Critique : Le Mécano de la General

Sandy Gillet | 14 septembre 2006
Sandy Gillet | 14 septembre 2006

Quand Le Mécano de la General sort sur les écrans en 1927, Chaplin venait juste de s'offrir un triomphe avec La ruée vers l'or, le couple Laurel & Hardy était au fait de sa renommée, et Harold Llyod au sommet de son art. Chacun dans un registre différent avait su capter et garder l'attention d'un public déjà extrêmement versatile.

 

Avec Buster Keaton, l'homme qui ne rie jamais, le burlesque au cinéma allait déjà au-delà puisqu'il ne se contentait pas de caresser uniquement son audience dans le sens du poil. C'est que, aux gags forcément visuels (nous sommes à l'apogée du cinéma muet), on trouvait dans leur prolongement des histoires déjà fortement inspirées et admirablement charpentées. Le public, orphelin de sa laisse habituelle (une situation, un gag. Un peu à l'image du cinéma pour adulte, et son sous genre le gonzo, propre à satisfaire les désirs les plus directs), était donc obligé d'entrer dans cet univers logique et cartésien où, comme en physique, « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ».


Avec le mécano, on y voit des trains lancés à toute allure se rentrer dedans, tomber d'un pont ou éviter des obstacles par miracle. On y voit surtout un mécanicien œoeuvrer tant et plus pour éviter ces catastrophes, désamorcer une attaque surprise des Yankees (nous sommes durant la guerre de Sécession), et prendre tous les risques pour sauver sa belle. Si tout cela semble aujourd'hui enfantin à suivre, pour l'époque, cela relève de la gageure tant les multiples actions se déroulent en parallèle, se croisent, se dépassent et s'entrechoquent, tels ces trains qui rentrent et sortent des plans ponctuant ainsi la brillante mise en scène du film (Keaton tournait à plusieurs caméras). Alternant plans extrêmement « graphiques » et donc proches du dessin animé, et séquences limpides de mise en situation de l'histoire, Le Mécano de la General fait partie de ces machines bien huilées où tout s'enchaîne à la perfection, avec au détour de chaque situation un gag « mécanique » hilarant et ingénieux, empreint d'une poésie rare.

 

Tel est le génie d'un homme qui, de par sa vision de l'espace scénique et son sens de la répartie visuelle, a su générer des films d'une rare noblesse. Le Mécano de la General en étant l'exemple le plus fort et le plus abouti.

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