Ice Road : critique Monster truc

Simon Riaux | 4 août 2021
Simon Riaux | 4 août 2021

Après des terroristes, des gangsters, des loups et des avions, Liam Neeson affronte carrément des camions dans Ice Road. Cette énième série B énervée peut-elle renouveler un peu le sous-genre qui a transformé le comédien en star de l'action décérébrée, ou doit-elle repasser son permis poids lourd ? 

DELIVEROO DU MAL

La vie n'est pas rose pour Mike McCann. Alors qu'il est flanqué de son frère handicapé et de la vilaine habitude de transformer en compote la mâchoire des contremaîtres qui l'agacent, la stabilité professionnelle n'est pas son fort. Qu'à cela ne tienne, ce routier fin connaisseur des conditions extrêmes accepte de mener un convoi de la dernière chance afin de sauver des mineurs victimes d'un éboulement. Pour ce faire, il devra emprunter une route gelée, qui menace à chaque instant de céder, et d'engloutir camions et passagers. 

Ce n'est pas la première fois que l'ambassadeur de la castagne monolithique s'aventure en dessous de zéro. On se souvient d'ailleurs que Le Territoire des loups fut, de récente mémoire, son unique tentative réussie de concilier bourrinerie et une verve mélancolique que l'artiste a toujours su incarner. Hasard météorologique ou thématique, Liam Neeson semble plus investi qu'à l'accoutumée, daignant ici et là gratifier le spectateur d'un embryon d'émotion, quand il ne s'aventure pas carrément à interpréter son personnage. Ce dernier n'est d'ailleurs pas trop mal entouré, Laurence Fishburne et Amber Midthunder formant autour de lui une équipe charismatique et équilibrée.

 

photoGlace max

 

Côté scénario, les amateurs de spectacle simple et tenu seront servis, puisque le récit de Jonathan Hensleigh a la grande politesse de correctement caractériser ses protagonistes, sans renâcler ou tarder à rentrer dans le vif du sujet. C'est avec le même souci d'efficacité qu'il enchaîne les péripéties, toutes prenantes et parfois renversantes.

C'est le cas du morceau de bravoure central, qui voit la perte d'un camion, puis la tentative désespérée des héros de devancer une onde de choc glaciaire. Le tout est simultanément sobre et rigoureux, renouvelant avec malice et âpreté les enjeux, à condition de tolérer quelques gros clichés (vous ne devriez pas avoir beaucoup de mal à repérer qui est gentil, et qui l'est moins).

 

Photo Amber Midthunder, Liam NeesonFreezen

 

BEAU COMME UN CAMION

Hélas, si Hensleight fait correctement le job niveau scénario, et ne verse à peu près jamais dans de trop grandes facilités ou fioritures, le réalisateur de l'embarrassant Punisher de 2004 se montre autrement plus timoré derrière la caméra. Non pas que le métrage, en dépit de sa photo atrocement fade, soit particulièrement immonde.

Toujours lisible, l'action se déroule sans coup férir, et on sent le souci d'emballer un produit décent. Grâce à des effets spéciaux plus aboutis que l'essentiel des productions du genre, que le cinéaste parvient le plus souvent à employer à bon escient. Point d'aberration ou d'inconfort à regretter... mais guère de réussites à célébrer.

 

photo, Liam NeesonMad glace

 

C'est là l'évidente limite de l'entreprise : son atonie générale. On avait beau ne pas s'attendre à une création renouvelant le genre à coups de délires expérimentaux, pas plus qu'à une leçon de suspense hitchcockien, l'absolue absence d'adrénaline étonne. C'est bien simple, jusque dans son climax, qui s'enquiquine pourtant à mettre en place un dispositif engendrant intensité et de quoi se décoller sympathiquement la rétine, jamais la tension ne pointe le bout de son nez.

La faute au montage, désespérément mou, mais aussi à de fréquents intermèdes du côté des mineurs incarcérés, aussi pauvres dramatiquement qu'inutiles. Et si le plat ne sent jamais trop le réchauffé, Ice Road demeure un assemblage trop tiède pour prétendre à autre chose qu'accompagner la digestion d'une pizza tiède et d'un litron de bière industrielle.

 

affiche française officielle

Résumé

Une série B aventureuse jamais indigne, à peu près divertissante, qui souffre néanmoins d'une grande platitude visuelle et de l'incapacité de son réalisateur à entretenir la tension.

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commentaires
Flo 1
04/03/2024 à 15:34

Liam Neeson et la neige, a priori c’est bien – « Le Territoire des loups », « Sang froid »…
Mais il s’agit ici du Liam Neeson aux films de quasi retraité, et du Jonathan Hensleigh réalisateur du « Punisher » de 2004. Soit des films qui sont diablement mous.
Pourtant ça partait pas trop mal, en émulant assez bien « Le Salaire de la peur », malgré une explosion inaugurale très moche (on ne parlera jamais des victimes).
On fait mine de décrire un duo dominant/dominé (qui ne permutera jamais), des professionnels durs à cuire et pas trop angéliques, une épopée ultra dangereuse où il faut être maître de sa machine, débrouillard et respectueux de son environnement. Ainsi qu’un contexte avec des mineurs qui sont pas trop mal, limite ils méritent un film juste pour eux – grâce aussi à la présence de Holt McCallany.
Seulement voilà, on a oublié ici que chez Clouzot ou même Howard Hawks, le boulot risqué est un gage de suspense suffisant, lequel doit s’étirer et non s’alourdir. Pas la peine de rajouter une sous-intrigue de méchants saboteurs cupides, qui ne sont pas intéressants à suivre quand ils fomentent entre eux. Et encore moins quand leurs hommes de main doivent débarquer pour se battre sans tirer de coups de feu (éviter les preuves), et au ralenti parce-que… ben c’est dur en anorak, sur la glace etc.
Ce qui nous donne des scènes d’action ridicules, et les instants où les personnages principaux essayent tant bien que mal de continuer à avancer sont eux-mêmes anti cinématographiques.
Réalistes peut-être, étonnants sûrement (les camions sont couchés, donc le film est fini… ah bon, on peut les redresser !??)… mais passé la moitié du film, jamais mis en scène de façon à ce que l’ordinaire devienne visuellement extra.
Même les arcs narratifs des héros sont sous-écrits et gâchés (les deux morts d’un personnage, la relation maître à élève entre Laurence Fishburne et Amber Midthunder)) malgré l’implication un peu plus active de Neeson.
Même l’antagoniste est sous-utilisé (Benjamin Walker est le sosie jeune de Liam Neeson, et personne n’en fait rien ?).
En fait, dès que l’on est proche de la fin de la fameuse route de glace, ça coince et voilà qu’arrivent les rhumatismes. Qu’à cela ne tienne, un deuxième épisode sera quand-même tourné… vive les avantages fiscaux et la création d’emplois !

Marc
11/08/2021 à 17:55

Un film avec des recettes déjà vu mais qui fonctionne, une mine de diamant une explosion des mineurs coincé dans les galeries 30 heures sinon c'est la mort assurée. Une équipe de camionneurs est embauché pour ramener des tubes pour sauver les mineurs et ils doivent passer la route de Glace. Des boss ripoux des invraisemblance des plan sur la route glacé...
Un film d'action qui se regarde sans problème et Liam Neeson à le bon rôle.

Magic
07/08/2021 à 23:34

Il est top...

Darius
07/08/2021 à 13:31

Il arrive à relever un camion couché mddddddrrrrrrrrrrr

Sun
06/08/2021 à 17:37

Très bon film

Y Boy
05/08/2021 à 14:44

Merci de ne pas mettre Le territoire des loups dans le même sac SVP. Quant à la carrière d'acteur de Liam Neeson, je vous propose une minute de silence en sa mémoire.

Cat24
05/08/2021 à 12:34

Liam Neeson est un excellent acteur, dommage que les réalisateurs ne lui confient pas des rôles intéressants

thierry A
04/08/2021 à 17:47

On s'attend au salaire de la peur, et on a Oui Oui on ice.

alulu
04/08/2021 à 17:43

Vu et vite oublié. Le genre de film qui quand l'oubli fera complètement son taff, dans quelques mois ou quelques années. Je revisionnerai le film en pensant ne l'avoir jamais vu et je l'oublierai à nouveau pour ensuite le revoir. Pourquoi faire un film à franchise quand ou peut faire un film sans fin?

Simon Riaux
04/08/2021 à 17:37

@Fitamine

Moi je veux bien, mais comme on ne fait pas d'étoilage négatif, comment on fait pour noter le dernier Van Damme du coup ?

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