Critique : Exes

Ilan Ferry | 4 octobre 2006
Ilan Ferry | 4 octobre 2006

La montagne du cinéma underground vient de nouveau d'accoucher d'une souris : La bestiole se nomme Exes réalisé par un certain Martin Cognito et tient plus de la grosse blague que du film trash et nihiliste. Projet intéressant sur le papier, Exes souffre des prétentions « artistiques » de son auteur qui se fout royalement des conventions cinématographiques les plus basiques(et du spectateur par la même occasion) et vomit littéralement son mépris pour un public qu'il ne juge pas à sa hauteur. Et oui, la reconversion du porno vers le cinéma dit « traditionnel » ne se fait pas sans heurts et Martin Cognito le démontre assez brillamment au terme d'une insupportable heure vingt cinq. En effet même si notre ami Martin clame haut et fort que « le porno est une meilleure école de ciné que le court-métrage » (Eddy Adam et Julio Lopez confirment!), Exes réussit bien malgré lui l'exploit de faire pale figure à coté du plus mauvais des pornos. Et pourtant, il faut bien reconnaître que le film se révèle souvent très drôle en partie grâce à un casting en totale roue libre.

Si Grégoire Colin cabotine comme jamais, la palme revient à Pierre Loup Rajot dont les talents d'acteur ne sont plus à prouver depuis sa dernière apparition télévisuelle. Affublé d'une perruque ridicule, l'ami Pierre nous gratifie d'une prestation aussi convaincante que dans RIS et représente le principal ressort comico-involontaire de cette OFNI improbable. Ajoutez y un Tom Novembre brillant par son manque d'implication et un Samuel Le Bihan (par ailleurs producteur du film), dans le meilleur rôle de sa carrière à savoir un mafieux borgne et muet dont le temps d'apparition à l'écran n'excède pas les trente secondes, et vous n'aurez qu'une toute petite idée des ambitions artistiques de l'ensemble. Enfin, impossible de passer à côté de la soi disante esthétique du film qui ferait passer un court-métrage d'étudiant en 1ere année de ciné pour du Scorsese. Cognito essaye en vain de palier le manque d'idées et de moyens de son œuvre par une esthétique DV soi disant léchée empruntant au cinéma d'Abel Ferrara, lequel se fend d'un caméo pathétique. Si Exes aurait pu se révéler touchant dans ses maladresses, il ne réussit qu'à provoquer l'ennui et la colère par sa démarche visant à tester le seuil de tolérance du public en lui offrant un spectacle repoussant au possible. Aussi prétentieux que laid, le film de Martin Cognito n'est en définitive qu'un bon gros doigt d'honneur adressé au spectateur.

Résumé

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(0.0)

Votre note ?

commentaires
Aucun commentaire.
votre commentaire