How I met your mother : Ce qu'on aime, ce qu'on déteste

Christophe Foltzer | 12 avril 2014
Christophe Foltzer | 12 avril 2014

Maintenant qu'un peu de temps a passé depuis la diffusion US du dernier épisode de la série, il nous a paru intéressant de revenir sur How I met your mother. Point d'analyse, pas de bilan, simplement énoncer les choses qui nous ont plu et déplu au courant de ces 9 saisons. Nous vous invitions à compléter cet article dans les commentaires avec vos propres moments préférés et détestés.

 

CE QU'ON AIME

 

La première saison, en général.

Et oui, on se rappelle l'époque où la série a débarqué. Orphelins de Friends depuis quelques temps, nous n'avions pas trouvé digne successeur dans le genre « série de groupe sur des trentenaires à New-York » et forcément, HIMYM occupait naturellement cette case vide. On se rappelle les débuts, le plaisir de la découverte, l'expérience d'un humour en parfait décalage mais très conscient de lui-même. Et si on pouvait déjà y déceler quelques faiblesses et un versant soap-opera menaçant, l'équilibre était préservé. En plus, il y avait Amy Acker à la fin de la saison, et ça fait toujours plaisir.

 
 

Les références Pop.

HIMYM peut être considérée comme une série post-moderne dans le sens où elle sait parfaitement dans quel univers elle s'inscrit. Cette proximité s'abreuve de nombreuses références pop proches de son public, renforçant ainsi la relation personnages-spectateurs. Ted et Marshall se font des marathons Star Wars, les guests renvoient à un patrimoine pseudo geek bien connu du public (Bryan Cranston, Bob Odenkirk, Alexis Denisof, Sarah Chalke, Britney Spears, Kal Penn, Martin Short...), et les clins d'œil à la « contre-culture » sont plus que fréquents. On se rappelle, à titre d'exemple, le costume de pilote de Top Gun que porte Barney dans la première saison avec Danger Zone craché par un poste radio, ou encore, pour plonger plus avant dans le méta, Neil Patrick Harris reproduisant la séquence finale rituelle de chaque épisode de Docteur Doogie, la série qui l'a révélé quand il était enfant, mais à la sauce Barney. Et puis bon, Let's go to the mall quoi. Quand même...

 

La temporalité éclatée.

L'une des grandes forces de la série réside dans sa gestion de la temporalité. Beaucoup de flash-forwards qui, dans les premières saisons du moins, remportent la mise et une manière assez inédite de générer suspense et excitation. Ces séquences arrivant toujours de manière impromptue, la surprise est totale et crée une illusion que nous assistons à un élément d'un tout cohérent et savamment distillé. L'effet est étrange et fonctionne justement parce qu'il donne des réponses à des questions que l'on ne se posait pas encore, ce qui nous amène à tirer des conclusions sur le peu d'éléments en notre possession et ainsi alimenter le débat entre deux épisodes (ce qui est très bien pour s'assurer la fidélité du spectateur). Evidemment ce procédé sera utilisé jusqu'à la corde, perdant ainsi progressivement son impact, mais on se souviendra toujours de quelques temps forts qui ont rempli leur contrat (l'annonce de la cohabitation Ted / Robin un an avant qu'elle ne se produise ou bien sûr tous les moments relatifs à la rencontre avec la Mère).

 

 

Barney Stinson - les théories - le Playbook.

Plus les saisons passent, plus elles lassent, mais l'intérêt du public pour Barney Stinson lui, ne diminue pas. Ce personnage est devenu très rapidement le centre d'intérêt de la série et sa folie est pour beaucoup dans le traitement décalé de ses histoires. Avec ses théories fumeuses sur les femmes, les défis improbables qu'il se fixe, son mode de vie totalement impossible mais extrêmement drôle (son écran géant, sa collection de pornos rangés dans ce qui ressemble à un autel à leur gloire), ses obsessions (être reconnu comme le meilleur ami de Ted, le laser-tag, les costumes) et surtout ses techniques de drague débiles (se faire passer pour son « moi » du futur revenu à l'époque actuelle pour empêcher une catastrophe que seule une partie de jambe en l'air avec une femme peut contrer), Barney est le personnage pour lequel on a fini par regarder le show. Sa transformation en romantique désireux de se ranger est devenue d'autant plus insupportable que nous assistons là à un reniement du caractère de base du personnage et une destruction d'un des gros points forts de la série. Rendons hommage à Neil Patrick Harris, extraordinaire dans ce rôle, déployant une énergie folle et utilisant tous ses talents pour nous rendre Barney inoubliable.

 

Stella.

Plus que Robin, c'est l'histoire de Ted et Stella qui retient notre attention. A la fois improbable et assez réaliste dans le fond, drôle et émouvante, cette romance a eu le mérite de faire avancer le personnage principal comme aucune autre avant elle (ou après d'ailleurs). L'un des nœuds primordiaux s'est noué à cette occasion et c'est probablement cette histoire qui nous touche le plus, par sa fin tragique et programmée et toute l'énergie déployée pour qu'elle ait une chance de fonctionner. Là, on atteignait une certaine authenticité dans les rapports humains qui était mise en valeur par tous les délires parallèles. Cela nourrissait la romance, la renforçait et nous rendait la séparation d'autant plus douloureuse. A ce titre il faut noter l'interprétation exemplaire de Sarah Chalke dans le rôle, alors fraichement sortie de Scrubs, qui a insufflé dans le personnage une crédibilité inattendue. Et puis, comment ne pas parler de la fin de leur histoire, avec le film basé sur leur aventure et écrit par l'ex-nouveau petit copain-père de l'enfant de Stella, un récit d'un point de vue forcément très orienté, que Ted se prend au visage en plein date. Savoureux.

 

 

 

CE QU'ON DETESTE

   

Lilly et Marshall.

Marshall est peut-être le personnage le plus sacrifié de toute la série. Son parcours entre le début et la fin a permis aux auteurs de le rendre fade, inintéressant et unidimensionnel. Bravo les gars. Mais tout cela n'aurait jamais pu être possible sans la participation de la Plaie, sa femme Lilly. Comme toute série de groupe moderne, HIMYM utilise un certain nombre d'archétype pour façonner ses personnages : le romantique invétéré qui cherche à vivre un conte de fée (Ted), le queutard macho en contre-point (Barney), la femme qui vient d'ailleurs et qui s'impose comme le love-interest du héros (Robin) et le couple modèle qui sert de but à atteindre pour le romantique (Marshall et Lilly).

Si les débuts de la série se moquaient gentiment des travers beaufisants du couple, la suite a décidé de les traiter au premier degré et d'en faire un des vecteurs de sa dramaturgie. Ce qui a conduit à modifier en profondeur les personnages. Lilly possédait ses zones d'ombre, exprimait un désir de liberté évident (climax de la fin de la saison 1) et était finalement assez ouverte sur les autres choix de vie que les siens. Cela ne durera pas puisqu'en quelques saisons elle s'est transformée en épouse cerbère, garante d'un mode de vie, tyrannique et manipulatrice, tout en étant réduite à deux-trois caractères récurrents (l'excitation, la colère, ses penchants lesbiens pour Robin). Tout ceci s'aggravera avec la naissance de leur enfant où définitivement l'humanité des personnages s'efface au profit du caractère-type générateur de situations comiques.

Lilly devient cette espèce de nana qui fut intéressante un moment mais qui s'est complètement fermée sur elle-même et sa famille au point d'en devenir obsessionnelle et intolérante, car elle entend bien diriger en souterrain le destin de ses amis. Autant dire qu'une personne comme ça, dans la vraie vie, ça ne dure pas longtemps. La conséquence directe, c'est Marshall qui la subit. En très peu de temps il perd tout relief, tout intérêt puisqu'il n'est plus que le sparring-partner de sa femme et n'évolue plus. Ce qui a un effet sur Ted, puisque sa relation avec lui s'appauvrit alors qu'elle était l'un des moteurs de la série à ses débuts. Les auteurs ont commis l'erreur de partir d'une critique pour dériver vers une caricature et finalement accepter et revendiquer ce qu'ils moquaient au début. Triste.

 

 

L'abandon de la comédie.

Soyons honnêtes, plus les saisons passent et moins elles font rire. Manque de motivation ? Tarissement des idées ? Difficile à dire mais ce qui est sûr c'est que la série est tombée très vite dans une routine qu'elle ne saura pas briser. Le problème c'est que HIMYM s'est fait piéger par son histoire. Alors qu'à l'origine la recherche de la Mère n'était qu'une excuse pour dresser le portrait de la génération de trentenaires actuelle, elle est devenue petit à petit le point central de toute l'intrigue. Ce changement d'horizon a tué la série. Si bien évidemment, dès le départ le spectateur attend la fameuse rencontre, ce n'est pas le plus important, ce n'est pas pour ça qu'il regarde la série. Non, en regardant HIMYM, le public se moque avant tout de lui-même. Avec tendresse et sympathie. Epouser les codes du soap-opera a tué le potentiel comique de la série, sa raison d'être. Plus l'histoire avance et plus les scénaristes s'embourbent dans cette voie, moins on a envie de les suivre. HIMYM est une série qui a commis l'erreur de se prendre trop au sérieux. Alors, on fait comme on peut pour se rappeler des grands moments de la série.

 

 

 

La relation Ted-Robin.

Si elle était digne d'intérêt dans les deux premières saisons, elle a piétiné sur place pendant le reste de la série, reproduisant inlassablement les mêmes schémas. Si l'on accepte avec joie le revival d'une telle histoire parce qu'elle est fondamentale dans la trajectoire du personnage principal et qu'elle décide de beaucoup de ses relations futures, le sur-place opéré est très désagréable et confine à la perte de temps pure et simple. D'autant que, passées les deux premières saisons donc, Robin n'est plus un personnage si intéressant que cela. Alors bien sûr son caractère de femme indépendante, un peu garçonne et monomaniaque est toujours très sympathique, mais le lien qui la rapprochait du spectateur est coupé très tôt.

On n'y croit plus et sa relation avec Barney se révèle très artificielle et relève du « truc » scénaristique pour relancer les rapports entre les personnages. Cette relation marque le début de la fin de Barney et la perte d'intérêt pour Robin qui, encore une fois, termine sa course comme une caricature de ce qu'elle était à l'origine. Même Ted n'est pas épargné puisque, à présent emprisonné dans un schéma attraction-répulsion vis-à-vis de Robin, il n'avance plus vraiment. Et on ne parlera pas de la fin du dernier épisode, beaucoup trop énervante.

 

 

Une série beaucoup trop longue.

Si HIMYM n'avait duré que 4 ou 5 saisons, elle aurait pu être exceptionnelle. Or, elle fait quasiment le double. Le succès a finalement été le plus grand ennemi de la série puisqu'en la prolongeant jusqu'à l'overdose, les créateurs ont ainsi prouvé qu'ils n'avaient pas un concept suffisamment solide pour supporter une telle durée de vie. C'est un peu la même chose qui est arrivée à Friends qui, dans ses deux dernières saisons, commençait à perdre de son intérêt et sacrifiait son fond comique pour des séquences de bons sentiments insupportables. Mal identique dont souffre HIMYM.

Tout cela, évidemment, se cristallise autour de la recherche de la Mère qui perd progressivement de son impact, à tel point que son apparition effective n'a pas l'effet escompté. Trop de temps a passé, trop de fausses pistes, trop de manipulations de la part des scénaristes, le spectateur a réalisé entre-temps qu'on le prenait pour un imbécile et lorsque le moment fatidique arrive enfin, il s'en fiche complètement. Dur mais justifié. La saison 9 est à ce titre un cas d'école. En bousculant les règles et en concentrant l'intrigue sur quelques jours, HIMYM perd définitivement son identité et prouve que les créateurs n'en peuvent plus, qu'ils n'ont pas suffisamment de matière et qu'ils doivent remplir des trous béants pour arriver au bout. Cela conduit à une artificialité générale, démultipliée par ce que l'on a vu plus haut. Tout cela pour accélérer les choses dans les deux derniers épisodes et flinguer tout ce qui a été précédemment construit. Qu'on ne s'y trompe pas, en dépit de tous les éléments cités dans cet article, le temps est bel et bien le plus grand défaut de la série, et son plus impitoyable ennemi. La Mère ne s'en est d'ailleurs pas remise.

 

 

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commentaires
Simon Riaux
25/10/2018 à 14:12

@Jesaispas

Notre métier, c'est justement de proposer des analyses, lesquelles sont, par définition, personnelles.

L'objectivité étant, il faut le rappeler, une légende.

Jesaispas
25/10/2018 à 14:09

L'analyse c'est médiocre ! Vous faites un articles en vous croyants spécialiste et que tout ce que vous dites est prouvé mais n'oublier pas que c'est que votre avis personnel ! Si vous avez détester la fin de la série alors désolé de vous l'apprendre mais cela veut dire que vous avez rien compris a cette série. Je vous invites alors a la revoir. Puis les personnages de Marshall et Lyly a un impact très important c'est eux qui font avancer la série ! Honte de voir des personnes comme vous parlez de quelque chose qu'ils connaissent pas.