Oz - Saison 1

Sandy Gillet | 23 octobre 2007
Sandy Gillet | 23 octobre 2007

Qu'ont en commun Prison Break et Oz ? Les puristes répondront sans l'ombre d'une hésitation : rien. Et pourtant il serait à notre avis judicieux de remercier dans un premier temps les nombreux fans de cette série somme toute efficace, car sans elle et son succès d'audience sur M6, il n'était pas certain de voir débarquer chez nous (entendre par là avant que le support ne disparaisse en tant que tel) Oz en DVD. Maintes fois annoncée, maintes fois repoussée (lire notre news), la série créée par Tom Fontana est en effet disponible depuis peu, tout du moins sa première saison. Bref on n'y croyait plus !

 

 

La seconde filiation que l'on peut y voir, est pour le coup moins opportuniste et/ou conjoncturelle puisqu'elle procède simplement de ce constat frappé de bon sens qui veut que sans Oz pas de Prison Break. Ou plus explicitement que sans Oz, le paysage actuel de la série US ne serait certainement pas ce qu'il est, à savoir riche, ambitieux, original et redéfinissant sans cesse et avec brio les codes du genre. À l'opposé du cinéma qui lui se meurt un peu plus chaque semaine faute d'avoir su prendre le même virage au milieu des années 90.

 

 

C'est qu'entre 1990 et 1997, année de la première saison de Oz, que pouvait-on en effet voir à la télé américaine qui ait marqué son époque ? Dans le désordre citons Dream On, X-Files, Seinfeld, NYPD Blue et Friends (on laissera sciemment de côté Les Simpson qui volent vers leur 18ème saison). Soit trois sitcoms avec à chaque fois un concept très fort, une série fantastico-paranoïaque aujourd'hui has been et LA série policière après Hill Street Blues matrice de toute la production actuelle dans le genre. Et puis Oz est arrivé éclaboussant tout sur son passage et prouvant surtout qu'il était possible de montrer à la télévision ce qui était encore il y a peu considéré comme impensable. À sa façon HBO (car c'est bien de cela dont on parle) revenait à une forme de cinéma militant qu'Hollywood et même le cinéma indépendant avaient laissé de côté depuis le début des années 80. HBO, trois lettres pour Home Box Office, trois lettres pour une chaîne du câble américain qui sont aujourd'hui connus dans le monde entier et pour cause elle a produit en dix ans autant de chef-d'œoeuvres ou de séries incontournables que la décennie compte d'annuité : Les Soprano, Six Feet Under, Sex and the city, Sur écoute, Deadwood, Entourage, Curb your enthusiasm, La Caravane de l'étrange, Rome et bien entendu Oz. Excusez du peu !

 

 

Aujourd'hui on le sait, les séries ont le vent en poupe et HBO n'est plus toute seule sur le marché semblant même avoir du mal à reprendre la main ou tout du moins à régénérer une vision et une méthode copiées depuis à satiété par d'autres chaînes du câble telles que Showtime (The L Word, Weeds et Dexter), Sci-Fi (Battlestar Galactica), The CW (Veronica Mars). Voire même par des Networks où ont pu germer des séries telles que 24, ou Prison Break justement (Fox). La boucle est-elle bouclée ? En fait il faut (re)voir Oz, ne serait-ce que cette première saison de seulement 8 épisodes pour s'assurer que l'on est en fait encore très loin du compte. Révolutionnaire en son temps, Oz reste aujourd'hui d'une force, d'une actualité et d'une maîtrise formelle et scénaristique encore trop rarement égalée à ce jour.

 

 

Il faut dire que chaque épisode est loin d'être une sinécure pour un spectateur habitué jusque là à être caressé dans le sens du poil. Ici il n'y pas de « Good guys » mais uniquement des « Very Bad guys », des « Bad Guys » et le personnel d'Emerald City, une sorte de prison modèle où les barreaux sont remplacés par des cellules en verre et où les gardes sont au milieu des prisonniers. Un aquarium où il est question de réhabilitation et de rédemption mais où en fait les requins ne font que se regrouper en races, ethnies, origines et religions pour finalement se bouffer entre eux. Un bestiaire qui se veut au final la radiographie d'une société américaine rongée de l'intérieur et annonciateur tel un cauchemar prémonitoire de la catastrophe du 11 septembre.

C'est toute la force de Oz d'avoir su voir dans les stigmates et les plaies béantes d'un melting-pot mal digéré, les maux de l'Amérique d'aujourd'hui et peut-être même de demain. Chaque décennie a son film référent, ici il s'agira d'une série. En 2007 on attend toujours celui ou celle qui prendra la relève.

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