Critique : La Légende de Zatoïchi / Retour au pays natal

Patrick Antona | 13 juin 2005
Patrick Antona | 13 juin 2005

Réalisé par Kimyoshi Yasuda en 1973 (vétéran de la série avec 6 épisodes produits) et 25° film de la saga, Retour au pays natal est le dernier Zatoïchi produit par la compagnie Toho avant le come-back accompli par Katsu en 1989. Entre-temps, la télévision s'était emparée du personnage avect plus de 120 épisodes diffusés.


Retournant dans son village natal pour y retrouver sa nourrice et mère adoptive (et oui, Zatoïchi est un orphelin), le masseur aveugle se trouve à nouveau désappointé. Non seulement sa quête se révèlera vaine, car l'objet de sa recherche est décédé mais il deviendra le témoin des agissements malhonnêtes des responsables de la région, malversations dans lesquelles son ami d'enfance est fortement impliqué. Lorsque ce dernier montrera son vrai visage, alors Zatoïchi, comme à l'accoutumée, se résoudra à rendre la justice tout seul...


Ici encore nous avons le droit à la trâme classique, avec femme en danger, représentants de l'autorité corrompus, et cellule familiale à recréer. Mais tout ceci est accompagné par la réflexion amorcée dans les épisodes précédents, à savoir le fait de privilégier un côté plus sensible aux résonances sociales de l'époque (en faisant simple les yakuzas ne sont que les pendants des capitalistes qui asservissent le peuple) ainsi que de signifier son respect à tout un pan de la culture japonaise et son respect des ancêtres. En tant que tel, Retour au pays natal est plus à prendre comme film politique que comme un simple chambara. Mais n'en était-il pas de même déjà pour Les sept Samouraï de Kurosawa ?


Mais le discours politique ne nuit en rien à un récit qui respecte les canons du genre. Si la désespérance qui habitait le personnage dans les années 60 s'est muée en une ironie mordante, Zatoïchi reste toujours sensible aux femmes et sait user de son charme inimitable pour s'en faire aimer, et parfois malgré lui ! Confronté à un monde qui évolue dans une direction qui lui échappe mais qui le désillusionne profondément (l'évocation discrète de la délinquance juvénile) il réussira à nouveau à échapper au sort funeste que ses ennemis lui réservent, aidé par ceux qui sont comme lui des laissés pour compte. Lorsqu'il se résoudra à sortir le sabre de son fourreau pour régler leur compte aux immondes profiteurs, dont le sang malsain sera mêlé au riz, dans un acte de purification aux accents bouddhiques, c'est toute une forme de revanche sociale qui se manifeste par le biais de sa lame.

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