Critique : Zathura, une aventure spatiale

Patrick Antona | 31 janvier 2006
Patrick Antona | 31 janvier 2006

Dire que nous n'avions pas quelques petites inquiétudes avant d'assister à la projection du dernier film de Jon Favreau (qui avait réussi à rendre Will Ferrell imbuvable dans Elfe !) serait inexact. Mais après coup, Zathura, une aventure spatiale peut être taxé d'expérience plaisante et gagne ses galons mérités de film pour enfants de ce début d'année, après les tornades Harry Potter et Narnia.

Inspiré d'un roman issu de l'imagination de Chris Van Allsburg, déjà auteur de Jumanji, le scénario de David Koepp (L'Impasse, La Guerre des mondes) marche allègrement sur les traces de son prédécesseur, avec cette histoire d'enfants américains embringués dans une aventure fantastique qui va les emmener au plus près du danger tout en dénouant ou résolvant quelques problèmes inhérents à leur situation familiale. Comme dans Jumanji, c'est un jeu qui fait basculer les protagonistes dans un univers parallèle, précédemment une jungle hostile avec bêtes sauvages, ici une odyssée de l'espace avec pluie de météorites ou extra-terrestres reptiliens et cannibales. Mais Jon Favreau et son scénariste évitent le piège de la redite en inoculant à petites doses des éléments qui font du film un aimable divertissement et non pas uniquement un festival d'effets numériques à gogo.

Comme dans Jumanji, les joueurs seront obligés d'arriver au bout de leur périple galactique avant qu'il ne leur soit permis de retourner à leur point de départ. Le film est donc rythmé par chaque phase du jeu, strictement linéaire, qui donne ses indications, bonnes ou mauvaises, par le biais de cartes à jouer. Ce procédé aurait pu rendre la narration de Zathura pénible mais fort heureusement, chaque péripétie forcée garde quand même un élément de surprise et ceci, à presque chaque issue. Car les créateurs du film n'ont pas oublié d'user à bon escient de l'imprévisibilité par essence des enfants qui fait ainsi basculer la monotonie des épreuves vers l'inattendu. Que ce soit la chute des météores, le robot destructeur en plein dysfonctionnement ou les prédateurs extraterrestres (le meilleur du film), toutes les « parties » du jeu sont vécues pleinement par des enfants qui bénéficieront de l'aide d'un naufragé de l'espace (Dax Shephard) au passé mystérieux, enfants plus souvent émerveillés par leurs découvertes que véritablement effrayés.

Là où Jumanji se limitait uniquement à une course-poursuite où il fallait, au mieux, éviter les fauves, Zathura baigne dans une forme de contemplation qui donne au film une certaine atmosphère féerique plutôt bienvenue. Dommage que Jon Favreau n'ait pas réussi à dynamiser un peu plus sa mise en scène qui reste très souvent statique. L'action se déroulant quasi exclusivement dans la maison évoluant dans l'espace, on est souvent à deux doigts de la claustrophobie. Heureusement, on peut s'attarder et apprécier le design volontairement rétro de cet univers intersidéral. Le look des créatures conçues par Stan Winston et celui des vaisseaux spatiaux antagonistes, directement inspirés des Flash Gordon des années 30 ou autres B-Movies des années 50, permettent à Zathura de posséder une tonalité d'œuvre respectueuse d'un genre auquel il essaie de rendre hommage.

Quant aux deux vedettes enfantines, ils évitent de justesse le côté énervant (malgré des crises à répétition tout au long de l'aventure) car on se prend à suivre avec un certain intérêt l'évolution de leur caractère qui est, on n'en doute point, le véritable objectif du jeu. Chaque action déclenchant des erreurs de leur part, ils devront se démener et par là composer l'un avec l'autre pour surmonter chaque épreuve, sachant que la plus importante est leur véritable situation familiale, celle d'une famille déstructurée. Même le personnage de la sœur-bimbo un peu décérébrée, quelque peu sacrifiée pour ne pas faire d'ombre aux bambins, réussit à être drôle, en regard de ses maigres apparitions, et se pare d'une réflexion finale qui donne au film un côté presque croustillant.

Bien écrit malgré sa linéarité, baignant dans une atmosphère de légèreté qui fait passer le côté moral sans effets appuyés, si ce n'est celui d'un paradoxe temporel, Zathura se révèle être une bonne surprise, évoquant par certains côtés « le » chef d'œuvre de la SF enfantine sans jamais l'égaler, loin de là, le fabuleux Explorers de Joe Dante. Même si la durée totale aurait gagné à être raccourcie (près de 2 heures quand même !), le film est recommandable pour nos petites têtes blondes (et les autres) sans trop de craintes pour leur santé mentale, et les parents peuvent même les accompagner.

PS : Par contre, si Jon Favreau, comme certains bruits le laissent entendre, compte s'attaquer à l'adaptation de John Carter of Mars d'après les romans de fantasy d'Edgar Rice Burrough, on lui conseille d'avoir un plus de nerf et de sens épique sinon c'est le carton rouge assuré.

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