreux coqs s'entretuent et meurent en gros plan face caméra. Cet univers macabre est véritablement unique mais il est montré comme un simple élément de vie d'une partie de la population : le combat de coq est un sport traditionnel dans cette région des États-Unis, une institution pour certaines personnes au même titre que la corrida en Espagne même si cela est à un degré largement moindre et que l'intéret financier y est très important. Si le cinéaste ne porte pas de jugement sur cette pratique, il réalise par contre un film magnifique sur l'homme et sa condition.

Porté par la lumière envoutante de Nestor Almendros, le film trace le portrait d'un homme froid et dur en apparence mais loyal avec lui-même, voire sympathique par moment et aux prises avec ses démons, refusant de parler depuis la perte d'un tournoi, et désireux d'aller au bout de sa passion quitte à tout sacrifier : l'amour, l'argent, la vie réelle. Perdu dans son monde, égoïste par certains côtés, il ne fait attention à rien d'autre que ce en quoi il croit. Ici le parcours est davantage intérieur et Warren Oates, le héros de The Shooting qui interprète ce personnage du Cockfighter, est véritablement exceptionnel. On retrouve également avec plaisir Harry Dean Stanton, second rôle récurrent de Monte Hellman et personnage principal du Paris,Texas de Wenders.

Dans Cockfighter tout se joue dans la nuance, sur les visages en gros plan, dans certains combats de coqs très légèrement ralentis et portés comme le reste du film par des teintes et des couleurs splendides (rappelons qu'Almendros a photographié la plupart des films de Rohmer et Les Moissons du ciel de Terrence Malick et qu'il était certainement l'un des plus grands chef-op en ce qui concerne la mise en place de ces textures lumineuses si tendres) jusqu'à la séquence finale, trait caractéristique de Monte Hellman, vraiment très belle même si sa simplicité peut sembler convenue de prime abord. Ce film, inédit en France, mérite véritablement le détour et il couronne en beauté l'édition de ce coffret. Les choix du réalisateur, même s'ils peuvent être éthiquement contestables au niveau de l'histoire, se révèlent brillants dans sa mise en scène peut-être un peu trop typée années 70.

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