Quand les costumes de cinéma deviennent mythiques
Certains costumes de cinéma sont devenus des outils indissociables du mythe, traversant les époques avec une jeunesse éternelle à l'écran. Ils se greffent sur un personnage lui offrant une âme une certaine valeur et ne quittent parfois plus l'acteur s'imprimant alors à jamais dans la mémoire collective. Un costume c'est beau, coloré, sobre ou plein de froufrous, parfois raté, mais au moins rigolo. D'antan il faisait le bonheur des acteurs et de celui qui le concevait. Aujourd'hui c'est une histoire de ventes aux enchères. Tout ça pour dire qu'Ecran Large a dressé pour vous une liste non exhaustive de trente-cinq costumes mythiques du septième art. Attention les yeux.
Bruce Lee et sa grenouillère jaune
Cette combinaison jaune barrée de noir est le costume le plus mythique de Bruce Lee qu'il porte dans Le jeu de la mort sortie en 1978. Un film tristement célèbre et pour cause, l'acteur qu'on surnomme le petit dragon meurt avant que le tournage ne s'achève. Il faut dire qu'entre temps Lee avait quitté le plateau du film pour jouer dans la superproduction hollywoodienne de la Warner Bros, Opération dragon. Sa mort prématurée l'empêchera non seulement de profiter de son succès en salles, mais également de poursuivre son rôle dans Le jeu de la mort. Quand le film reprendra sans lui avec un nouveau scénario, il apparaîtra tout de même dans trois scènes de combat mythiques qu'il avait tourné et qui suffiront à faire de cette tenue la « marque de fabrique » du style Lee. À Hollywood, une statue de cire à son effigie où il arbore ce costume est exposée au musée Madame Tussaud, mais on doit le plus bel hommage à Quentin Tarantino qui fait porter à Uma Thurman cette même combinaison jaune dans une scène de combat devenue culte de Kill Bill : volume 1.
Le look dominatrice de Michelle Pfeiffer
C'est dans cette combinaison fétichiste en latex noir que Michelle Pfeiffer a marqué les esprits en incarnant une Catwoman à la fois féminine, sombre, sexy et dangereuse dans Batman : le défi de Tim Burton en 1992. Un look et une interprétation endiablée plus proche de cette féline fatale insaisissable et énigmatique telle qu'elle est apparue dans les comic-books sur plus de six décennies. Et dire que l'actrice a failli ne pas avoir le rôle. Burton lui avait préféré deux autres actrices : Susan Sarandon qui a décliné l'offre pour jouer dans Lorenzo et Annette Bening qui est tombée enceinte juste avant le tournage.
Le rôle de la princesse Leia est le premier personnage féminin dans une saga de science fiction à avoir autant marqué les esprits. Il faut dire qu'aujourd'hui encore, peu de personnes oseraient oublier le fameux bikini doré que l'actrice Carrie Fisher est contrainte de porter dans Le retour du jedi lorsqu'elle est prisonnière du répugnant Jabba le Hutt. Ce costume à fantasme a été classé parmi les meilleures scènes en bikini de toute l'histoire du cinéma et le magazine Empire l'avait déjà qualifié auparavant d'une des scènes la plus mémorable. Plus tard, l'actrice révélait dans une interview avoir voulu récupérer le fameux costume après le tournage, mais que George Lucas s'y était toujours fermement opposé...
Que serait notre Clint Eastwood sans son fameux poncho dans la trilogie de l'homme sans nom ? Même si dans ces trois westerns spaghettis réalisés entre 1964 et 1966 (Pour une poignée de dollars, Et pour quelques dollars de plus, Le Bon, la Brute et le Truand) il interprète chaque fois un personnage au nom et au métier différent, une chose ne change jamais, ce mythique apparat qu'il glisse avec une classe indéniable comme une cape ou comme un pull. Autant préciser tout de suite qu'à priori, il n'y a que Clint Eastwood pour ne pas faire tâche dans un habit en laine, à franges et aux motifs tribaux.
Ce débardeur pour homme n'a rien de banal lorsque c'est Bruce Willis qui le porte dans la saga Die Hard. Le premier marcel de Piège de cristal est même devenu une relique précieusement conservée à la Smithsonian Institution depuis que l'acteur en a fait don en 2007. Une telle référence vestimentaire en terme de testostérone et de virilité que Roland Emerich admet volontiers avoir habillé Channing Tatum du fameux marcel blanc dans White house down pour renvoyer au personnage mythique de John McLane.
Robert Mitchum tient sans aucun doute le rôle de sa carrière dans le film culte La nuit du chasseur. Le costume de pasteur qu'il porte dans le film est resté au fil des années gravé dans les mémoires au même titre que les mots "love" et "hate" tatoués sur ses doigts. Car sous ses allures de bellâtre distingué, se cache un homme machiavélique au comble de la haine. L'habit ne fait pas le moine, comme on dit.
John Wayne c'est plus d'une trentaine de rôles dans des westerns devenus aussi définitifs que La chevauché fantastique, La prisonnière du désert, Rio Bravo ou encore 100 dollars pour un shérif. Au fil des années, voir l'acteur arborer un chapeau Stetson, un foulard et des santiags est devenu aussi ordinaire que le chapeau et la canne de Charlie Chaplin. Pourtant, cet accoutrement a toujours été propre aux cowboys en général, mais que voulez-vous, pour un western, il n'y a pas plus iconique que celui qu'on surnomme « The duke », cette star de légende, symbole à lui seul de l'Amérique conquérante.
De ce blouson rouge à priori banal, James Dean en a fait un symbole de la jeunesse rebelle des années 60 en le portant dans La fureur de vivre en 1955 (film qui propulsa l'acteur au rang d'icône du cinéma). Ce blouson est tellement célèbre aujourd'hui encore que la marque new-yorkaise McGregor décidait l'année dernière de le rééditer pour 239€.
Pour ceux qui ne verraient en Nicolas Cage, qu'un acteur boursouflé accumulant les nanars, Ecran Large a rappelé récemment que l'acteur était surtout jadis un homme respectable et respecté qui a travaillé sous la houlette de son tonton Francis ford Coppola (et non BDM), mais aussi Alan Parker, les frères Coen, Brian de Palma, et David Lynch dans Sailor et Lula. C'est d'ailleurs dans ce film que l'acteur arbore l'une des vestes les plus improbables du cinéma. Mais chez Lynch, cette matière jaune croco symbolise « la personnalité de Sailor et sa passion pour la liberté ». Nous on y croit.
Charlie Chaplin possède sans aucun doute le costume le plus légendaire du cinéma. C'est lorsqu'il débarque aux États-Unis au début des années 1910 qu'il crée Charlot, ce personnage de vagabond gentleman, qui ne le quittera plus jamais. Pour lui donner encore plus de consistance, son déguisement devait être tout aussi contrasté que sa personnalité et son statut social pour symboliser « l'exigence d'une certaine tenue au cœur de la misère ». Il décide donc d'associer un large pantalon tombant sur des chaussures trop grandes à une canne, un chapeau melon, une veste étriquée et un nœud papillon. On ne connaît que trop cette anecdote délirante où le cinéaste s'était présenté incognito à un concours de sosies de Charlie Chaplin organisé à San Francisco, ne réussissant à se classer que troisième. En 1987, dix ans après son décès il ne reste plus de ce mythique costume que sa canne et son chapeau melon vendus 110 000 euros lors d'une vente aux enchères organisée à Londres.
La célèbre tenue des « droogies » puise son origine dans le costume blanc de joueur de cricket que Malcolm McDowell avait à l'arrière de sa voiture au moment où il travaillait avec Stanley Kubrick sur l'apparence d'Alex Delarge. Le réalisateur d'Orange mécanique a alors suggéré par la suite que McDowell enfile la coquille (ou suspensoir testiculaire, pour ceux qui s'y connaissent) par dessus son pantalon. Il ne manquait plus que des bottes noires et un chapeau melon pour apporter à ce gang de voyous un look mi-classe mi-sortie d'asile. Outre les distinctions et les centaines de références qui existent autour du film dans la culture populaire, Joel Shumacher rend hommage aux fameux costumes dans son film Batman & Robin. Un des gangsters est déguisé comme Alex et son groupe, lors de la course de motos. On vous l'accorde, un souvenir moins impérissable que le chef d'oeuvre de Kubrick.
La chemise "garçonne" de Uma Thurman
Lorsque l'on pense à Audrey Hepburn, on imagine tout de suite la beauté naturelle et étincelante de l'actrice dans cette petite robe noire cintrée qu'elle portait avec des gants en velours dans le film Diamant sur canapé. Si incontournable que le vêtement s'est arraché à 800 000 dollars dans des enchères organisées à Londres en 2006.
Le pantalon en lycra noir d'Olivia Newton-John
Qui oserait oublier la transformation impressionnante de petit fifille à femme fatale d'Olivia Newton-John dans Grease ? Lorsque l'actrice déboule en grande pompe au parc d'attraction sous des sifflets admiratifs, faxée dans un pantalon extra slim en lycra noir, une veste en cuir et un top dont les manches tombent sur ses épaules. Filles ou garçons, la mâchoire nous en tombe encore.
Les trois bouts de tissus de Raquel Welch
Le manteau goth' de Matrix
Pour lutter contre les pouvoirs obscurs de la Matrice, rien de tel qu'un long manteau noir en cuir, référence culte au film des frères Wachowski lorsqu'il est assorti avec une paire de lunettes noires. C'est simple, Morpheus, Neo et Trinity ont tous voté pour. Il faut dire que l'effet est top quand le manteau virevolte au gré de leurs mouvements pendant les scènes de combat ou lorsque Neo se jette d'un building, puis vole face à la caméra dans la toute dernière scène du film. Ça donnerait presque envie d'avoir le sien. Presque.
Célèbre nageur olympique avant d'être acteur, fort est de constater que Johnny Weissmuller aura donc passé une grande partie de sa vie professionnelle en slip. Car le rôle de sa carrière, celui de Tarzan ne possède guère plus de tissus qu'un maillot de bain pour homme. Pour celui qui a interprété pour la première fois l'homme de la jungle au cinéma de 1932 à 1948, le changement de costume n'a pas du être trop radical.
L'imperméable, modèle d'élégance et de confort, sied si bien à Humphrey Bogart (ou « Bogie » pour les intimes) dans Le grand sommeil ou poireautant sous des trombes d'eau dans Casablanca. D'ailleurs, on n'imagine plus ce légendaire acteur du septième art sans son illustre manteau et son chapeau feutré.
Tout comme le marcel de Bruce (voir plus haut), on ne peut pas dire que le t-shirt blanc de Marlon Brando soit d'une grande originalité. Et pourtant, lorsque l'acteur arbore cette pièce épousant parfaitement sa musculature dans Un tramway nommé désir, on a tout de suite un peu chaud. Ce n'est pas une coïncidence si aujourd'hui, cet incontournable des vestiaires est considéré comme un aimant à femmes (1).
La chemise de nuit bleue de Mia Farrow
Six autres femmes auraient pu porter la célèbre chemise de nuit qu'arbore Mia Farrow dans Rosemary's baby. En effet, les producteurs avaient d'abord pensé à des actrices comme Jane Fonda ou Julie Christie, quand Roman Polanski aurait même voulu qu'on lui suggère son épouse, Sharon Tate. Au final, Farrow fut si convaincante lors des essais que sa participation au film ne faisait plus aucun doute, même pour Polanski. Aujourd'hui, la fameuse chemisette bleue a été vendue aux enchères garnie de quelques photos du mariage de Farrow et Frank Sinatra et des lettres d'amour qu'elle avait reçu de Woody Allen.
Dans cette tenue de petite
fifille proprette de la campagne avec chemisette blanche, robe en vichy
bleue et soquettes à dentelle, Judy Garland interprète Dorothy dans Le
magicien d'Oz et accessoirement Over the rainbow, l'une des chansons les
plus célèbres du cinéma, devenu un tube interplanétaire et repris un
nombre indécent de fois. Encore une robe qui n'a pas fait long feu aux
enchères vendue à 480 000 dollars l'année dernière à Beverly hills.
Tant de scènes de Autant en emporte le vent ont été définies par les tenues de Scarlett O'Hara interprétée à l'écran par Vivien Leigh. La plus fameuse reste cette robe en mousseline fleurie verte et blanche que l'actrice porte lors du barbecue des « douze chênes ». Cette pièce d'exception dessinée et crée par Walter Plunkett a fait l'objet de nombreuses reproductions et a inspiré à des collections de robes de marié dont la dernière date de 2011. Aujourd'hui encore, les précieuses tenues de Scarlett sont une référence pour d'autres films en costumes d'époque.
Personnage emblématique de la culture populaire, le costume que porte Indiana Jones est devenu le look de l'aventurier par excellence. Aprè, tout le monde n'a pas forcément autant la classe qu'Harrison Ford avec un chapeau Fedora marron, une chemise ouverte jusqu'au nombril, un pantalon beige, de grosses chaussures et un fouet accroché à sa ceinture.
Si dans Mary Poppins c'est surtout son personnage qui est inoubliable, La robe « belle des champs » qu'arbore Julie Andrews dans La mélodie du bonheur est d'autant plus fameuse qu'elle s'est arrachée l'année dernière à 38 000 dollars lors d'une vente aux enchères à Beverly Hills (la même où la robe en vichy de Judy Garland a été vendue).
Travestir les deux héros de son film en femme était un concept innovant à l'époque, qui a valu au film Certains l'aiment chaud d'être classé parmi les meilleures comédies de tous les temps. Les pros du camouflage, Tony Curtis et Jack Lemmon ont réussi a composer des personnages devenus cultes aux antipodes de leurs rôles précédents qui a même valu à Lemmon le golden globes et le BAFTA du meilleur acteur. Orry-Kelly, célèbre costumiers d'Hollywood qui a conçu leurs tenues de femmes, a quant à lui remporté l'Oscar des meilleurs costumes en 1960. Par ailleurs, si Tony Curtis a tout de suite était approché pour le rôle, Jack Lemmon aurait dû laisser sa place à Frank Sinatra, premier choix de Billy Wilder, si ce dernier n'avait pas refusé catégoriquement de se travestir en femme. Nobody's perfect
(1) Une étude britannique menée par l'université de Nottingham Trent aurait révélé que les hommes en T-shirt blanc pouvaient voir leur sex-appeal augmenter de près de 12%.