Vikings saison 5 : entre surprises et déceptions, que vaut la dernière saison du Game Of Thrones d’History Channel ?

Prescilia Correnti | 7 février 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Prescilia Correnti | 7 février 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Vingt épisodes, plus d’un an de diffusion, des meurtres, des trahisons, des soulèvements et des alliances. Retour sur la saison 5 de Vikings, pour le meilleur et pour le pire. 

Regarder Vikings, c’est un peu comme une promesse de mariage. On sait de prime abord qu’on ne se quittera jamais, du moins pas avant la fin de la série, à la sixième saison. On sait qu’on va aimer, adorer, jubiler même. Mais, on sait aussi qu’on va détester ou ne pas apprécier certaines intrigues parfois trop longues et mollassonnes compte tenu du rythme dynamique de l’intrigue principale. Pourtant, malgré les hauts et les bas en fonction des épisodes, on est toujours là. Au final, cette cinquième saison, elle valait le coup ? 

ATTENTION SPOILERS !

 

 

UNE AFFAIRE DE RELIGION 

Dans Vikings, il y a un thème récurrent que Michael Hirst, le créateur de la série, aime explorer jusqu’à sa limite. Elle est commune à bon nombre de personnages depuis le début de la diffusion et prend une place particulièrement importante au cours de cette dernière saison. Vous l’avez : il s’agit bien de la religion. Que ce soit au travers du christianisme du côté des Wessex ou de la culture nordique auprès des Vikings, la religion devient un moteur pour une grande partie des protagonistes. 

En premier : Floki. L’ancien constructeur de bateaux grandiose et charismatique devient au fur et à mesure des épisodes une larve dépourvue de tout intérêt et de fascination. Exécrable, mou, lent, le personnage de Gustaf Skarsgård a largement contribué aux déceptions de cette cinquième saison. Son intrigue a ennuyé tout au long de la série pour finalement devenir intéressante uniquement lors des derniers épisodes. Pour mieux comprendre, on vous conseille de jeter un oeil à l’épisode 19.

 

photo, Gustaf SkarsgårdUne belle dualité

 

Néanmoins, ce serait malhonnête de notre part de nier que Floki incarne au mieux la lutte émotionnelle entre la spiritualité et l’individu que cherche à faire exploser Michael Hirst. 

L’autre protagoniste mis en avant dans sa quête de remise en question c’est aussi Hvitserk (Marco Ilsø). Le grand fantôme de cette saison qui a pris de plus en plus d’ampleur au fil des derniers épisodes, ce qui est bien dommage compte tenu de la capacité incroyable du personnage à nous emporter dans ses tourments mélancoliques.

Alors que le jeune frère se lamente quotidiennement sur les raisons qui l’ont poussées à rejoindre son cadet psychopathe Ivar, la trouvaille d’un petit objet de culte lui a ouvert d’autres voies spirituelles. Partagé entre son amour pour la religion viking et sa nouvelle curiosité pour le dieu Bouddha, Hvisterk diverge pour finalement trouver son destin : tuer Ivar aux côtés de Björn. Un coup des dieux sûrement. Lequel prend fin lors de l’épisode final, lorsqu’Hvitserk lâche symboliquement la petite statuette sur le champ de bataille. 

 

photoUne revanche bien méritée

 

Notons aussi que la religion n’a pas seulement été le moteur d’une remise en question personnelle mais qu’elle a aussi contribué à la diplomatie et à une quête de paix entre les deux mondes. Dans l’intrigue de Ubbe (Jordan Patrick Smith), Torvi (Georgia Hirst), Lagertha et Björn, les vikings sont confrontés à un choix sur les terres du Wessex. S’ils désirent s’installer et vivre ici, il faut prêter serment à la religion chrétienne.

Chose que réfute immédiatement Björn (Alexander Ludwig), mais qu’accepte Ubbe. Ici la religion sera un prétexte. le viking ne renie jamais officiellement sa vraie culture mais fait croire l’inverse pour le bien de la communauté (épisode 19). Et parfois, quand aucune religion ne nous plaît, il suffit de créer son propre culte…

 

photo, Alex Høgh Andersen"Mais quelle merveilleuse idée" 

 

LA NAISSANCE D’UN DIEU 

L’un des gros points de convergence de cette série est encore une fois la convoitise autour du trône de Kattegat, et par conséquent la volonté d’abattre celui qui porte la couronne. En bref : détrôner le roi auto-proclamé Ivar, le Désossée.

En parlant du loup, on ne peut qu’applaudir la performance d’Alex Høgh Andersen devenu l’un des piliers de cette nouvelle saison. Car oui, après la mort tragique de Ragnar Lothbrok (Travis Fimmel), il fallait bien trouver un nouveau personnage tout aussi charismatique (ou presque) qui puisse emporter les foules avec lui. S’il ne répond peut-être pas à toutes les attentes des spectateurs, il aura au moins le mérite d’être idolâtrer et/ou craint par son peuple.

Le fait est qu’Ivar est terriblement impressionnant durant la première partie de saison 5, puis dôté d’un ventre mou à faire pâlir les morts durant une grande partie de la saison 5B, avant de finalement retrouver toute sa splendeur. 

 

photo, Alex Høgh AndersenToujours une longueur d'avance

 

Ivar est un antagoniste magnifique rempli d’une dualité incroyable, oscillant entre le Bien et le Mal. Michael Hirst se plaît à torturer son personnage de long en large. Après l’avoir fait bataillé pour obtenir le royaume de Kattegat, le metteur en scène offre à l’antagoniste une femme, Freydis (Alicia Agneson). Pendant quelques épisodes on pourrait croire que tout se passe bien jusqu’au final apocalyptique et grisant où Freydis donne naissance à son fils : un monstre.

Alors dans un élan de colère, de dégoût et d’humiliation, Ivar décide de commettre l’irréparable. Ironiquement, l’homme infirme voit en son fils handicapé une menace pour sa propre divinité et décide de s’en séparer. Il n’a aucune peine à tuer quiconque s’oppose à son règne : des traîtres, des rebelles, son enfant, sa femme

Ivar gagne en grandeur et en éloquence, surtout vers les derniers épisodes, lorsqu’il prend enfin la décision de bouger de son lit et de préparer la guerre qui les attend. Selon les dires du roi Olaf, Ivar est une "force de la nature", une machine de guerre, un stratège inégalable. Il ne reste plus qu’à attendre comment il va évoluer au cours de la dernière saison. 

 

photo, Alex Høgh AndersenLaquais, ton roi à soif

 

LA FIN D’UNE GÉNÉRATION

Selon les dernières nouvelles, la saison 6 de Vikings sera la dernière du show, il paraît donc évident qu’il faut éradiquer le plus de personnages de l’intrigue. Après la première mort "tragique", celle de l’évêque Bishop (Jonathan Rhys Meyers), c’est au tour de l’ex-amante et nouvelle épouse du roi Harald, Astrid (Josefin Asplund), de périr dans la bataille. 

Quelques épisodes plus tard, c’est finalement la reine-mère Judith (Jennie Jacques) qui succombe de sa maladie, et désormais la question se pose autour de deux personnages majeurs : Floki et Harald ? Le constructeur a-t-il pu périr dans l’éboulement de sa grotte tout comme le roi dans la dernière bataille de Kattegat ? La prochaine saison nous apportera la réponse. 

 

photo, Jennie JacquesMarquée par la maladie

 

Le fait est que l’ancienne génération disparaît. Seul vestige de cet ancien temps, époque glorieuse des plus belles heures de Vikings ? Lagertha (Katheryn Winnick).

Si elle est encore vivante (pour l’instant), elle n’est désormais plus que l’ombre d’elle-même. Son flashback durant la scène de combat, montrant qu'elle quitte le champ de bataille pleine de sang, enlevant une partie de son armure et de son bouclier prouve bien qu’elle en a terminé avec son rôle de guerrière et qu’elle compte finir sa vie tranquillement dans le royaume de Kattegat qui appartient désormais à son fils Björn.

Ce message est d’autant plus frappant lorsque la vieille sorcière coupe les cheveux de la viking pour les jeter au feu en lui disant que son ancienne vie est morte et qu’elle doit l’oublier. Une manière symbolique de tourner définitivement la page sur sa carrière de guerrière légendaire.

 

photo, Katheryn WinnickUne guerrière fatiguée de combattre

 

UNE PATTE ESTHÉTIQUE 

Comment terminer ce dossier de Vikings sans dire un mot sur l’esthétique de la série de plus en plus maîtrisée ? 

En vrai orfèvre, Michael Hirst s’applique de plus en plus à nous fournir des épisodes d'une grande beauté. Entre la richesse des paysages, qu’ils soient accueillants comme les Landes de la Scandinavie ou abruptes et sauvages comme les terres de Floki, ainsi que les combats à couper le sifflet, Vikings est clairement un show majestueux. 

Au travers de ses plans léchés, très bien cadrés, et de ses gros plans mettant l’accent sur la violence des combats et les mimiques des guerriers, Michael Hirst parvient sans mal à nous propulser avec lui dans les scènes d’affrontements. Chaque couleur est utilisée avec intelligence comme la scène de duel entre Ubbe et le roi Danois où Torvi se revêt de rouge afin d’être un repère visuel pour son bien-aimé. Bref, c’est beau et ça nous plait.

 

Photo Alexander LudwigPosé avec mon épée et ma hache

 

Au final cette saison 5 de Vikings est à l'image d'un couteau en dent de scie. Oscillant entre le bon, voire le très bon par moment, elle se vautre lamentablement au cours de quelques intrigues. Néanmoins, elle reste toujours aussi prenante et passionnante, explorant avec finesse les schismes politiques et intimistes. Il ne reste plus qu'à attendre la conclusion finale.

 

Affiche officielle

 

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commentaires
Renaud Farlotti
14/02/2019 à 00:23

Ce qui est frustrant avec Vikings, c'est que comme vous dites cette série est capable du meilleur comme du pire, et que dans les deux cas Hirst peut aller très très loin. Malgré tout, on continue de regarder parce que quelques-uns des personnages sont très attachant.
Cependant, cette saison 5 cristallise tous les points faibles fort de la série, et c'est bête. D'un côté, on a l'impressionnant antagonisme entre Ivar et l'évêque Headmund (qui était devenu l'un des personnages les plus intéressants de la série alors même qu'il était apparu en début de saison), ou encore les mouvements politiques de Judith qui montre une évolution impressionnante depuis ses débuts ingénus dans la série. Et puis de l'autre côté, on a des personnages qui rentrent et sortent de l'intrigue sans que la série ait l'air de savoir quoi en faire, des héros aux comportement souvent farfelus ou stupides, des armées qui se téléportent ou qui attendent sagement que l'ennemi reçoive des renforts, et des intrigues absurdes qui traînent en longueur.
Par ailleurs, sur le plan technique, j'en garde le goût douloureux d'une saison montée avec les pieds, et parfois un réel mépris de sa propre intrigue et du spectateur. Nombres de séquences porteuses de sens, ou au potentiel esthétique fort (le sauna, l'établissement des vikings en Est Anglie et le rapport de ceux-ci à la terre fertile) sont sous-exploitées et perdent en impact pour être éparpillée au cours d'un épisode afin d'en maintenir le rythme frénétique plutôt que de prendre le temps d'installer une ambiance forte. La séquence de Floki dans la montagne, par exemple, aurait pu être magnifique et rendre toute sa grandeur au personnage si elle n'avait pas été littéralement disséquée, intervenant à tord et à travers pour retarder le début d'un combat, puis délivrant des fragments par-ci par là jusqu'à son final. J'aurais préféré de loin que cette saison fasse le choix plus risqué de présenter des séquences en blocs cohérents, et plus nettement découpés, quitte a avoir des épisodes entiers sur certains personnages au détriment des autres (en plus comme ça on aurait eu un seul épisode sur le peu de choses que Floki avait à dire).
Si la saison 4 avait laissé croire que Hirst n'avait plus rien à dire de bien intéressant (hormis une conclusion parfaitement ouvragée de l'intrigue dans le Wessex et de la relation Ragnar-Eckbert), cette saison 5 nous montre qu'il a quand même bien du mal à gérer tous ses personnages, et que la mort d'un protagoniste important peut lui servir aussi bien à magnifier une bataille qu'à faire le tri dans ce trop-plein de monde.