Cowboy Bebop sur Netflix : pourquoi l'anime reste totalement culte et incontournable, en 5 raisons

Elliot Amor | 21 octobre 2021
Elliot Amor | 21 octobre 2021

Après plus de deux ans d'absence sur la plateforme et un mois avant l'arrivée de l'adaptation en prise de vue réelle, l'anime Cowboy Bebop fait son retour sur Netflix. C'est l'occasion de vous dire, en cinq raisons et sans spoiler, pourquoi nous aimons cette série avec l'amour qu'elle mérite.

 

Spike et FayeLes pauses clopes chez Ecran Large

 

L'animation n'a pas pris une ride

Quand on (re)regarde une série animée des années 1990, peu importe le pays d'origine, on ne s'attend pas forcément à ce que l'animation soit au niveau de ce qu'on a de nos jours. Bien sûr, il faut savoir tenir compte de l'époque à laquelle est faite une œuvre avant de juger quoi que ce soit. C'est pour ça qu'on peut trouver l'animation dans une série comme Albator, le corsaire de l'espace magnifique. Mais dans le cas de Cowboy Bebop, qui date de 1998, l'anime du studio Sunrise n'a nullement besoin de notre indulgence de spectateurs du 21e siècle.

Un peu oublié aujourd'hui, Sunrise a longtemps été un studio vedette à l'origine de nombreux animes qui nous sont chers. On pense évidemment à City Hunter et à plein d'animes avec des mechas tels que Vision d'Escaflowne et la saga Mobile Suite Gundam. Et lorsque le projet Cowboy Bebop arrive dans les locaux, l'anime va s'avérer être un tremplin pour la carrière d'un animateur aujourd'hui mondialement reconnu : Yutaka Nakamura.

 

Cowboy Bebop GIFLa bonne bagarre

 

Nakamura s'est très vite fait remarquer en tant qu'animateur sur la série Neon Genesis Evangelion dans les années 1990. Mais c'est avec les douze épisodes de Cowboy Bebop qu'il a animés que son talent a commencé à changer le monde de l'animation. La fluidité des combats est encore aujourd'hui un plaisir pour la rétine qui continue d'influencer les réalisateurs et animateurs du monde entier. D'ailleurs, saviez-vous que Nakamura a inventé la technique d'animation appelée Yutapon Cubes ? Ça consiste à faire des débris en forme de cubes quand le décor est détruit. Vous avez forcément déjà vu ça.

Et il n'y a pas que les combats à la Bruce Lee dont on vante l'animation, l'anime nous offre également des scènes de poursuites et de fusillades qui impliquent des véhicules. Le Bebop de Jet, le Swordfish de Spike et le Red Tail de Faye ont tous les trois d'importants rôles dans la plupart des épisodes. Ces destriers métalliques voltigent durant (presque) toute la série lors de séquences parfois contemplatives, parfois pleines de tension dramatique qui rappellent à quel point les épisodes sont bien montés et réalisés.

 

photoCe bon vieux Swordfish II

 

C'est drôle alors que c'est triste

Dès l'épisode 1, l'anime veut nous faire comprendre que Spike Spiegel, le mystérieux protagoniste, a un passé trouble. Et paradoxalement, le mystère s'épaissit à mesure qu'on a de nouvelles informations sur son passé avec Julia et Vicious, le principal antagoniste. Spike est un personnage nonchalant et un peu blagueur qui cache une histoire triste et sanglante. Une recette peut-être héritée de City Hunter avec Ryô Saeba et qui a peut-être donné des idées au développement de Kakashi dans Naruto.

Les autres membres de l'équipage du Bebop en ont également vu des vertes et des pas mûres. Jet Black, le capitaine, cherche à oublier son passé sur Ganymède où sa fiancée l'a quitté et où ses collègues l'ont trahi. Faye se réfugie dans l'escroquerie, les jeux d'argent et l'alcool pour compenser sa solitude. Ed, le personnage androgyne de la série, est une enfant qui cherche une famille au sein de l'équipage, mais ce n'est pas évident avec trois chasseurs de primes dépressifs qui ont une fâcheuse tendance à rejeter autrui. Heureuse qu'il y a Ein le corgi.

 

photoFilm noir

 

En plus de ces backstories pas très roses, Cowboy Bebop dépeint un futur pas si lointain et pas si optimiste que ça. Nous sommes en 2071 et, certes, l'humanité a conquis le système solaire, mais les injustices sociales semblent encore plus importantes que dans les années 1990. Pour couronner le tout, la planète Terre est en proie aux pluies de météorites.

L'anime nous parle de corruption, de trafic de drogue, de prostitution, de solitude (et tout ce qui va avec), de maladies, de fanatisme... Cowboy Bebop est également une série plutôt cruelle avec ses personnages secondaires qui ont tendance à mourir ou à tout perdre à la fin des épisodes. Oui, il y a plein de choses à raconter en 26 épisodes, certaines séries Netflix devraient en prendre de la graine.

Et pourtant, malgré toute cette noirceur et cette maturité, la série est super drôle. On a affaire à un anime qui n'oublie pas son format et qui ne se prive pas de gags burlesques dans des situations sérieuses. À ce niveau-là, Cowboy Bebop a en effet beaucoup de ressemblances avec Trigun, un anime de Madhouse qui a démarré à la même époque. Les deux séries appartiennent plus ou moins au sous-genre space western et mettent en scène des protagonistes qui fuient leurs passés en étant rigolos.

 

photoDonne-nous ton goûter.

 

Chaque épisode est un film

La plupart des épisodes de Cowboy Bebop n'ont pas ce côté feuilleton qui nous impose d'avoir vu tout le reste de la série pour comprendre les enjeux. Ce n'est ni une qualité ni un défaut, mais on peut donc apprécier presque tous les épisodes en les regardant dans le désordre, c'est un peu comme regarder Friends, mais dans l'espace. Même le long métrage Cowboy Bebop: Knockin' on Heaven's Door voit son intrigue se dérouler au milieu (ou plutôt vers la fin) de la série.

Et on sent que le scénariste Keiko Nobumoto (à qui on doit notamment Tokyo Godfathers de Satoshi Kon) a envie de s'amuser avec les nombreuses références plus ou moins subtiles au septième art. Certains épisodes font référence au cinéma d'horreur, l'un est un total mélange entre The Thing et Alien, un autre se veut un thriller inspiré par les films de ces bons vieux Jean-Luc Godard et Terry Gilliam (oui oui, on sait qu'ils n'ont rien à voir) dans un décor évoquant Gotham City.

Il ne faut bien sûr pas oublier qu'on a affaire à un space western, les influences majeures devraient donc être logiquement le space opera ou... le western. Alors oui, mais pas tant que ça. Les scènes de voltige dans l'espace faisant penser à la saga Star Wars sont en effet nombreuses ; mais en ce qui concerne les duels de cow-boys, on n'en a pas tant que ça. D'ailleurs, la série n'oublie pas que les plus grands westerns ont été inspirés par le cinéma d'Akira Kurosawa, c'est ce que nous rappelle l'épisode 22 avec le personnage d'Andy qui se prend pour un cow-boy et qui décide finalement d'opter pour le style samouraï à la fin de l'épisode. See you space samurai...

 

photoPierrot le fou

 

C'est une expérience musicale unique

Le bebop est un genre de jazz dont les morceaux, au tempo plus rapide que le jazz classique, ont pour particularité d'être joués avant d'être écrits. Apparu dans les années 1940, le genre a amené une vague de liberté dans le monde du jazz, car les artistes s'autorisaient à former des petits groupes, ce qui était très rarement le cas auparavant. 

À la fin des années 1990, un groupe de jazz est formé pour mener à bien la création de la bande originale de Cowboy Bebop. La compositrice prodigieuse Yoko Kanno est à quelques mois de devenir une musicienne incontournable dans le monde de l'animation japonaise, elle fonde et dirige le groupe The Seatbelts, composé d'artistes tokyoïtes, new-yorkais et parisiens, trois villes où le jazz s'est installé et dont il n'est jamais parti.

Il est amusant de remarquer que la série est à l'image du bebop : agitée, révolutionnaire, ne connaît aucune frontière et peu s'apprécier n'importe où, n'importe quand, plusieurs fois. Et les musiques des Seatbelts sont à l'image des personnages qui, comme les membres du groupe, viennent de tout horizon : Spike vient de Mars, Jet de Ganymède, Faye et Ed de la Terre.

 

photo« Ah ouais, t'es fan de Cowboy Bebop ? Fais voir ton vinyle des Seatbelts »

 

Au sein des Seatbelts, on retrouve le guitariste français Pierre Bensusan dont le style fait voyager toute personne qui l'écoute. Grâce à lui, une simple course poursuite peut devenir ultra contemplative et mélancolique (oui on pense à l'épisode 10), ce n'est qu'un exemple pour montrer que la musique occupe une place extrêmement importante dans l'anime. Vous voulez d'autres exemples ? Le samouraï qui se dirige à cheval vers l'horizon, le réveil de Faye lorsqu'elle rencontre Matsumoto, le générique de fin qui nous relaxe après chaque épisode, Spike écoutant Gren lui parler de Julia, le morceau Blue quand le protagoniste trébuche dans les escaliers à la fin de la série...

Avec la bande originale de Cowboy Bebop, Yoko Kanno a prouvé qu'elle était capable de tout faire. Qu'il s'agisse de plusieurs styles de jazz, de musique symphonique, classique, de rock, de country... La fondatrice des Seatbelts ne nous déçoit jamais. Le groupe a d'ailleurs continué de sortir des albums plusieurs années après la diffusion de la série, il s'est même reformé lors du premier confinement de 2020. Kanno est encore aujourd'hui considérée comme la compositrice favorite du réalisateur Shinichirô Watanabe.

 

 

Vous connaissez Shinichirô Watanabe ?

Plus tôt dans l'article, nous avons évoqué Yutaka Nakamura, Keiko Nobumoto et Yoko Kanno qui ont tous les trois connu de belles carrières après Cowboy Bebop, mais nous avons gardé le meilleur pour la fin. Le réalisateur de la série et du film n'est autre que l'illustre Shinichirô Watanabe, un artiste dont les idées dépassent les frontières de l'anime japonais classique. Sa mise en scène s'adresse autant aux otakus qu'aux personnes ne s'intéressant pas vraiment à l'animation japonaise. Pour preuve, on connaît tous quelqu'un qui ne regarde pas ou peu d'animes (peut-être vous qui lisez cet article), mais qui est quand même capable de citer Cowboy Bebop.

Adulé par le public américain, Watanabe a eu l'occasion de réaliser des épisodes de la série Animatrix commandée par Warner Bros. en 2003. Il a ensuite réalisé Samurai Champloo sa deuxième série phare, parfois encore plus appréciée que Cowboy Bebop. Ses animes visitent tous des époques, des thématiques et des cultures différentes. Champloo mélange samouraïs et ronins de l'époque Edo à la culture hip-hop des années 1990, Terror In Resonance ressemble à un film d'Europe du Nord qui s'adresse à la jeunesse japonaise, Space Dandy est un bijou de science-fiction qui encense et parodie le genre, etc.

 

photoComment oublier ces deux-là ?

 

En ajoutant Kids on the slope et Carole and Tuesday, on ne peut pas passer à côté de l'importance que Watanabe accorde aux musiques dans chacune de ses créations. Et ce style a été en partie influencé par le cinéma américain, notamment un chef-d'œuvre de science-fiction des années 1980 : Blade Runner. Autant dire que le maître n'a pas hésité une seconde lorsque Denis Villeneuve lui a proposé de réaliser le court métrage Black Out 2022, qui est un quart d'heure de bonheur pour tout fan de SF et d'animation. Dommage que la série Blade Runner: Black Lotus, que Watanabe produit et qui est prévue pour fin 2021, soit animée en 3D. On a peur.

Tout ça pour dire que l'anime Cowboy Bebop porte en lui un héritage inoubliable qui réconcilie plusieurs arts de différentes cultures. C'est une œuvre qui se suffit à elle-même, qui n'aura jamais besoin de suite ou de remake et qui s'apprécie toujours après le quatorzième visionnage. Et quand on voit le générique de la série en live action, on comprend très clairement que l'adaptation va être un copié-collé qui a déjà peur de vexer les fans... Mais qui va quand même vexer les fans parce que de toute façon ça a l'air moche et fade.

Cowboy Bebop est de retour sur Netflix depuis ce 21 octobre 2021

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commentaires
Marc
22/10/2021 à 05:01

COWBOY BEPOP en un seul mot cultissime .

Metuxla
21/10/2021 à 19:39

Pas mieux

GarlickJr
21/10/2021 à 18:45

Entièrement d’accord avec ce qui a été dit. Œuvre parfaite et c’est extrêmement rare. Aucun épisode n’est loupé. Il y a toujours ce mélange de mélancolie, d’humour et d’action avec un OST sublime. La fin est exceptionnelle.

ttopaloff
21/10/2021 à 18:01

L'une des rares œuvres absolument parfaite, avec zéro défaut, dans le club restreint des Band of Brothers, Les Soprano, Heat...

Sergio
21/10/2021 à 14:32

Je ne suis pas un grand fan de séries animée type manga, mais celle ci avec sa soeur Samourai Champloo sont tellement parfaite que c'est toujours un grand plaisir de si replonger !

T.
21/10/2021 à 13:38

Article sympa même si je suis loin de partager l'enthousiasme de l'auteur pour cette série animé qui je trouve n'a aucune identité et s'inspire de pleins de choses à droite à gauche sans jamais trouver son propre chemin.
Ajoutez à ça des personnages stéréotypés et superficiels et un format "un épisode = une histoire" que je déteste (comme la majorité des cop shows) et j'ai décroché rapidement.

J'avais essayé Samourai Champloo du même créateur mais de même j'ai décroché très rapidement tant c'est similaire dans le fond...