Halo : on a vu les 3 premiers épisodes de la série événement sur Canal+

Antoine Desrues | 28 avril 2022 - MAJ : 02/05/2022 13:37
Antoine Desrues | 28 avril 2022 - MAJ : 02/05/2022 13:37

Après des années de développement, la série Halo, adaptée du célèbre jeu vidéo, est enfin disponible sur Canal+. Mais que valent ses trois premiers épisodes ?

En lançant le premier épisode de Halo, on ne peut que ressentir de l’appréhension. Après tout, le projet sort enfin du tréfonds des enfers après plus d’une décennie à traîner dans les tiroirs d’Hollywood. À l’origine, le méga-blockbuster vidéoludique de Bungie aurait dû prendre la forme d’un long-métrage produit par Peter Jackson et réalisé par un jeune Neill Blomkamp sur un scénario d’Alex Garland, avant d’être tout bonnement annulé. C’est en 2013 que Microsoft revient à la charge, en annonçant sur la scène de l’E3 la mise en place d’une série, avec Steven Spielberg comme producteur exécutif et caution qualitative.

Pour autant, il faut encore attendre neuf ans avant que Paramount+ ne dévoile les premières images des aventures cosmiques du Masterchief contre l’armée alien Covenant. Au-delà de ce development hell peu rassurant, d’autres éléments inquiètent, à commencer par la place de 343 Industries, les nouveaux gardiens du temple de la franchise depuis Halo 4.

 

Halo : photoLe premier qui dit "A l'huile", je le fume !

 

A priori, l’idée de voir la structure s’imposer dans le processus créatif n’est pas mauvaise, sauf que les développeurs de jeux vidéo ne sont pas des spécialistes du médium cinématographique, ou du moins du passage d’une forme à l’autre. L’année 2016 en a été un exemple probant dans le domaine avec la sortie coup sur coup de Warcraft et d’Assassin’s Creed, pour lesquels leurs éditeurs respectifs, Blizzard et Ubisoft, ont créé une succursale cinéma.

Résultat, les deux films se sont imposés comme des échecs cuisants, mais surtout des aberrations conceptuelles, oblitérant toute adaptation du gameplay des jeux et de leurs sensations pour ne garder que les apparats de l’univers, déclinés n’importe comment.

 

 

 

Masterchief ou Mastershit ?

Dès lors, avec autant de réserves, autant dire que l’introduction du premier épisode de Halo relève du petit miracle, puisqu’elle parvient à éviter la plupart des pièges pré-cités. Tandis que les Covenants attaquent un avant-poste rebelle sur la planète Madrigal, la série réussit en quelques minutes à poser organiquement les bases de son monde à la géopolitique complexe.

Pour l’occasion, 343 Industries a eu la bonne idée de créer une timeline alternative aux jeux, appelée la Silver Timeline, et qui donne ainsi plus de latitude aux créateurs de la série pour s’approprier les événements majeurs du lore de la franchise. En gros, nous voilà au début de la guerre entre l’UNSC, cette grande corporation humaine décidée à unifier la galaxie pour de bonnes et de mauvaises raisons, et l’Alliance Covenante, une race alien en quête de l’arme ultime : l’Halo. Au milieu de ce conflit naissant, on suit donc le joyau de l’armée de l’UNSC : le Spartan John 117, soldat génétiquement et technologiquement modifié qui met les pieds où il veut… et c’est souvent dans la gueule.

 

Halo : photo ÉliteL'Élite des séries ?

 

Sur ce point, Halo ne se fait d’ailleurs pas prier grâce à son entrée en matière explosive. Au cœur de son champ de bataille chaotique (qui se permet en plus quelques saillies gores bienvenues), le Masterchief débarque pour un festival de fan-service étonnamment bien conçu. On pourrait critiquer l’évidence d’employer des plans en vue subjective pour marquer la filiation aux jeux, mais ces derniers servent de ponts stylistiques vers d’autres propositions, à commencer par quelques longues prises où notre super-soldat enchaîne de manière fluide les échauffourées.

Bien entendu, difficile de ne pas couiner de bonheur à l’écoute de l’alarme du bouclier énergétique en rade ou du son si caractéristique du fusil d’assaut, qui aident grandement à l’immersion d’un montage qui se réfère à la nervosité des combats des jeux. Derrière cette facilité pensée pour titiller le fan, Halo prouve néanmoins qu’elle ne cherche pas qu’à transposer son univers de space opera, mais bien à se réapproprier ce qui a toujours fait le sel des jeux, à savoir l’adaptabilité grisante des Spartans, que ce soit en enchaînant tir nourri et corps à corps, ou en piquant les armes de leurs opposants.

 

Halo : photo, Pablo SchreiberIl faut pas énerver Pablo

 

De là découle la note d’intention convaincante des showrunners Steven Kane et Kyle Killen. Par sa nature d’origin-story des éléments fondateurs de sa mythologie, la série déconstruit et décortique la franchise comme on démonterait une bagnole pour en comprendre les rouages. C’est même de cette façon qu’est abordé le personnage de John 117, qui n’aurait jamais pu se résoudre à rester cette masse monolithique et imperturbable qu'il a toujours été.

Si la personnalité du Spartan se veut effacée dans les jeux pour mieux permettre la projection du joueur dans son corps surpuissant, le récit se permet de questionner le bien-fondé de ce mutisme déshumanisant. Son conditionnement psychologique et une puce inhibitrice bloquent ses émotions et ses sensations, comme pour mieux faire de lui une machine à tuer robotique, une enveloppe vide qui n’attend que d’être habitée.

 

Halo : photo, Yerin HaUn bon rebelle est un rebelle mort

 

Y a-t-il un pilote dans le Warthog ?

Les fans hardcore auront sans doute quelque chose à redire sur cette proposition moins badass, mais il semble nécessaire que Halo passe par ce virage franc, supporté par le jeu équilibré de Pablo Schreiber, qui inclut une fragilité salvatrice dans le regard d’un personnage censé ne jamais fléchir. S’ensuit d’ailleurs un build-up loin d’être inintéressant sur la nature et les états d’âme de ses collègues Spartans, ainsi qu’une introduction plutôt bien pensée pour le personnage de Cortana, la fameuse intelligence artificielle qui suit le Masterchief dans ses aventures.

Du coup, cette quête de sens et d’identité devient un assez bon moteur, quand bien même le rythme global des trois premiers épisodes piétine pas mal à cause de ses personnages secondaires assez platement implémentés, à commencer par Kwan (Yerin Ha), seule survivante de Madrigal que John 117 embarque comme Bébé Yoda.

 

Halo : photoWindows 12

 

Là se trouve d’ailleurs la limite majeure de Halo, dont la production fastidieuse a clairement poussé ses créateurs à piocher dans les acquis d’une certaine concurrence. Outre sa violence et ses nuances politiques héritées de Game of Thrones, la série n’évite pas de faire de son Masterchief un copier-coller du chasseur de primes casqué de Disney+.

La comparaison ne peut que jouer en la défaveur de la production Paramount+ qui, malgré ses moyens colossaux, fait souvent sentir son manque flagrant de dépaysement. Malgré une suite d’astéroïdes reliés par des téléphériques de l’espace (une idée plutôt maline et bien exploitée), Halo a quand même des airs de space opera tourné sur des terrains de paintball ou de laser-game cheapouille, au point où la production design réussie de l’ensemble fait souvent tache au milieu de ses forêts tristounettes et de ses déserts rocailleux.

Reste que la série n’en est qu’à ses débuts (sur ses neuf épisodes, en sachant qu’une saison 2 a déjà été commandée), et qu’on est pour le moment prêt à pardonner ses maladresses de fabrication au vu de l’intelligence de sa démarche d’adaptation.

La série Halo est diffusée sur Canal+ à partir du 28 avril 2022

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commentaires
SpartanJ104
01/05/2022 à 11:53

Je ne comprends pas que l'on puisse donner du crédit à cette série en sachant pertinement que cette "silver timeline" est simplement une excuse à la fainéantise et à un manque de cran de la part de 343i et Microsoft quant à la gestion de la production.

Il n'y à de Halo que le nom et les vagues chants grégoriens dans l'opening.
Le coeur de chaque personnage n'est pas respecté, l'univers est simplifié entre méchant/gentil, le scénario est cousu de fil blanc et n'apporte aucune plu-value,...
Je passe sur les effets visuels qui, malgré des fulgurances fugaces, sont d'un bordels sans nom avec des transitions sur les prises de vues réelles à gerber.
Je parle même pas des costumes, excusables pour un cosplayer, honteux pour une production à plusieurs millions.
Les bribes de fan service sont disséminées dès le début et tellement mal amenées...

En gros si on ne connait rien à Halo on peut apprécier malgré le manque de maturité évident dans le fond.
Si on est fan...il y à ceux qui tentent d'oublier que c'est le Halo que l'on connaît (c'est à dire celui qui nous a fait accrocher à cet univers) et essayent de voir du Halo là il n'y en a pas, et il y à ceux qui ne peuvent pas se résoudre à regarder une première adaptation ciné de leur univers préféré dans cet état et qui en plus ose ne pas faire dans le canon de l'univers. Un gros manque de respect de la part de Microsoft, de 343i, des réals de cette série.

Emynoduesp
01/05/2022 à 06:16

A l huile...j ai souri :)
"Seuls les vrais blablablaaaaahhhhh..."

Sinon, je ne connais pas Halo, donc je me laisserais bien tenter. Sauf que j ai pas Canal...

Yoann
01/05/2022 à 01:39

Tout le bla bla de ce pseudo reportage pour nous dire quoi...
Strictement rien du ce n'est d attendre la suite des épisodes.
Je crois que je me suis même endormi sur leurs écrit s. Bravo encore une fois écran large.

cherrymoon
30/04/2022 à 21:58

Salers, passons sur le fait que ce que tu dis est complètement con…va consulter, la dimension scatologique de ton message est le signe d’un pet grave au cerveau…ton chien a un problème aussi.

Silers
30/04/2022 à 21:12

Par principe, transformer un jeu vidéo en film où série, on devrait considérer que c'est toujours pipi caca. Car ça s'est vérifié à chaque fois. Il n'y a pas d'exemple où ça a pu fonctionner.

Si on aime le caca boudin, moi j'ai rien à y redire (mon chien aime Les crottes de chat, par exemple, et il ne se prive pas d'aller à la litière si on lui en offre l'occasion). Les goûts et les couleurs, hein...

Mais par contre, faut pas essayer de faire passer les vessies pour des lanternes et tenter de laisser croire qu'on vient de découvrir le chef-d'œuvre du siècle. Non. Il suffit de dire : "c'est du caca, mais j'aime bien".

Le Mongolorien
30/04/2022 à 19:44

Me suis encore endormi devant le premier épisode, je fais une 3è tentative mais...

La purge
30/04/2022 à 18:12

Je viens de finir le 1er épisode. On croirait que la série date d'il y a 20 ans :
Photographie dégueulasse, costumes et certains décors dignent d'un cosplay, effets spéciaux très inégaux.

Mais où est passé le budget?

Pi
30/04/2022 à 14:43

Bon, je viens de voir l'épisode 6 et clairement la série vient de prendre un tournant.
c'est beaucoup plus intriguant, il y a de vrais enjeux dramatiques, c'est bien plus nerveux et la mise-en-scène est vraiment montée de plusieurs crans, alors que l'ensemble de l'épisode se passe en intérieur - à part la scène du voyage dans l'artefefact. D'ailleurs concernant le voyage, les nappes de synthés façon Vangelis sont de toute bautay dans cette séquence.

Peut-être que j'ai trouvé l'épisode vraiment bon parce qu'on nous épargne les intrigues secondaires à base de personnages adolescents énervants qui veulent absolument faire la révolution face à un méchant en carton-pâte et avec comme allié un pirate au grand coeur vu cent fois ailleurs. Il y a aussi moins de flashback qui cassent le rythme.

Si ça continu sur cette lancée ça risque d'être vraiment intéressant.

Nobody1001
30/04/2022 à 11:32

Dans l'ensemble je l'ai trouvé plutôt bonne cette série. Effectivement plein de référence à d'autre univers, star wars, balade runner, terminator, robocop, intrigue plotique etc... Mais pourquoi ce privé de bonne idée. Juste j'ai trouvé parfois qu'il y avait des longueurs et oui ces décors un poil tristoune, mais parfois rehaussé par un trucage réussi, comme l'implantation de la base du l'UNSC sur madrigal.
Perso je la conseil. Et j'attends maintenant la suite pour voir si l'essai sera transformé ou non.

Joelegeek76
29/04/2022 à 23:21

Pour l'instant je kiff la série est énorme

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