Critique : The Matador, même les tueurs ont besoin d’amis

Par Vincent Julé
3 septembre 2005
MAJ : 25 février 2020
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Ni le titre américain austère, ni son homologue français laborieux ne jouent en faveur du nouveau film de Pierce Brosnan. Àla rigueur l’affiche renseigne sur le ton décalé et les personnages « Droopyesques ». Autre indice quant à la teneur de ce projet choyé par Pierce Brosnan acteur et producteur : le réalisateur Richard Shepard, son passif avec le thriller Oxygen en 1999 et surtout son actif avec des facéties (cabrioles, blagues, grosses tapes dans le dos) réservées aux festivaliers de Deauville. Pas très éloigné donc du tueur balourd, bavard et irrésistible campé avec délectation et ironie par l’ancien James Bond. En deux cuites, trois répliques sous la ceinture et un sombrero, il dynamite son image de gentleman cambrioleur, et porte tout le long du film une bouille déconfite du plus bel effet.

Mais ce rôle de loup solitaire ne prend toute sa valeur qu’avec celui de la brebis égarée. Et Greg Kinnear offre une prestation de premier choix, où chacune de ses réactions (un geste, une phrase) permet à Pierce Brosnan de rebondir, et même d’entrer dans une dynamique propre au comique de situation. Qui aura le dernier mot, the last laugh ? Dès leur rencontre (au bar bien sûr, et une margaritas por favor !), les deux zouaves s’observent, se reniflent, se testent. Certes, leur alchimie ne saute pas instantanément aux yeux. Relisez bien : Pierce Brosnan et Greg Kinnear ! Mais rappelez-vous, ce dernier a déjà prouvé notamment avec Deux en un qu’il sait parfaitement s’adapter à son partenaire… Ainsi, une fois la machine lancée, rien ne peut les arrêter. Mais lorsque l’écran affiche un « six mois plus tard », et la rupture de rythme qui va avec, la peur de la jolie baudruche crevée s’immisce.

Et avec surprise et aisance, le scénariste et metteur en scène américain réussit à donner une seconde impulsion à son récit en le centrant sur le cocon familial. Là encore le duo fonctionne à merveille, aidé cette fois-ci par Hope Davis (American splendor, le prochain The Weatherman avec Nicolas Cage) en femme aimante à l’humour inattendu. Si chacun des choix de Richard Shepard se révèle judicieux quant à ses personnages, ce n’est pas le cas de son intrigue, surtout dans le dernier tiers. Mais même si nos clowns tristes auraient mérité une sortie digne de ce nom, ils livrent un numéro attachant et, chose rare, imprévisible.

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