R.I.S. - Les experts français

Ilan Ferry | 12 janvier 2007 - MAJ : 27/09/2023 14:34
Ilan Ferry | 12 janvier 2007 - MAJ : 27/09/2023 14:34

À l'heure où TF1 vient de signer un contrat de 15 millions d'euros lui assurant l'exclusivité totale de la franchise CSI pour les huit prochaines années (cf. news), son pendant francophone sobrement intitulé R.I.S. Police scientifique continue sur sa magnifique lancée (9,9 millions de téléspectateurs et 40% de part d'audience en moyenne sur l'ensemble de la première saison, et un premier coffret DVD sorti au mois d'avril 2006) et a entamé ce jeudi sa deuxième saison. Retour sur ce qui pourrait bien devenir un nouveau phénomène télévisuel.

Les vrais-faux Experts

Il faut toujours se méfier des contrefaçons ! Officiellement R.I.S. n'est pas à proprement dit un remake des Experts mais l'adaptation d'une série italienne nommée RIS – Delitti Imperfetti (elle-même fortement inspirée de… CSI !). Officieusement on peut aisément supposer que TF1, devant le prix prohibitif des droits de la série de Bruckheimer, a préféré se rabattre sur sa version transalpine. R.I.S suit donc les enquêtes des membres de la police scientifique chargés de reconstituer et résoudre les scènes de crime les plus retors en se basant avant tout sur les preuves (tiens donc comme dans CS !). Épaulés par des inspecteurs de police ayant la lourde tache de cuisiner les suspects (ça vous rappelle quelque chose ?), nos experts traquent et analysent le moindre indice dans une ville tentaculaire où le crime prend bien des formes. Une certaine idée du recyclage selon TF1 ?

Une équipe soudée

Ce n'est un secret pour personne, toute série se doit d'avoir des personnages forts, R.I.S. ne fait pas exception à la règle. Notre équipe française se compose donc de Marc Venturi, chef taciturne et peu loquace (tiens comme dans… bon ok j'arrête !), interprété par Jean Pierre Michael voix française officielle de Brad Pitt et acteur au charisme indéniable, malheureusement limité ici à deux expressions. Meurtri par la mort de sa femme, Venturi voit son passé refaire surface lors de la première saison par l'intermédiaire d'un mystérieux terroriste semblant le connaître intimement. Un chef, aussi charismatique soit-il, n'est rien sans une équipe sur laquelle il peut s'appuyer. Elle est ici composée de deux hommes et deux femmes (un air de déjà vu ?). Galanterie oblige, ce sont les dames qui inaugurent le bal. Les atouts de charme dans ce monde de brutes sont Nathalie Giesbert (Aurélie Bargème), collègue et confidente du mystérieux Venturi dont elle est le contrepoint parfait, et Julie Labro (Barbara Cabrita), nouvelle venue dans la fine équipe du R.I.S.. Enfin, l'équipe ne serait pas complète sans ses deux figures imposées : l'impétueux Malik (Stéphane Metzger), grande gueule et incorrigible dragueur fait presque de l'ombre au grand Hugo Chalonges, meilleur ami et mentor de Venturi. Interprété par l'inénarrable Pierre Loup Rajot, dont le talent pour le comique involontaire et le cabotinage à outrance ont fait merveille dans cette première saison avant de littéralement exploser lors d'une performance permanentée et mémorable dans l'insupportable Exes. Chalonges est certainement le personnage le plus caricatural d'une galerie de portraits déjà bien stéréotypés. Ajoutez à cela deux inspecteurs qu'on devine fervents admirateurs du commissaire Moulin, l'un d'entre eux (Laurent Olmedo, au look de chanteur has been cartonnant dans les maisons de retraite) se fendant même d'une romance avec Julie Labro, et vous aurez une petite idée du renouveau de la série policière made in TF1.

Navarro au pays des Experts

Ainsi, à la question : « R.I.S est - elle une série de qualité ? ». Le bilan reste mitigé. Si l'intrigue servant d'arc à toute la première saison reste prenante, l'ensemble s'évertue beaucoup trop à désamorcer constamment toute tension (les attentats du serial bomber étant presque toujours montrés hors-champ !). De plus, la série, visiblement atteinte du syndrome Julie Lescault, pâtit d'une réalisation plan plan privilégiant comme il se doit les champ/contre-champ. Elle ne s'accorde que de trop rares audaces comme le démontre un premier épisode au prologue explosif mais rapidement annihilé par un flashback qui durera huit épisodes alternant traque du serial bomber et enquêtes relativement bien ficelées malgré leurs côtés routiniers. Aussi enthousiasmante sur le fond, que frustrante dans la forme, R.I.S. reste malheureusement prisonnière du cahier des charges imposé par son diffuseur. Gageons que la deuxième saison ayant démarré hier (jeudi soir) proposera des épisodes moins formatés et permettra enfin à la série de se donner les moyens de ses ambitions.

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