Plus qu’un film de guerre, Voyage au bout de l’enfer est un film sur la survie. À travers le destin de Mike, Stevie, Stan et Mich nous suivons la destruction par la guerre d’une petite communauté et sa lente et difficile renaissance qui passe par la cicatrisation de blessures souvent très profondes. Quatre destins que la guerre va séparer, détruire, anéantir, annihiler. Quatre personnages, formidablement interprétés par des acteurs au sommet de leur art, qui vont franchir les portes de l’Enfer et tenter de revenir de ce voyage aux confins d’un abîme de violence et de folie.
À la fois oeuvre personnelle, peinture d’une Amérique collective et tragédie individuelle, Voyage au bout de l’enfer est un film fort, intense, traumatisant, magistralement mise en scène par un Cimino de plus en plus fasciné par les rites et les mythes (la longue scène de mariage orthodoxe à laquelle fait écho celle de La Porte du paradis, la roulette russe, les séquences de chasses au daim avant et après la guerre). Le réalisateur donne corps, offre une représentation incroyablement cinématographique de ce jeu de la mort et de la vie dont personne ne sort indemne, les vivants comme les morts, au sens propre comme au sens figuré.
Comme si ce type de chef d’oeuvre ne naissait que dans la douleur, l’excès ou la démesure (on se souvient du tournage épique et légendaire du film de Coppola relaté dans Au coeur des ténèbres), le tournage fut un travail et un investissement de tous les instants de toute l’équipe du film. La réussite de Voyage au bout de l’enfer réside dans cette volonté manipulatrice de Cimino d’atteindre une véracité inégalée, son souhait de mêler réalité et fiction et l’investissement sans limite des acteurs au péril de leurs vies (Robert De Niro voulant jouer une scène avec une vraie balle dans le barillet, la cascade au-dessus de la rivière où l’hélicoptère a bien faillit s’écraser mais où Cimino s’interdisait de couper). Toujours à la recherche d’une impression de réalité, allant jusqu’à créer sur le plateau le climat paroxystique nécessaire à la création de séquences anthologiques, le réalisateur montre son génie à travers une des scènes les plus impressionnantes du cinéma : celle de la roulette russe.
Il n’y a pas de plus belle et de plus terrifiante idée que de montrer l’horreur, la futilité, l’absurdité de la guerre à travers ce jeu du hasard où la mort peut montrer son visage à tout moment. Dès lors s’engage une lutte pour ne pas perdre la vie ou la raison. On appellera ceux qui s’en sortent… des survivants. De retour de l’enfer, ils tenteront tant bien que mal de se (re)construire des repères, cherchant désespérément au plus profond d’eux-mêmes le sens du mot « humanité ». Et le spectateur de se retrouver face à un des films incontournables du 7e art, dont la ressortie régulière (la dernière fois en 2005) permet de se rendre compte à quel point sa dimension épique brave magnifiquement (même si le mot terriblement serait plus fort à propos) le temps.
LE DIMANCHE 3 FÉVRIER 2019
AVEC TOUTE MA BIENVEILLANCE EN RÉPONSE AU FILM « VOYAGE AU BOUT DE L’ENFER » ;
SURTOUT NE FUMEZ PAS.
LE DIMANCHE 3 FÉVRIER 2019
AVEC TOUTE MA BIENVEILLANCE EN RÉPONSE AU FILM « VOYAGE AU BOUT DE L’ENFER » :
SURTOUT NE FUMEZ PAS.