The Prom : critique qui déchante sur Netflix
L'année 2020 aura été longue pour beaucoup de cinéastes, scénaristes et acteurs, mais s'il y en a bien un qui s'est gâvé malgré la pandémie c'est Ryan Murphy. Grâce à son contrat avec Netflix, l'homme à tout faire a concrétisé Hollywood, Ratched, la saison 2 de The Politician, sans compter ses simples productions comme The Boys in the Band ou A Secret Love. Et pour clore cette riche année, dix ans après Mange, prie, aime, il réalise enfin un nouveau film avec la comédie musicale The Prom.
ALORS ON DANSE ?
Avant de parler du film en lui-même, il est nécessaire de rappeler que l'histoire de The Prom n'a pas été inventée de toute pièce par Ryan Murphy. Au contraire, le long-métrage adapte la comédie musicale éponyme de Broadway signée par Bob Martin en 2018 et reçu une ribambelle de nominations lors des prestigieux Tony Awards de 2019. Mais plus encore, ce qui est sûrement le plus touchant, c'est que la comédie musicale a surtout été inspirée d'un fait bien réel datant de 2010.
Ainsi, l'histoire de Emma (Jo Ellen Pellman) reflète finalement celle de Constance McMiller. Pour son bal de promo, la jeune Américaine de 18 ans voulait s'y rendre avec sa petite-amie, ce qu'a catégoriquement refusé son lycée du Mississippi. Et n'ayant pas de moyen d'interdire légalement le choix de Constance, l'école a finalement annulé purement et simplement le bal pour tous les élèves, créant une vive polémique dont se mêlera entre autres célébrités, le groupe Green Day pour soutenir Constance McMillen.
Un duo qui fonctionne très bien
Sous ses airs d'histoire rocambolesque, The Prom est donc loin d'être tiré par les cheveux et décrit tristement les démons d'une certaine Amérique pas si lointaine (et toujours actuelle dans plusieurs contrées). C'est d'ailleurs lorsqu'elle s'attaque frontalement à cette Amérique conservatrice que la comédie musicale de Netflix réussit le mieux son coup.
Le choc des valeurs et des cultures fait souvent mouche entre les personnages, notamment lorsque les stars new-yorkaises dont l'homosexualité est acceptée s'engouffrent dans cette petite ville d'Indiana homophobe et traditionaliste. Les plus beaux numéros sont, par conséquent, ceux qui démontent cette vieille Amérique comme lorsque le long-métrage se permet une ridiculisation jubilatoire des préceptes de la Bible avec Love Thy Neighbor, parfaitement mené par Andrew Rannells (la meilleure des stars, surprenamment).
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LE CHANT VOUS VA SI MAL
Toutefois, la volonté de Ryan Murphy ne suffit pas à mener The Prom vers les cieux du cinéma ou ne serait-ce de la comédie musicale. Aussi fou que cela puisse paraître, et malgré un budget au moins dix fois supérieur (les chiffres ne sont pas exacts) à Glee, le long-métrage est terriblement cheap. C'est bien simple, rien ne semble réel et tout laisse à penser qu'une simple pichenette dévoilerait des techniciens dépités en coulisses. Pire encore, aucune chanson ne reste durablement en tête et la plupart des numéros manquent d'énergie ou de créativité.
Seule la touchante Unruly Heart où l'héroïne fait son coming-out sur YouTube en chanson, isolée, avant d'être accompagnée virtuellement, en choeur par des élèves dans la même situation, entraîne et absorbe. Une observation d'autant plus frappante que le numéro repose sur un dispositif extrêmement simple en s'appuyant exclusivement sur des regards, des sourires et une caméra tournoyante. Ryan Murphy crée, alors, de l'émotion avec du vrai, de l'humain, loin des flashmobs insipides qui composent la majorité de son film.
Meryl Streep en jeu automatique
Une réussite trop rare, car malheureusement, à côté de cet ersatz de Glee rencontre High School Musical assez fade, beaucoup trop long (2h11), mais pas affreux, se cache la plus grande plaie de The Prom : son parterre de stars. Non pas que le casting cinq étoiles du long-métrage vienne gâcher le scénario, mais leur présence est une succession de prestations en roue libre ou ratées. Ainsi, Meryl Streep survole l'ensemble sans jamais donner l'impression de véritablement s'investir quand Nicole Kidman est transparente malgré son charisme inné et Keegan-Michael Key très en dessous du talent qu'il a déjà su démontrer.
Kerry Washington, elle, n'est jamais crédible dans la peau de la méchante directrice réactionnaire et ressemble à un énorme miscast, tout autant que James Corden, clou du spectacle, singeant la gestuelle du pire cliché de l'homo à Hollywood avec une telle outrance que sa performance en est particulièrement pénible.
Reste un incroyable Andrew Rannells (comme dit plus haut) dont la carrière à Broadway se ressent dans chacune de ses apparitions et transmet le peu d'énergie dont jouit cette balade musicale si banale. Le fait qu'il soit l'atout majeur en dit long, en tout cas, sur le raté de The Prom, incontestablement plus agaçant qu'enthousiasmant, à une période où on espérait enfin danser de joie et non pleurer de dépit.
The Prom est disponible sur Netflix depuis le 11 décembre 2020 sur Netflix en France
Lecteurs
(3.4)26/12/2020 à 23:09
Très enlevé, des séquences dansées époustouflantes
25/12/2020 à 17:25
Moi j"
14/12/2020 à 17:31
Ce film est magnifique la personne qui a écrit cet article n’a pas du comprendre le message du film et devrait se raviser
14/12/2020 à 10:16
@ozymandias, je te conseille vivement ce film. C'est une magnifique comédie musicale.
14/12/2020 à 07:50
À la personne qui a écrit cet article, avez vous vu le film ?! Kerry Washington est pas la proviseur mais la responsable des parents d'élèves, n'avez vous donc rien compris au film ?!
Aimant les Musicals de Broadway et la plupart des travaux que propose Ryan Murphy, j'ai adoré ! Après je comprends que l'on ne puisse pas comprendre et donc ne pas aimer !!
13/12/2020 à 23:57
C’est incroyable de lire ce genre de résumé, ce film est juste remarquable, un vrai feu d’artifice, de l’émotion et un sujet de tolérance abordé avec beaucoup d’humilité. Bravo pour cette performance.
13/12/2020 à 03:04
Je ne suis absolument pas d’accord avec votre critique. Je penses que vous n’avez pas intégré dans votre critique que c’est une comédie musicale.
Je trouves que cette histoire de cette jeune lycéenne, très dure, est magnifiquement faites. La où nous pourrions voire du drame et de la dépression le music hall apporte la légèreté pour ne pas tomber dans l’histoire lourde et dramatique déjà vue.
Bravo pour ce merveilleux film. Et pour une fois bravo Ryan Murphy même si il n’a pas fait grand chose la comédie musicale était déjà là et le scénario déjà écrit
13/12/2020 à 02:58
Difficile de detester mais tout aussi difficile d'aimer.Les personnages n'ont pas d'âmes,ce sont des stéréotypes .Mais traiter de l'homophobie de manière aussi niaise est vraiment gênant.
12/12/2020 à 20:39
Votre jugement est aberrant . Je ne connais pas la musicale mais dès que j’ai vu le film c’est en boucle que j’écoute les chansons. Quand au reste de votre critique, c’est un film coloré, énergique, pleins de force face à l’homophobie sans être un film activiste.
12/12/2020 à 19:46
@Brucetheshark
"Qui a déja vu un truc bien sorti de Ryan Murphy ?"
Moi.
- American Horror Story
- Ratched
- Hollywood
- The Politician
Ah, pardon, vous voulez peut-être dire que vous n'aimez pas ? Fallait le dire, c'est pas grave, on ne vous en veux pas :)