Critique : Hyper tension

Sandy Gillet | 10 mars 2007
Sandy Gillet | 10 mars 2007

Hyper tension aurait pu n'être qu'un de ces films au pitch certes intriguant mais qui à l'arrivée peine à tenir la distance pour tomber irrémédiablement dans l'oubli dès le générique finale. Le fait est qu'ici l'idée de départ à mi-chemin entre Mort à l'arrivée et Speed interpelle et ne demande qu'à être jaugée : un tueur à gage se fait inoculer un poison mortel a priori sans antidote. Il ne lui reste que quelques heures à vivre et encore s'il arrive à maintenir constamment son taux d'adrénaline à un niveau élevé, seule façon de freiner la diffusion du poison dans le sang. Bref ce qui aurait pu tomber rapidement dans le grand n'importe quoi verse le temps d'une première séquence bien trop « show off » pour être honnête dans du justement grand n'importe quoi mais complètement assumé.

Mark Neveldine et Brian Taylor (ne cherchez pas c'est leur premier film en tant que réalisateur/scénariste) qui viennent tout deux de la pub et qui ont géré par exemple quelques uns des effets visuels les plus spectaculaires de Biker Boyz (tout un programme on en conviendra) ont en effet une certaine honnêteté envers leur matériau scénaristique complètement bancale et largement incroyable (au sens littérale du terme). De fait en se permettant une mise en images en parfaite adéquation avec le propos du film (cadrages borderlines, montage au tempo affolant qui chose étrange ne dessert pas le film…), celui-ci devient par moments suffisamment délirant pour que l'on croit à un vrai grain de folie sans arrière pensée bassement marketing et mercantile, jusqu'à la prestation faussement hallucinée de Jason Statham qui passe comme une lettre à la poste. Mais ce qui finit par emporter (relativement on s'entend bien) le morceau, ce sont les quelques séquences totalement gratuites et pour le coup assez « politiquement incorrectes » que nos cinéastes en herbe assènent de temps à autre : on pense surtout à la scène de « baise » en plein jour, en plein quartier chinois de L.A., au milieu d'une foule compact et plus qu'intéressée dans le seul but de maintenir ce satané taux d'adrénaline au top…. Nous, on dit respect tant la chose relève de la provocation gratuite à l'encontre des femmes avec tout ce que cela implique au sein de nos sociétés occidentales de plus en plus aseptisées, sans oublier la pudibonderie hollywoodienne étouffante du moment.

Si in fine tout cela relève plus de la pochade étudiante sous LSD (on aimerait tout de même bien connaître leur fournisseur) que d'un véritable projet de cinéma, il est indéniable que l'on peut y prendre un réel plaisir coupable. Suffisant en tout cas pour que l'on s'intéresse au futur de nos deux zigotos dont on espère juste qu'ils ne perdront pas cette fraîcheur naïve et destructrice au contact de projets plus onéreux. Bref qu'ils continuent à casser leur jouet aussi méticuleusement que possible mais en allant cette fois-ci beaucoup plus loin dans l'abnégation nihiliste. Qu'il est bon de rêver parfois !

 

 

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