Balle perdue 2 : critique Netflix sur l’autoroute du kiff

Antoine Desrues | 10 novembre 2022 - MAJ : 10/11/2022 18:11
Antoine Desrues | 10 novembre 2022 - MAJ : 10/11/2022 18:11

Si le premier Balle perdue était une vraie belle surprise de cinéma d’action à la française, son succès sur Netflix (y compris à l’international) a amené la plateforme à mettre en chantier une suite. Le réalisateur Guillaume Pierret est donc de retour avec l’acteur Alban Lenoir, et Balle perdue 2 va encore plus loin que son prédécesseur.

Fate of the Furious

“Avec les films d’action, il ne faut jamais être dans le confort”. Voilà ce qu’a dit en interview Rémi Leautier, producteur et ami de toujours de Guillaume Pierret, à l’approche de Balle perdue 2. Si les deux comparses ont longtemps expérimenté leur capacité à mettre en scène de la castagne et des courses-poursuites dans des courts-métrages ambitieux, ils ont été rapidement propulsés sous le feu des projecteurs grâce au succès surprise du premier Balle perdue.

En attaquant sa suite, l’enjeu est donc de se mettre en danger, surtout maintenant que la respectabilité du duo s’accorde avec un budget plus confortable. Sur ce point, Balle perdue 2 réussit son pari et ne se repose pas sur ses lauriers, d’autant qu’il s’amuse à reprendre la structure du premier volet et ses pivots les plus importants pour les transformer. Maintenant qu’il est parvenu à prouver son innocence après la mort de Charras, Lino (Alban Lenoir, impliqué et bestial) devient lui-même flic, dans l’optique de retrouver les ripoux qui lui ont tout pris, et les ramener devant la justice.

 

 

 

Bien entendu, Balle perdue 2 ne prétend pas révolutionner le polar hard-boiled (et certains dialogues trop écrits n’aident pas...), mais la générosité de sa démarche évite en permanence la gratuité qu’on pourrait attendre de ses scènes d’action. On sent Guillaume Pierret encore plus en possession de ses moyens, notamment dans sa manière de jongler avec ses référents et de puiser dans l’héritage d'Europacorp, tout en épurant son film des oripeaux beaufs des productions Besson.

Dès la première scène d’action, où une maison se retrouve sens dessus dessous au cours d’un mano-a-mano sec et rugueux, Alban Lenoir met en valeur son implication physique, faisant de Lino ce cavalier solitaire mû par un besoin maladif de justice. La violence enfouie dans le personnage se retrouve alors à exploser comme une cocotte-minute au fil des péripéties, à commencer lors d’une baston dans un commissariat qui transcende celle du premier film, et fait grincer des dents lorsque des têtes s’écrasent contre des portières de voiture.

 

Balle perdue 2 : photo, Alban LenoirÇa tire à tatanes réelles

 

Label rouge sang

Mais mieux encore, Guillaume Pierret sait exploiter au mieux ce fil conducteur via l’identité hexagonale du long-métrage. Jusque-là, peu de films d’action ont su s’accaparer la particularité du sud de la France, à l’exception notable du Ronin de John Frankenheimer. Avec Balle perdue 2, ses créateurs donnent à cette charmante Occitanie un cachet, que ce soit en précipitant des voitures dans les rues remplies de civils d’Agde, ou en jouant avec ses routes droites et plates entourées par de simples plaines et des arbres.

La mise en scène très horizontale arbore parfois des traces de western champêtre, du moins jusqu’à ce que Lino ne déforme ce prérequis en faisant voler dans les airs des carlingues. Dans Balle perdue 2, le mouvement emplit l’espace du cadre, mais n’oublie jamais de garder cette direction, ce besoin constant d’aller de l’avant, parce que son héros ne cherche qu’une chose : ramener de l’ordre dans ce monde à la dérive, et revenir sur le droit chemin.

A partir de là, le film utilise ses enjeux et ses effets pyrotechniques comme métonymies explosives de personnages heurtés dans leurs sentiments. On en veut pour preuve ce morceau de bravoure dans des égouts, où l’amour contrarié entre Julia (Stéfi Celma) et Lino s’exprime dans cette course-poursuite où les gyrophares de police percent l’obscurité.

 

Balle perdue 2 : photo, Alban LenoirAlban Lenoir, toujours au top

 

Pour cela, Guillaume Pierret est bien conscient que la lisibilité de ses scènes d’action est essentielle. Balle perdue 2 s’inscrit d’ailleurs dans la continuité de films à la John Wick, où la mise en valeur de véritables cascades sert à apporter une immersion supplémentaire dans le montage. Bien que le cinéaste convoque parfois une frénésie que ne renierait pas un Michael Bay des beaux jours, son découpage est toujours au service de ses personnages et de leur place dans l’espace. C’est souvent au sein d’un même plan qu’on voit un crash frôler une autre voiture, ou qu’un obstacle se dresse sur la route d’Alban Lenoir.

Ce frisson, cette adrénaline restent la priorité finalement très humble de l’équipe derrière le long-métrage, dont on perçoit autant la passion que le savoir-faire évident, toujours au service du plaisir du spectateur. Et à l’heure où pas mal d’analphabètes de la caméra approchent le genre avec fainéantise et cynisme, on ne peut que saluer l’envie de cinéma qui transpire de Balle perdue 2.

Balle perdue 2 est disponible sur Netflix depuis le 10 novembre 2022.

 

Balle perdue 2 : affiche

 

Résumé

Toujours plus loin, toujours plus haut, toujours plus fort, Balle perdue 2 s’impose en film d’action aussi jouissif qu'exigeant, porté par la générosité de son équipe et par un Alban Lenoir impressionnant.

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Lecteurs

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commentaires
Tong
26/04/2023 à 14:23

Daube pour cassos et beaufs, pas mieux que les Taxis....., on est très très loin de Ronin, par exemple, pourtant j'avais pas trop détesté le premier, c'est dire.....

Juliano
17/01/2023 à 01:30

Quelle déception !!! Too much !!! Des bagarres a n en plus finir, des courses poursuites interminable. Le 1 etait tres bien, le 2, on aurait dit une influence américaine...vraiment pas bon. De mauvais goût, c est raté !

MieO
19/11/2022 à 08:25

J'ai adoré, même si parfois c'est un peu gros ... ça reste du cinéma et de rêver nous en avons besoin tout comme le faisait les James Bond dans un autre genre.

Miraken
18/11/2022 à 19:05

Alors au niveau de la réalisation, ça tabasse sévère. J'en ai pris plein les mirettes; mention spéciale à la course poursuite dans Montpellier, c'est supra bien réalisé et c'est au dessus de la plupart des prod US qui sortent. Pas d'images de synthèse dégueulasses comme dans les Fast & Furious.

Après il faut mettre son cerveau sur OFF et accepter que c'est un (très impressionnant) film d'action français. J'ai regardé le premier avant, honnêtement c'est un brouillon de ce film mais il vaut le coup d'oeil.

souleater34
15/11/2022 à 00:18

La plupart du temps, je trouve les films français pourraves. Ceux sponsorisés par Besson trop "à l'américaine". C'est sûr que ce qu'on nous propose, ce n'est pas du psychologique et on ne risque pas de se griller les neurones à essayer de comprendre le film, mais comme série B ça le fait. Les acteurs sont énervés et les cascades sympas. Je préfère voir ça plutôt qu'un Fast & Furious...Par contre, il ,faut savoir s'arrêter et ne pas tirer sur la corde comme pour Taxi!

Zarbiland
14/11/2022 à 07:52

Quelle daube, le premier était regardable mais là, c'est tellement invraisemblable. Ok ça tape bien, il y a de la cascade mais le reste c'est vraiment le niveau zéro.

Louis_du_76
14/11/2022 à 03:37

Oui, c'est de la franchise,
Oui, c'est du Netflix,
Oui, c'est un bon film.

Ça casse pas 3 pattes à un canard, mais l'action est présente, l'image est bonne, le casting s'en sort vraiment bien, et le timing est réussi (grâce à une durée limitée
d'environ 1h30).

Je recommande ce film pour un dimanche soir, car on a très envie de regarder un film, mais on doit se lever tôt demain matin car on bosse.

Morcar
14/11/2022 à 00:35

OK l'action est encore efficace (quoiqu'aucune scène de cette suite n'atteigne le niveau de celle du commissariat dans le premier, même celle du commissariat de la suite), ok le casting est encore très investi dans ce film, mais si le scénario du premier était déjà minimaliste, celui de cette suite l'est encore plus. On sent qu'une fois encore d'un film efficace qui se suffisait à lui-même ils veulent tirer une franchise à rallonge, si bien que ce numéro 2 fait office d'épisode de transition, de remplissage, en attendant la suite annoncé dès la fin de celui-ci.

Rick Hunter
13/11/2022 à 15:13

Je suis d'accord dans l'ensemble avec votre critique, j'ai vu ce film, et je trouve moi aussi que c'est un super film d'action, il y a bien 2, 3 faux raccords, incohérences, mais dans l'ensemble j'ai passé un agréable moment, les acteurs sont fantastiques, les cascades fabuleuses, top du we !

Sanchez
13/11/2022 à 15:04

Filmer des bagarres et des courses poursuites en bagnoles , Pelletier sait le faire, et il le fait mieux que bien d’autres réalisateurs renommés (Edgar Wright par exemple). Mais pour agencer une histoire crédible et plus palpitante que Plus belle la vie , là il y a plus personne.
A aucun moment on nous explique comment le héros, qui a un nom de revêtement de sol, peut effectuer autant d’exploits martiaux et mettre à l’amende la totalité d’un commissariat de police et des méchants qu’on nous présente comme super baleze. Pourquoi ne pas avoir développé un éventuel passé (ancien légionnaire, stage chez les moines shaolin , que sais-je…) pour rendre cohérent son invincibilité, car être bon en mécanique ne suffit pour peter des bras dans la vraie vie.
Et c’est quoi ces flics qui sont également garagistes ? Sommes nous dans une dystopie ? On est rassurer de voir que le budget de la police se porte bien.
Les acteurs super investit se donnent à fond pour rendre potable leurs dialogues ridicules mais c’est un échec.
Enfin , il n’y a pas de fin et on finit sur un cliff ce qui démontre qu’on est pas devant un film mais une série à gros budget. Normal me direz vous, nous sommes sur Netflix.
En espérant que dans le 3 , Lino mette le parquet !
4/10 pour bagarres et taules froissées

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