L'Affaire Josey Aimes : Critique

Stéphane Argentin | 21 février 2006
Stéphane Argentin | 21 février 2006

À l'heure où l'épée de Damoclès d'une plainte pour harcèlement sexuel plane au détour des moindres geste, regard ou parole de travers, il est bon de revenir sur l'un des tous premiers recours en justice ayant entraîné les réglementations désormais en vigueur en la matière.

Inspirés de faits réels (les noms des lieux et des personnages ont été changés), L'Affaire Josey Aimes (North Country en VO, en référence aux régions nordiques où se déroule l'action) montre bien le gouffre (car il s'agit bel et bien d'un gouffre !) qui sépare l'égalité des sexes en matière de travail à l'heure actuelle, et ce que ces femmes ont dû subir à l'époque de la part de leurs collègues. Une « époque » qui ne remonte pourtant pas si loin que cela, puisqu'elle se situe dans les années 1980, au sein d'une compagnie minière. Un job certes bien peu reluisant pour la gent féminine, mais qui avait le mérite de payer correctement celles qui n'avaient pas peur de se salir les mains.

 


Campé par une impériale Charlize Theron qui impressionne une nouvelle fois par sa faculté à alterner les pires merdes cinématographiques mettant sa plastique en valeur (Aeon Flux), et les performances méconnaissables (Monster), le personnage principal est motivé par ce besoin d'argent. Femme battue fuyant son époux, et mère de deux enfants, sans le sou, Josey va rapidement découvrir les véritables agissements, bien pires que le travail en lui-même, qui ont cours au sein de ces industries frappées du sceau « Man Power Only ». Pour souligner ces harcèlements (que l'on devine sans mal très en deçà de la réalité), la réalisatrice néo-zélandaise Niki Caro, très remarquée en 2003 avec son film Paï (Whale rider en VO), n'a nullement cherché les effets de style, préférant l'austérité, aidée en cela par la photographie à la fois simple et magnifique de Chris Menges (récompensé aux Oscars en 1987 pour The Mission et à l'œuvre dernièrement sur Trois enterrements) et par les partitions tout aussi discrètes que pénétrantes de Gustavo Santaolalla (21 grammes, Carnets de voyage, Le Secret de Brokeback Mountain).

 

 

Le résultat à l'écran n'en est que plus cinglant, et certaines situations qu'on dû affronter ces femmes ne sont plus simplement machistes mais deviennent tout bonnement écœurantes (on vous laisse le « plaisir » de la découverte), à tel point que les hommes en viendraient presque à avoir honte de faire partie de la gent masculine, à l'image de ce père (interprété par Richard Jenkins) qui, in fine, décide de soutenir sa fille. Car si l'issue « heureuse » du procès est connue par avance (dans le cas contraire, les réglementations actuellement en vigueur n'auraient peut-être pas encore cours), c'est bien dans le parcours du combattant qu'a dû affronter cette Erin Brockovich que réside l'intérêt du film. Seule contre tous au départ, elle finira certes par rallier son entourage (aussi bien personnel que professionnel) à sa cause, mais non sans mal.


Des difficultés qui laissent d'ailleurs tout loisir au personnage de Josey Aimes de briller par le biais de son interprète aussi bien que par celui des personnes qui la côtoient au quotidien au travers de scènes aussi fortes que poignantes (le parking de la patinoire, l'interrogatoire final au tribunal…). À ce titre, l'ensemble du casting, aussi impérial que la performance de Charlize Theron, donne lui aussi le tournis : Frances McDormand, Sean Bean, Woody Harrelson, Sissy Spacek, Michelle Monaghan.… Une distribution qui parachève en beauté un long-métrage certes peut-être un cran en deçà de celui de Steven Soderbergh mais qui, tout comme ce dernier, a le mérite de nous rappeler que de telles affaires ont eu lieu et sont à l'origine de la législation actuelle. Ne serait-ce que pour cela, L'Affaire Josey Aimes, qui sortira en France le 8 mars 2006, soit la journée internationale de la femme, appartient à cette catégorie de films dits « essentiels ».

 

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