LIVING IN AMERICA
La nouvelle production estampillée Netflix est calquée sur The Guilty, l’étonnant thriller danois de 2018 réalisé par Gustav Möller et co-écrit par Emil Nygaard Albertsen. Le remake réalisé par Antoine Fuqua (Training Day, La Chute de la Maison-Blanche) déroule ainsi la même intrigue sous tension, à peine remaniée par le scénariste Nic Pizzolatto (True Detective).
The Guilty s’enracine donc dans un centre d’appel d’urgence et compte sur ses cadrages serrés et son montage nerveux pour casser l’immobilisme de Joe Baylor, un protagoniste souvent cramponné à sa chaise. Sans oublier tout le travail sur le son et le mixage (appels téléphoniques, voix inaudibles, bruits environnants, silences, respirations, pleurs) pour nous permettre d’imaginer la toile sordide et inattendue qui se dessine hors-champ et installer une ambiance anxiogène et pressante.
La trame est donc aussi surprenante et prenante que dans la version originale dont elle tire toutes ses qualités d’écriture et ses astuces de réalisation, ce qui en fait plus un exercice de traduction avec un plus gros budget. Et parmi les changements d’ordre esthétiques, on regrette en premier lieu la facticité du cadre, qui tranche avec le minimalisme et le réalisme plus immersif de Gustav Möller. Dès le début, avec ce plan d’ouverture apocalyptique, qui flirte sur la série B catastrophe en présentant Los Angeles en proie aux flammes (alors que les faits sont bien ancrés dans la réalité), en plus de l’habituel flash d’actualité pour poser un contexte alarmiste.
Les pièces étroites et dépouillées du précédent film ont quant à elles laissé place à des espaces plus dégagés, toujours sombres et impersonnels, mais bien moins étouffants, ce qui rend le huis clos moins oppressant et claustrophobe qu’il aurait pu être. Encore plus quand le film s’évade brièvement de l’open space ou cherche à créer une fenêtre sur le monde extérieur avec des écrans géants qui participent à l’artificialité du décor.
Ils augmentent le budget pour acheter des écrans plats
Orgueil et Préjugés
S’il est totalement investi dans le rôle de Joe et accapare sans mal la caméra, Jake Gyllenhaal n’est pas le seul à porter le film. Il y a aussi Riley Keough, qui n’apparaît pas physiquement à l’écran, mais transmet sans aucune fausse note le désespoir, la peur et la fragilité du personnage d’Emily, comme le reste du casting vocal (Peter Sarsagaard, Ethan Hawke, Paul Dano ou la jeune Christiana Montoya) qui donne une réelle intensité et crédibilité aux événements.
Pour autant, l’acteur tient d’un bout à l’autre son rôle archétypal de policier teigneux et insubordonné, qui a été rétrogradé à un poste de bureau pour des raisons qui se dévoilent au fil du récit – et sont l’occasion de glisser un message expéditif sur l’impunité des violences policières. Agressif envers ses collègues et ses correspondants, Joe est une grenade dégoupillée, une boule de nerfs et de stress rongée par un fardeau qui lui a coûté sa vie de famille, histoire d’accabler un peu plus le personnage et susciter de la pitié par un biais beaucoup trop facile et usé.
Avec l’appel d’Emily, il trouve sa quête rédemptrice. Sauver Emily, c’est sauver son âme, quitte à outrepasser une fois de plus la loi, la veille d’un procès dans lequel il risque gros. Après avoir intériorisé et refoulé sa rancoeur, Joe et son interprète réagissent d’une manière plus expansive et pathétique. Cette nouvelle interprétation tranche ainsi avec la performance plus retenue et authentique de l’acteur danois Jakob Cedergren.
Dans son dernier acte, le film prend carrément une tournure plus mélodramatique pour s’éloigner du thriller et de la course contre la montre installée dès les premiers échanges entre Joe et Emily. Cet aspect plus théâtral et poussif est renforcé par le dénouement quasi miraculeux et très hollywoodien, qui achève de briser l’ambiance sobre et glaçante du premier film.
Un bon film vitrine pour Jake Gyllenhaal
D’une façon plus générale, The Guilty s’encombre d’allégories et autres lourdeurs symboliques, en premier lieu les incendies qui reflètent la colère et les regrets qui consument Joe de l’intérieur (en plus de complexifier inutilement le scénario pour exagérer la panique ambiante), mais également son asthme, censé accentuer son état de suffocation, au sens propre comme figuré. De quoi uniquement étouffer le charme du procédé sur lequel tout repose à l’origine.
Le film The Guilty est disponible depuis le 1er octobre sur Netflix
L’original est tellement mieux.
Pourquoi avoir repris cette trame en y ajoutant des evements perturbateurs ?
Et si peu de temps après la sortie du 1er et surtout pour faire ça !
Décevant mais c’est tant mieux pour l’original.
Le film dure 1h30….et c’est au moins une heure de trop…ca tourne en rond. Au bout de 30 minutes on comprend déjà ce qu’il va se passer…
Dur d’aller jusqu’au bout. Surtout que ca pleurniche sans arrêt et tout le monde s’y met…
A fuir absolument !
J’ai trouvé ce film très mauvais et j’ai eu beaucoup de mal à aller jusqu’au bout, pour moi le gros problème c’est le scénario, je m’attendais à un huis clos prenant et stressant mais en fait c’est le genre d’histoire vue et revue où personnellement j’avais compris au bout de 20 min que tout n’était pas vraiment comme on pensait (pour moi il y avait deux possibilités et effectivement une des deux auquel j’ai pensé était la bonne ) mais bon je lit beaucoup et je vois beaucoup de films donc rien d’original pour ma part. Deuxième gros problème c’est que je l’ai vu en version française (oui je sais énorme erreur surtout avec le casting voix, Ethan Hawkes, Riley Keough, Paul Dano) et vraiment j’ai eu l’impression que pendant 1h30 je n’ai entendu que des gens pleurnicher, mention spéciale a Jake Gyllenhaale qui ne fait que ça pendant les dernière 10min du film. Bref pour moi très grosse déception rien de surprenant ni stressant, je n’ai pas vu le film original mais vu que je n’aime pas l’histoire je pense que je n’aurais pas aimé non plus.
Très désagréable à regarder pour moi. Et une fin décevante mais rassurante.
Bon film avec un bon acteur que j’apprécie. Belle intensité et le dernier quart d’heure est jouissif !
Tout à fait d’accord avec l’article. Remake négligeable d’un original se suffisant à lui-même de par sa dramaturgie exemplaire et une narration aussi sobre qu’efficace. Si la caractérisation du personnage se trouve plus étoffée dans cet ersatz, elle fait néanmoins glisser l’ensemble vers un pathos bien hollywoodien couronné d’un final larmoyant digne des plus grands mélos de Douglas Sirk. In fine, « One shot » recommandé évidemment à ceux qui ne connaissent pas son grand frère danois. Les autres perdront, comme moi, leur temps…
Pas vu l’original mais adorant le travail de Jake Gyllenhaal, je regarderais le remake, cet acteur mérite tellement plus.
Merci les gars de m’avoir convaincu de regarder l’original.
Une vraie pépite en effet. 1h20 de pure tension, prenante. Une démonstration d’écriture, de rythme, d’interprétation et de cadrage. C’est fou comme la suggestion et l’imagination fonctionnent à plein pendant tout le film et créent pleins d’images dans notre esprit, un peu comme quand on lit un roman. Comme quoi pas besoin de millions pour faire un très bon film thriller halenant. Je comprend pourquoi ils ont voulu faire un remake.
Soporifique
Pour les fans de Jake Gyllenhaal, il est aussi dans City Slickers, un film vachement bien 🙂