Les Experts - Saison 1
Diffusé pour la première fois aux États-Unis en octobre 2000 sur la chaîne CBS, Les Experts alias C.S.I. (Crime Scene Investigation) pour les intimes est très rapidement passé du stade de série policière à celui de véritable phénomène si bien qu'elle a rapidement fait le tour du globe (le 1er épisode fut diffusé pour la première fois en France en novembre 2001 dans l'anonymat le plus complet). Les raisons d'un tel succès ? Les acteurs, les énigmes proposées chaque semaine et l'aspect pédagogique de la médecine légale du moins si on en croit Anthony Zuiker créateur de la série. Pour les non initiés, une petite présentation s'impose : Les Experts suit les enquêtes de la brigade scientifique de nuit de la police de Las Vegas. Meurtres, kidnapping, viols, l'équipe de scientifiques est souvent confrontée aux cas les plus insolubles. Expériences, analyses, reconstitutions... tous les moyens sont bons pour faire éclater la vérité. Chaque épisode s'ouvre sur une séquence présentant de manière volontairement elliptique un moment précédant ou suivant un crime, la scène d'après montre l'équipe d'experts dépêchée sur les lieux du dit délit. Pendant que Grissom, le personnage principal, lance sa phrase choc, la musique monte et enchaîne directement sur le générique.
Les Experts a pour but de nous faire vivre l'enquête
à travers les yeux des enquêteurs de la police
scientifique et ce à l'aide d'un style visuel bien
particulier, véritable « marque de fabrique » de
la série, qui consiste à plonger littéralement
la caméra dans tous les endroits possibles afin d'immerger au
mieux le spectateur dans les intrigues proposées chaque
semaine. Un parti pris artistique que l'on doit à Danny Cannon
réalisateur du pilote ainsi que de quelques uns des meilleurs
épisodes de la série (Au-delà des apparences,
Du sang sur le parquet au final, plus d'une vingtaine
d'épisodes au compteur toutes saisons confondues). Quand on
sait que le monsieur est à l'origine de Judge Dredd et
autres Souviens toi l'été dernier 2, on ne peut
que se réjouir de la « rédemption » que
représente Les Experts tant son style sert à
merveille la série sur un plan visuel et narratif.
La série perdrait beaucoup de sa force d'attraction si
elle n'était pas servie par des personnages attachants
interprétés par des acteurs de talent. À
commencer par Gil Grissom (William Petersen), chef de la brigade
scientifique de nuit, homme brillant doublé d'un entomologiste
(spécialiste des insectes) hors pair qui se consacre
entièrement à son travail au détriment de toute
vie privée. Peu doué pour les relations humaines, il
trouve dans la science sa planche de salut et a pour mot d'ordre «
les preuves ne mentent pas, les gens si ». Bien que souvent
replié sur lui-même, il n'en demeure pas moins un
formidable mentor pour tous les membres de l'équipe. Catherine
Willows (Marg Helgenberger), ancienne strip-teaseuse jonglant
constamment entre son métier et ses responsabilités de
mère, représente le parfait contrepoint de Grissom (la
série joue d'ailleurs constamment sur la dynamique entre les
deux personnages). Quant à Warrick Brown (Gary Dourdan),
impétueux et têtu, s'il se laisse facilement déborder
par ses émotions, surtout quand une affaire lui tient à
cur, il est aussi un homme torturé qui, tout au long de
cette première saison, va se battre contre son addiction au
jeu. Nick Stokes (George Eads), expert de niveau 3, est un enquêteur
qui se fie beaucoup à son intuition mais a tendance à
faire trop confiance. Lui et Warrick sont très complices si
bien que les deux hommes ne peuvent s'empêcher de se lancer
régulièrement des défis au cours des enquêtes
qu'ils mènent ensemble. Sara Sidle (Jorja Fox) arrive à
partir du deuxième épisode pour prêter main forte
à Grissom, son ancien professeur. Tout d'abord mal accueillie
par les membres de l'équipe, elle gagnera peu à peu sa
place au sein du groupe et le respect de ses collègues. À
l'image de Grissom, Sara s'investit beaucoup dans son boulot et ne
semble pas avoir de vie privée. Le charisme des personnages
ainsi que l'évidente alchimie créée entre eux
constitue l'un des points forts des Experts et c'est un
véritable plaisir que de voir leurs relations se construire au
cours des épisodes.
La saison 1 s'ouvre sur un pilote qui démarre très
fort : on entend la voix d'un homme annonçant son suicide
tandis que la caméra surplombe la ville de Las Vegas, une
pièce bleutée dans laquelle une personne avance dans
l'ombre, un pistolet à la main. Ellipse, Grissom arrive sur
les lieux de ce qui semble être un suicide. Il ne lui faudra
pas longtemps pour découvrir que les apparences sont
trompeuses : Les Experts peut commencer ! Si ce pilote remplit
parfaitement ses fonctions (présentation des personnages,
immersion immédiate dans l'ambiance de la série), il
peine cependant à s'affranchir de sa condition d'épisode
test comme en témoigne cette scène où Grissom
avoue être fan de Pink Floyd tout en draguant ouvertement l'une
de ses collègues (!!!), une attitude à mille lieux de
celle du personnage campé par William Petersen tout au long de
la série. Le premier épisode a beau s'achever sur un
événement traumatisant pour les membres de l'équipe,
déterminant ainsi leur comportement durant toute la saison, il
faudra attendre l'épisode 3 (Au-delà des apparences)
pour que la série prenne vraiment ses marques.
Au terme des 23 premiers épisodes,
une conclusion s'impose : Les Experts est une série
fascinante exploitant à merveille le potentiel de chaque
intrigue tant sur un plan scientifique que humain, les scénaristes
n'oubliant jamais que les enquêtes sont avant tout menées
par des hommes et des femmes qui ne peuvent laisser toutes leurs
émotions de côté, expliquant en grande partie le
succès de la série. Un aspect visiblement oublié
pour le premier spin off de la série intitulé Les
Experts : Miami dans lequel le fadasse Horatio Crane (David
Caruso) dirige une équipe d'enquêteurs tout droit sorti
de Melrose Place. Une tendance qui semble pourtant s'inverser
avec le deuxième
spin-off de la série se déroulant à New York
(choix intéressant et, dans un sens, logique), l'équipe
de scientifiques cette fois-ci plus restreinte est menée par
un Gary Sinise torturé. Baignant dans une ambiance post-Seven,
les premiers épisodes laissent augurer un changement de ton
plus proche de celui de la série originale.
(4/5)