Game of Thrones : on a classé toutes les saisons, de la pire à la meilleure

La Rédaction | 20 août 2022 - MAJ : 23/08/2022 15:02
La Rédaction | 20 août 2022 - MAJ : 23/08/2022 15:02

Game of Thrones est sans doute devenue, au fil des années, le plus gros phénomène sériel des vingt dernières années. Voici notre classement des huit saisons de la série HBO.

Avant de devenir une série réputée, suivie par des millions de spectateurs à travers le monde chaque semaine et commentée sur tous les réseaux sociaux à chaque mort, trahison, batailles ou surprises inattendues, Game of Thrones était une série de bouquins écrits par George R. R. Martin depuis 1991. Et si la saga littéraire était déjà un best-seller, c'est évidemment avec la série HBO, showrunnée par D. B. Weiss et David Benioff, que l'univers a pris une tout autre ampleur à travers le monde.

Car oui, entre se fader des bouquins de centaines de pages et regarder des épisodes de série, le monde a rapidement choisi de se délecter plus simplement devant leur télé, ordinateur ou smartphones, plutôt que de lire silencieusement ses bouquins de son côté (même si la série a forcément relancé la vente des livres).

Tout ça pour dire qu'à Ecran Large, on n'a pas classé les livres (puisque, oui, en fait presque personne ne les a lus chez nous), mais classé les saisons, quelques jours avant la diffusion de la très attendue House of the Dragonpremier prequel de Game of Thrones. C'est donc parti pour notre classement de la pire à la meilleure, et peut-être qu'il y aura des surprises pour tout le monde.

Ah, et attention, il y a évidemment des méga-spoilers un peu partout !

 

Game of Thrones saison 6 : photoJon Snow ne pourra pas stopper tous les spoilers

 

8. saison 5

Sortie : 2015 - Durée : 10 épisodes

 

Game of Thrones saison 5 : photo, Lena Headey Une saison sous le signe du caca

 

Les trois événements majeurs : Après les meurtres de Joffrey Baratheon et Tywin Lannister, c'est le jeune Tommen Baratheon qui règne sur Westeros, tiraillé entre l'influence de sa femme la reine Margaery Tyrell et de sa mère l'inénarrable Cersei Lannister. Les manipulations de cette dernière discréditent sa rivale, mais au prix d'une terrible marche de la honte dans la capitale.

Dans le Nord, les alliances entre Jon Snow et les sauvageons provoquent une mutinerie d'une partie de la Garde de la Nuit. Jon Snow est assassiné. Enfin, sur les terres des Stark, Sansa est forcée de se marier avec l'immonde Ramsay Bolton, qui la viole lors de la nuit de noces sous les yeux de Theon Greyjoy.

 

Game of Thrones saison 5 : photo, Carice van Houten, Stephen DillanePlus qu'une saison et je me barre

 

Pourquoi c'est la pire : Consciente d'être une grosse saison de transition et d'attente, la saison 5 fait à peine l'effort de cacher qu'elle tourne à vide en attendant des jours meilleurs. La panne d’inspiration est totale, et les showrunners tentent pathétiquement de compenser la perte de rythme par des rebondissements sortis du chapeau ou des scènes inutilement chocs – un reproche souvent fait à Game of Thrones avec plus ou moins de bonne foi, mais qui trouve ici sa justification.

On a déjà évoqué le viol de Sansa Stark qui a fait couler beaucoup d’encre (l'épisode est l'un des moins bien notés de toute la série), mais on pourrait aussi rajouter la mort de Shireen, la fille de Stannis Baratheon brûlée vive ou encore le retour à la case départ pour Daenerys, à nouveau enlevée par une horde Dothraki. Autant de vaines tentatives pour donner de la vie à un ensemble plus mort qu'un Martell sur le chemin de Gregor Clegane.

 

Game of Thrones saison 5 : Photo Kit HaringtonQui c'est qui va mourir ?

 

Cette saison 5 pendouille comme une voile morte. Vide de souffle, Game of Thrones sort péniblement les rames pour faire voguer sa galère. Les intrigues en elles-mêmes peinent d’ailleurs à convaincre, en particulier pour Arya Stark, dont l’arc narratif consiste principalement à vendre des crustacés sur la place du marché en attendant que son baby-sitter ne lui donne une quête journalière dont on se fiche complètement.

Bref, on s’ennuie la plupart du temps, et quand on ne s’ennuie pas, on se demande activement pourquoi on regarde cette série, qui enchaîne plus que jamais les complaisants spectacles d'humiliations et de sévices féminins pour essayer de maintenir notre attention.

 

 

Une scène emblématique : On a longtemps hésité entre le viol de Sansa, la mort de Jon Snow et la marche de la honte de Cersei, trois scènes à couper le souffle, pour de bonnes ou de mauvaises raisons. Afin de ralentir le tir de crottes de nez, on s'arrêtera sur la seule des trois qui nous semble réussie, et ce sera donc la marche de la honte de Cersei, qui pousse jusque dans ses derniers retranchements la logique de l'archétype bien connue de l'antagoniste que l'on adore détester.

C'est peu de dire que tout le monde déteste la lionne Lannister, qui a provoqué la chute de tant de personnages adorés des fans et qui, alors que la saison 5 s'engage, n'a encore jamais reçu la monnaie de sa pièce. Sauf que, bien que le capital de haine à l'égard de Cersei soit maximal, le retour de bâton est si violent et humiliant qu'il transporte dans une drôle de zone morale.

Il suffira d'une toge arrachée et de quelques pas sur la voie du supplice pour que la jubilation du spectateur se transforme en sentiment d'horreur, de dégoût et d'indignation face à un sort qu'on ne souhaiterait pas à son pire ennemi. Un beau tour de force narratif, servi qui plus est par une mise en scène sobre et naturelle, sans chichis sur-dramatisant (qui cache d'ailleurs aussi une petite virtuosité technique, puisque l'actrice Lena Headey n'a pas pu tourner cette scène de nu intégral, enceinte qu'elle était). Une retenue qui rend la scène plus juste, plus vraie... et donc, paradoxalement, plus dérangeante.

 

7. SAISON 8

Sortie : 2019 - Durée : 6 épisodes

 

Game of Thrones : photoLe feu, le sang et le sel des fans

 

Les trois événements majeurs : Au Nord, l'armée des morts, menée par les marcheurs blancs, s'apprête à déferler sur Westeros après avoir fait tomber le Mur qui la protégeait jusqu'ici. Mais c'est sans compter sur Jon Snow, Daenerys et tous ceux ayant le courage de les suivre, qui s'engagent dans une bataille inespérée pour la détruire. Et ça paie.

De son côté, Cersei compte sur cet affrontement pour affaiblir ses ennemis, peinarde dans son palais. Sauf que ça ne suffit pas, que la mère des dragons, devenue grande fan de dictature, rôtit les rues de Port-Réal avec le dernier fils qui lui reste et ensevelit le couple / la famille Jaime-Cersei par la même occasion. Enfin, il ne faut pas oublier la toute fin, la réponse à la question qui motive les enjeux depuis 8 saisons et 72 épisodes : qui montera sur le trône de fer ? Les candidats potentiels étant tous morts ou exilés, les scénaristes Tyrion et les seigneurs du royaume élisent par défaut Bran. La deuxième guerre, celle des fans, peut commencer.

 

Game of Thrones saison 8 : photoQuand le roi d'un continent est choisi par un prisonnier

 

Pourquoi c'est la grosse déception : Inutile de tourner autour du pot plus longtemps. Game of Thrones est un pari hasardeux fait par HBO qui est devenu un phénomène mondial. Il va sans dire que sa conclusion était scrutée avec appréhension, puis suivie comme une coupe du monde ou une élection présidentielle par des hordes de passionnés. La déception n'en a été que plus cuisante. Non seulement ces six épisodes ne comportent quasiment aucune des audaces narratives et aucun des retournements de situation qui ont fait le succès de l'oeuvre, mais ils faillissent carrément aux promesses qui s'accumulaient depuis des dizaines d'épisodes, de toute manière trop nombreuses pour être toutes tenues.

Au pied du Mur (enfin, presque), David BenioffD. B. Weiss et leurs scénaristes résolvent – au grand dam d'à peu près tout le monde –  les problèmes dans l'ordre, les uns après les autres. La série s'articule tout entière autour de ses deux batailles, dans le Nord et à Port-Réal, les épisodes intermédiaires servant de transitions à peine maquillées ou d'occasions de résoudre les arcs narratifs laissés en jachère depuis plusieurs saisons.

 

Game Of Thrones saison 8 : photo, Gwendoline ChristieUn adoubement bien mérité... et c'est tout

 

Mais ce qui a provoqué la colère, voire la furie puisqu'on en est là, de certains spectateurs, c'est bien évidemment ce tout dernier épisode, sur le papier pourtant très excitant. Achever une épopée de fantasy aussi riche en batailles, massacres et trahisons sur la pluie de cendre qui suit son apogée, sur le macabre calme qui suit la tempête, était une très bonne idée. Le choix du minimalisme aussi. Encore aurait-il fallu que cet ultime acte soit à la hauteur. On ne va pas vous faire un dessin : le twist final est aussi incohérent que feignant.

Mais la rage parfois complètement disproportionnée (ce n'est qu'une série, faut-il le rappeler ?), qui a occupé Internet des mois après la fin, occulte assurément le plus grand accomplissement de la saison 8 : prouver qu'il est possible d'atteindre une popularité que seul le cinéma hollywoodien touche du doigt une fois tous les dix ans avec une fiction télévisuelle, et à grand renfort de batailles d'une ampleur encore inégalée (l'épisode 3 reste l'un des plus épiques de la série). Les services de SVoD en passe de dominer l'industrie audiovisuelle en ont tiré des enseignements... et comptent bien réitérer l'exploit en septembre 2022.

 

 

Une scène emblématique : L'auteur de ces lignes en est persuadé, envers et contre tous : The Long Night est l'un des épisodes les plus audacieux et les plus épiques produits par la télévision après les années 2000, avec son teint sombre qui a certes motivé une bonne partie de son public à investir dans un écran HDR, mais qui traduit à merveille le désespoir des personnages. Et son climax reste superbe, bien aidé par un Ramin Djawadi au sommet de son art.

Très spectaculaire (merci, Miguel Sapochnik), l'épisode resserre néanmoins ses enjeux dans ses dernières minutes, comme si la puissance dévastatrice du roi de la nuit ne pouvait de toute façon être vaincue par la force, mais par le courage des derniers Stark. Subitement, le temps ralentit, le scénario accorde une rédemption à ses personnages secondaires les moins en sécurité avant de les occire et l'abattement vient contaminer jusqu'au spectateur, qui se demande bien comment ses héros vont s'en sortir cette fois. Puis la simplicité du mouvement d'Arya capté avec toute la suspension nécessaire par la mise en scène vient trancher dans la fureur de la bataille. Le mot d'ordre de la saison.

 

6. SAISON 7

Sortie : 2017 - Durée : 7 épisodes

 

Game of Thrones Saison 7 : Photo Emilia Clarke, Kit HaringtonLes retrouvailles familiales dont personne n'a conscience

 

Les trois événements majeurs : D'un côté, Daenerys débarque enfin sur le continent de Westeros pour s'emparer du trône et patiente donc du côté de Peyredragon avec son armée. Elle rencontre Jon Snow qui lui demande de l'aider dans la bataille contre les marcheurs blancs et qui accepte de la considérer comme sa reine parce qu'elle accepte de les combattre avec lui.

De l'autre côté, Sansa devient la reine du Nord grâce au retour de Arya à Winterfell et la mort de Baelish, pendant que Cersei continue à régner sur Port-Réal et fait semblant d'accepter d'aider les troupes de Daenerys et Jon Snow contre les marcheurs blancs. Enfin, on apprend que Jon Snow est en fait le fils de Lyanna Stark et Rhaegar Targaryen, soit l'héritier légitime du trône et le neveu de Daenerys, au moment où les marcheurs blancs détruisent le Mur grâce au dragon mort-vivant Viserion.

 

Game of Thrones Saison 7 : Photo Sophie TurnerLes dernières heures du bon vieux Baelish

 

Pourquoi c'est le début de la fin : La saison 7 de Game of Thrones a quelque chose de vraiment paradoxale. D'un côté, elle repose sur des événements majeurs pour la série, amenant de grands tournants scénaristiques entre la réunion de personnages (toute la famille Stark est enfin ensemble à Winterfell comme lors de la... saison 1), la formation de clans fixes (le clan Snow-Daenerys vs le clan Cersei Lannister vs les marcheurs blancs) et la mise en place des enjeux finaux, soit la guerre contre les marcheurs blancs devenant la priorité des personnages (sauf Cersei) et la guerre finale du trône entre Cersei et Daenerys.

De fait, la saison recèle de magnifiques séquences. Il y a de l'émotion avec les rencontres, les retrouvailles ou les séparations des personnages (bye bye Jaime), énormément de batailles entre les forces de Daenerys et le reste du monde (notamment un passage à Hautjardin qui dévoile aux troupes des Lannister la puissance des dragons de la Targaryen) et quelques morts ou révélations réjouissantes (le bon vieux Littlefinger enfin pris à son propre piège, Olenna Tyrell qui confie à Jaime que c'est elle qui a empoisonné Joffrey). On ne s'ennuie donc jamais vraiment vu le nombre d'arcs à suivre.

 

Game of Thrones Saison 7 : PhotoUne bataille dans toutes les mémoires

 

Pourtant, même si elle est portée par énormément de scènes majeures, la saison 7 subit énormément son statut de début de la fin. Comme la saison 7 est l'avant-dernière saison de la série et compte un peu moins d'épisodes que d'habitude (toutes les saisons avaient 10 épisodes, cette septième saison n'en compte que 7), elle joue forcément le rôle de tampon entre les précédentes saisons et le grand final.

Et du coup, la série prend ses aises, histoire d'installer tout ce qu'il faut en temps et en heure. Avant la saison 8 qui fera bien pire, cette saison 7 va donc à mille à l'heure, abandonnant complètement les contraintes de temps et d'espace, quitte à devenir (légèrement) incohérente. À ce stade-là, la saison 7 a un avantage : les fans veulent voir la fin et sont moins exigeants sur les petites facilités. Mais si on est honnête, on sait que toutes ses retrouvailles et ses alliances actées en une scène et ses arcs achevés en un dialogue (Euron Greyjoy la blague), c'est franchement un peu du foutage de gueule.

 

 

Une scène emblématique : Le climax glacé de l'épisode 6 est probablement l'un des grands moments de la saison, notamment parce qu'il contient à peu près tout ce qui fait la magie de la série et ce qui la rend aussi agaçante. Dans un premier temps, il y a ce combat entre le groupe mené par Jon Snow contre les marcheurs blancs, alors qu'ils sont encerclés sur un ilot. L'un d'entre eux est tué et Jon Snow commence à perdre espoir avant que Daenerys ne débarque avec ses dragons et brûle quelques marcheurs.

Sauf que le sauvetage ne se déroule pas aussi bien que l'espérait la Targaryen puisque Viserion est tué par le Roi de la Nuit et que Jon Snow est abandonné par le groupe. On se dit alors que c'est puissant, car Jon Snow va devoir affronter le Roi de la Nuit seul et probablement mourir. Mais c'était sans compter l'arrivée de nulle part de Benjen, l'oncle de Jon, qui lui donne son cheval et lui permet de s'échapper en deux-deux.

Il y a du spectacle, de la peur (la scène lorgne sur l'horrifique avec la horde de marcheurs blancs) et un événement primordial (les dragons ne sont pas invincibles), mais dans le même temps, il y a aussi une énième pirouette-triple axel-salto arrière scénaristique, histoire de raccrocher les wagons comme on peut. Bref, du pur Game of Thrones des dernières années, aussi réjouissant que franchement pénible.

 

5. SAISON 6

Sortie : 2016 - Durée : 10 épisodes

 

Game Of Thrones saison 6 : Photo Lena HeadeyLong live the queen

 

Les trois événements majeurs : Après sa marche de la honte Cersei entame sa plus ambitieuse vengeance à l’aide du mestre déchu Qyburn, celle-ci s’achevant par l’incendie du septuaire de Baelor et la mort de tous ses ennemis. Au Mur, Jon Snow est ressuscité par Mélissandre après avoir été la victime d’une mutinerie. Ses retrouvailles avec sa demi-sœur, Sansa, le poussent à prendre les armes pour aller affronter Ramsay Bolton et reconquérir Winterfell, déclenchant la fameuse bataille des bâtards. Suite à son triomphe, ses hommes le déclarent roi du Nord.

Loin de tout ça, Bran apprend à maîtriser son pouvoir auprès de la Corneille à Trois Yeux, tandis qu’Arya s’entraîne avec les Sans-Visages à Braavos, puis tous deux reprennent la route de Westeros. 

 

Game of Thrones saison 6 : Photo Sophie TurnerUne réunion très émouvante

 

Pourquoi c’est le ventre mou : La saison 6 de Game of Thrones porte en elle les éclats du génie originel de la série, tout en souffrant déjà des faiblesses formelles et narratives qui l'amèneront à son déclin. C’est en particulier lié au fait que cette saison est la première à totalement se détacher des livres de George R. R. Martin. Hormis quelques indications données par l’auteur aux showrunners, les intrigues des personnages suivent leur cours en s’émancipant davantage du support original.

Au rythme de la musique, la plus démonstrative des revanches gronde jusqu’à l’éruption finale. Le suspense tient en haleine le spectateur qui pressent ce qui va arriver. Lancell tente désespérément de stopper la machine, mais en vain, même si l'on doute jusqu'au bout.

Tous les traîtres sont châtiés : le Mestre Pycelle est violemment assassiné, Margaery soupçonne le drame sur le point de se produire, mais trop tard. Le septuaire de Baelor est détruit par le feu grégeois. C’est le triomphe absolu de Cersei, l’intronisant comme l’antagoniste le plus machiavélique de la série. Une victoire qui se paie au prix du suicide de Tommen, son dernier enfant. La prophétie se réalise et à partir de là, les scénaristes ont décidé de ne plus rien faire de bien avec le personnage, ce qui est la vraie tragédie.

 

4. SAISON 2

Sortie : 2012 - Durée : 10 épisodes

 

Game of Thrones : photo, Peter DinklageLa saison du feu pour Tyrion

 

Les trois événements majeurs : Alors que la maison Lannister pensait ne faire qu'une bouchée de la maison Stark après la décapitation inique de Ned Stark, le jeune héritier Robb Stark se révèle être un stratège né qui leur colle torgnole sur torgnole malgré son inexpérience. La guerre des Cinq Rois s'annonçait perdue d'avance pour les loups, mais elle tourne largement en leur faveur. Tout n'est pas gagné pour autant : nourri par le ressentiment de son père, Theon Greyjoy tourne le dos à sa famille d'adoption et met Winterfell à sac, forçant Bran et Rickon à s'enfuir vers le Mur pour chercher la protection de Jon Snow.

Jon Snow d'ailleurs mène de son côté une expédition au-delà du Mur, mais il est séparé de sa troupe. Grâce à sa rencontre avec Ygritte, il établit un premier contact "pacifique" avec les sauvageons, et commence à comprendre que la menace des Marcheurs Blancs est globale.

 

Game of Thrones : photo, Jack GleesonC'était juste un échauffement

 

Pourquoi c'est du haut de gamme : Les détracteurs de la saison 2 de Game of Thrones lui reprochent souvent d’être une saison « randonnée ». On sera d’accord sur un point : la plupart des arcs narratifs de cette saison tournent en effet sur des déplacements dans l’espace. Jon Snow voyage dans le Nord, Robb Stark mène campagne dans tout Westeros tandis qu’Arya sillonne également le continent incognito, Daenerys traverse le désert, Theon Greyjoy vogue vers Pyke avant de retourner à Winterfell. Mais cette accumulation de péripéties tourne largement en faveur de la série.

Après une saison 1 largement centrée autour du mystère et de la mise en place des grands enjeux de la série, la saison 2 tire pleinement partie du déchainement des forces en présence. La dramatique décapitation de Ned Stark provoque une passionnante recomposition de l'intégralité de la scène politique de Game of Thrones. Toutes les lignes bougent, et il est donc normal, voire logique, que les personnages bougent avec elles, que les complots laissent place à l’aventure. Et surtout à la guerre et ses mouvements de troupes.

 

Game of Thrones : photo, Gethin AnthonyRenly Baratheon, petit ange parti trop tôt

 

La Guerre des Cinq Rois occupe en effet la majeure partie de l’espace narratif de cette saison guerrière et instable, pleine d'incertitudes et de rebondissements. Chacun y perd, chacun y gagne, tout change tout le temps, personne ne peut plus s'appuyer sur ses acquis précédents et tout le monde doit s'affirmer par soi-même, trouver des moyens de s'en sortir et ne pas sombrer dans les failles ouvertes par les mouvements tectoniques du récit.

Bien sûr, si la zone de danger est prenante, tous les personnages n'ont pas droit à une trajectoire absolument transcendante à l'intérieur de cette zone. Mais au moins tous les personnages en ont une, géographique comme psychologique, et sans que cela ne se fasse (pour le moment) au détriment du rythme de Game of Thrones. Plus que celle de la randonnée, la saison 2 de Game of Thrones est donc celle de l'exploration et de l'adversité. En un mot, sans doute le plus essentiel à la fantasy et aux récits mythologiques : celle du voyage.

 

 

 

Une scène emblématique : Loin des guerres de Westeros et des tribulations de Daenerys et ses dragons, la menace informe des marcheurs blancs enfle dans l'ombre et le froid du Nord. Élément macro-narratif le plus mystérieux de la série, cette armée silencieuse fascine autant qu'elle effraie, et occasionne de nombreuses variations tonales au sein de Game of Thrones. Ici, une pure logique de film d'horreur : Sam, accidentellement isolé de son groupe au-delà du Mur, tente vainement de se cacher de la mort certaine qui l'attend.

Peine perdue, évidemment : il est repéré par les Marcheurs Blancs, et leur chef le toise de son regard bleu pâle comme un vermisseau... avant de détourner les yeux et de passer son chemin. Toute l'armée passe ainsi devant Sam, qui vient de regarder la mort droit dans les yeux et contemple l'ampleur de la dévastation qui s'annonce pour le reste du monde. Jouissif.

 

3. SAISON 1

Sortie : 2011 - Durée : 10 épisodes

 

Game of Thrones : photo, Sean Bean, Lena Headey, Jack GleesonIl faut qu'on en parle

 

Les trois événements majeurs : Eddard Stark alias Ned, le gouverneur du Nord et patriarche de la maison Stark de Winterfell, reçoit la visite du roi Robert Baratheon, son ami, mais surtout le souverain des Sept Couronnes, qui lui demande de quitter ses terres nordiques et de rentrer avec lui à Port-Réal afin de devenir Main du roi, soit son plus proche conseiller. Sous la contrainte, il accepte la proposition.

Quelque temps après, le roi Robert Baratheon meurt tué par les Lannisters, et demande à Ned de régner en attendant que Joffrey ait l’âge de devenir roi. Évidemment, Cersei n’écoute pas les ordres de son défunt mari et Joffrey est proclamé roi des Sept Couronnes juste avant de commander la mort de Ned Stark. Pendant ce temps-là, Daenerys Targaryen devient Khaleesi et alors qu’elle perd son bébé et son mari, Khal Drogo, ses trois œufs de dragons éclosent.

 

Game of Thrones : Photo Kit Harington, John BradleyLe début de la bromance

 

Pourquoi c'est un super lancement : C’est avec cette saison qu’on a découvert à quel point Game of Thrones allait autant nous réjouir que nous tordre les boyaux. Cette première saison a prouvé qu’avoir de la mémoire était très important puisque dès le premier épisode, on est assaillis de noms, de surnoms, de titres, de lieux, de liens de parenté... Bref, il y a de quoi s’y perdre, mais c’est ça qui rend Game of Thrones aussi jouissive que complexe. Le génie de la première saison réside justement dans sa capacité à présenter de nombreux personnages, principaux comme secondaires (et parfois même morts) et de toujours réussir à expliciter les liens qui les unissent sans jamais trop nous en dire, juste assez pour attirer notre attention.

Contrairement à de nombreuses séries qui mettent du temps à s’installer, Game of Thrones arrive à dramatiser son récit dès le tout début, notamment avec “l’accident” de Bran (et sa tentative de meurtre) et au départ de Jon Snow pour le Mur. On se rend vite compte que les nombreuses quêtes des personnages sont en fait toutes liées et qu’une action, en l'occurrence la presque mort de Bran, peut avoir un effet boule de neige terrible (les emprisonnements de Tyrion puis Jaime Lannister par Lady Stark entraînent la mort de Ned, elle-même provoquée par la mort de Robert par les Lannister).

 

Game of Thrones : Photo Elyes Gabel, Harry LloydSatisfaction maximale


Omniscient, le spectateur se mêle de toutes les affaires et a accès à l’intimité des personnages, peu importe leur positionnement géographique ou leur degré d'affinité avec la famille Stark, avec laquelle on se prend d’affection dès le début. Le spectateur, qui en sait souvent plus que certains personnages et qui peut établir des théories, se retrouve donc totalement démuni face à la cruauté de la série.

Des viols aux coupages de têtes et de langue en passant par un sacré nombre de meurtres, dont ceux de personnages centraux comme Viserys Targaryen, qui se fait couler de l’or fondu sur le crâne, cette première saison est déjà très violente, mais surtout déchirante. Si le meurtre du loup de Sansa était déjà éprouvant, cette première saison marque aussi le début de la fin pour la famille Stark qui en plus de se voir supprimer un membre majeur, ne se retrouvera plus jamais au complet, et pas avant quelques saisons.

 

 

Une mort emblématique : Si cette première saison est jonchée de scènes iconiques, comme “l’accident” de Bran, la mort de Viserys ou encore l’éclosion des oeufs de dragon de Daenerys, il est inconcevable de ne pas énoncer la séquence qui a marqué à tout jamais les fans de GOT, voire carrément l’histoire des séries télévisées : la mort de Ned Stark.

Alors qu’il était le personnage principal, celui dans lequel on avait une confiance aveugle, mais aussi celui qu’on voyait sur toutes les affiches de la série, le papa Stark a été décapité. Cette mort, déchirante, car totalement arbitraire, a définitivement confirmé qu’il ne fallait pas s’attacher aux personnages, car tout pouvait arriver.

Et le pire dans tout ça, c’est que sa mort ne fait même pas partie d’une stratégie politique ou militaire, elle n’est qu’un caprice du jeune petit roi Joffrey. Le faux aveu de Ned, qui ment en admettant avoir tué son ami Robert Baratheon, n'aura servi à rien. Point central de la saison 1, cet événement, qui a eu des conséquences tragiques, résonnera jusqu’aux dernières saisons. Cette scène extrêmement bien ficelée reste toujours aussi impactante, même après dix ans.

 

2. SAISON 4

Sortie : 2014 - Durée : 10 épisodes

 

Game of Thrones : photoLe calme avant la tempête

 

Les trois événements majeurs : Même s’ils règnent désormais sur Port-Réal, les Lannister souffrent économiquement de la guerre contre les Stark. Le mariage de Joffrey avec Margaery Tyrell ne traîne donc pas, mais l’insupportable souverain trouve la mort lors de la cérémonie. Tyrion est accusé, et finit par fuir Port-Réal après avoir tué son père.

Côté Targaryen, Daenerys libère des esclaves et façonne une armée jusqu’à prendre la ville de Meereen. Mais son pouvoir est confronté à la notion de compassion, et la terreur provoquée par ses dragons l’oblige à les enfermer. Au Nord, Jon Snow prévient de la menace des Sauvageons, bien décidés à prendre d’assaut Châteaunoir. Ygritte, la Sauvageonne dont Jon est épris, meurt dans la bataille, et ce dernier part tuer leur leader Mance.

 

Game of Thrones : photoFait froid

 

Pourquoi c'est presque la meilleure : Si les événements de la saison 3 redistribuent grandement les cartes de la série, Game of Thrones ne s’est pas reposée sur ses lauriers avec cette saison 4. Au contraire même, la nouvelle domination des Lannister a propulsé la plupart des arcs narratifs, si bien qu’ils sont tous portés par des séquences mémorables.

Après ses trois premières fournées, il faut dire que les spectateurs ont commencé à prendre certaines habitudes, ici perverties pour un effet de surprise maximal. Alors que la plupart des saisons construisent un crescendo pour de grandes batailles ou des morts inattendues, la saison 4 pousse les potards de la cruauté par la longue agonie de Joffrey dès l’épisode 2.

S’ensuit à partir de là un jeu politique et guerrier toujours plus vicieux et sadique, qui parvient mieux que jamais à tisser une connexion entre les enjeux intimes de ses personnages (on pense surtout à Tyrion, Oberyn Martell ou encore Jaime) et leurs conséquences plus larges sur le monde de Westeros. Daenerys en est la plus impactée, par un récit qui déploie enfin toute sa puissance, tout en commençant à interroger son rapport au pouvoir.

 

 

 

Une scène emblématique : Le duel entre la Vipère et la Montagne n’est pas seulement l’un des sommets de la saison, mais la quintessence de ce que Game of Thrones fait de mieux. À force de se méfier de la série et de ses morts inattendues, l’arrivée d’Oberyn Martell a tout de suite inquiété. Au-delà d’être incarné par un Pedro Pascal ultra-charismatique, un homme avec des principes et une quête de vengeance fait rarement long feu à Westeros.

Pour autant, la mise en scène de ce combat nous garde en permanence dans l’expectative, un peu à la manière d’un équilibriste qu'on attend de voir tomber. Le duel laisse attendre son retournement de situation, et quand celui-ci débarque, Game of Thrones ne fait pas dans la dentelle. Le crâne explosé d’Oberyn et le cri terrifié de sa maîtresse Ellaria hantent encore nos cauchemars.

1. SAISON 3

Sortie : 2013 - Durée : 10 épisodes

 

Game of Thrones : photoVous savez pourquoi c'est la première place

 

Les trois événements majeurs : Jon infiltre les Sauvageons. Il y rencontre Mance Rayder, le Roi d'au-delà du Mur, mais surtout Ygritte, dont il tombe vite amoureux. Daenerys, de son côté, arrive à la ville Astapor où elle récupère l'armée des Immaculés, avant de libérer tous les esclaves de la région.

Brienne et Jaime sont faits prisonniers, avant que celui-ci ne perde une main. Et enfin, les pauvres Stark, bien lancés dans leur guerre contre les Lannister, se font trahir par les Frey, et sont pour la plupart massacrés. Youpi.

 

Game of Thrones : photo, Emilia ClarkeLe début de la fin pour Daenerys ?

 

Pourquoi c'est la meilleure : La saison 3 de Game of Thrones est tout bonnement le chapitre définitif de la série. Dense, passionnant et surtout choquant, il répartit au mieux ses divers éléments plutôt que de garder toutes ses cartouches sur les derniers épisodes. L'évolution de Daenerys amorce un tournant politique majeur et une introspection sur ses qualités de souveraine, et plus généralement, tous les personnages sont confrontés à leurs préjugés.

C'est bien sûr le cas avec Jon Snow du côté des Sauvageons, mais le plus fort, c'est que Game of Thrones trouve par ce biais le moyen d'accentuer l'ambiguïté morale de ses divers camps, et d'interroger au passage le regard du spectateur sur les événements. Toute cette complexité, brillamment construite par David Benioff et D. B. Weiss, impose ce qui fait désormais le culte de la série : on aime être tourmenté par ce monde détestable, où tout le monde ne peut s'empêcher de révéler ses zones d'ombre.

 

 

 

Une scène emblématique : Bien entendu, les Noces Pourpres sont un immanquable de la série, peut-être même la scène la plus culte de Game of Thrones. Les morts brutales de Robb Stark, de sa femme enceinte et de sa mère ont pris par surprise les spectateurs comme peu de séries avant elle, au point même qu'une partie du public ne l'a jamais pardonné à ses créateurs.

Pour autant, la saison 3 est tellement incroyable qu'on avait aussi envie de parler d'une scène moins évidente, mais tout aussi importante. Dans l'épisode 5, Jaime et Brienne se retrouvent dans un bain après avoir échappé à leurs ravisseurs. Le fils Lannister, privé de sa main droite essentielle au combat, est tout bonnement démuni, et privé de l'attribut qui fait sa personnalité, ou du moins son image aux yeux des autres.

Or, par une série de plans fixes géniaux, les créateurs offrent à Nikolaj Coster-Waldau sa meilleure scène, où il revient sur le fait qu'il a tué le roi. Game of Thrones nous oblige à faire un pas de côté, et à écouter un personnage qu'on pouvait trouver jusque-là détestable. La série synthétise par cette seule séquence sa capacité à brouiller notre perception du monde impitoyable de Westeros.

 

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commentaires
Guéguette
22/08/2022 à 14:15

Jamais entendu parlé. C'est quoi?

Pseudonaze
21/08/2022 à 10:13

@Sébastien: merci pour cette analyse pointue.
Cette série à tout simplement révolutionné la façon de produire et d'appréhender les séries TV.
Game of thrones a apporté aux téléspectateurs du monde entier tout ce que le cinéma "mainstream" n'arrive plus du tout à apporter depuis presque 10 ans.

Fab1
21/08/2022 à 10:07

Une des meilleures séries tout simplement.
Vivement l'arrivée de sa petite sœur dans quelques jours :)

captp
21/08/2022 à 01:25

Totalement avec en accord avec le classement .la série est partie a fond dans le grand spectacle cheaté et à lâché sur l'écriture.
sinon on peut plutôt dire que c'est à partir de la saison 5 que les romans ne sont plus suivi par choix ou obligation... mais quand même beaucoup par choix:dorne(un des meilleurs moment dans les livres) ,sansa,stannis...

On sait maintenant que ça c'est très tendu avec Martin durant le tournage de la 4 et qu'à la 5 il n'était plus consulté.
Après pour être tout à fait honnête le livre 4 et 5 ou puise la saison 5 a pas mal de moments casse burnes (dont la partie arya de la serie)et au lieu de resserrer le récit, l'écarte encore plus en ajoutant plein de persos . Même Martin lui même a l'air de s'y être enfoncé et ne sait plus comment en sortir.
Mais ça mériterait quand même pas d'uriner sur dornes ou les greyjoy à ce point :o

Sébastien
20/08/2022 à 19:34

Série très surfaite. Mais quelques bons passages.

Rhaegon
20/08/2022 à 14:02

Très bon article:)

Totalement d'accord avec le classement ! La saison 5 est la seule que j'ai en partie passée lorsque j'ai maté la série une 2ème fois : je n'ai jamais été fan d'Arya déjà quand elle était à Westeros (toujours à râler et se plaindre), mais alors son entraînement à Braavos est chiant.

Et saison 3 la meilleure, tellement de rebondissements et de scènes clés, d'intrigues politique !

Pour la scène de la saison 4, pour ma part c'est plutôt le discours de Tyrion lors de son procès. C'était génial. Ou même l'échange en tout intimité entre Tyrion et Oberyn avant que ce dernier ne se déclare comme champion. Très prenant, alors qu'Oberyn fait taire Tyrion avec son histoire puis son désir le plus cher. Meme si le duel est tout de même parfait !

Et pour la saison 7, pour moi ça serait plutôt la défaite cuisante (c'est le cas de le dire) de l'armée de Jaime face aux Dothrakis et à Drogon. L'arrivée des Dothrakis promet déjà du lourd, mais le cri de Drogon qui annonce son arrivée pour refroidir la confiance de Jaime. Un chaos magistral, mais magnifique.

Tout ça me donne envie de me replonger dedans.
Quant aux bouquins, je ne peux que les conseiller (sauf pour ceux qui ont peur de ne jamais pouvoir lire la fin !)